La Covid 19 vient de se convertir au multilatéralisme. La première vague était, avouons-le, résolument populiste. Donald Trump, Jair Bolsorano, Boris Johnson frappés tour à tour. Nos médias bienveillants n’ont pu s’empêcher de ricaner sur ces « machos » punis par là où ils avaient péché, une certaine indifférence virile devant le virus. La deuxième vague s’annonce démocratique et donc encore plus politiquement correcte. Et, fierté supplémentaire, c’est la France qui « donne le la ».
« C’est toute l’Europe qui redoute de tousser »
Macron positif et c’est toute l’Europe qui redoute de tousser. Il n’y a plus de Pyrénées, encore une frontière inutile, puisque les Premiers ministres espagnols et portugais doivent se confiner pour avoir approché Jupiter de trop près. Le problème du multilatéralisme, c’est qu’il multiplie surtout les contacts des décideurs et dirigeants. Et voila tous les participants du dernier conseil européen à Bruxelles qui se sentent menacés. C’est que bien sûr, on adopte devant les caméras les gestes barrières, mais ensuite il y a les repas et les apartés. Et c’est pire encore pour l’Elysée. L’inquiétude monte au fil des heures dans le petit monde politico-médiatique. Le sommet de l’État va-t-il devenir un « cluster » ?
Conséquence immédiate de l’annonce de la contamination du président, le Premier ministre Jean Castex « se place à l’isolement » et n’ira pas au Sénat où il devait présenter le plan de vaccination du gouvernement. Décidément, il a toujours un temps de retard. Le président de l’Assemblée nationale Richard Ferrand (LREM), « cas contact », s’est lui aussi isolé ainsi que le grand mamamouchi Bayrou et le ministre des Relations avec le Parlement Marc Fesneau (MoDem), qui a vu à plusieurs reprises le chef de l’État cette semaine, notamment lundi avec la Convention citoyenne pour le climat.
Certains présidents de groupes politiques comme Valérie Rabault (PS) ou Olivier Becht (Agir ensemble) qui, comme le président de l’Assemblée nationale, ont déjeuné le 15 décembre avec le chef de l’Etat, ont annulé leurs rendez-vous ou se sont isolés, ont indiqué des sources parlementaires.
Un dîner et des questions
Le Point révèle que le chef de l’Etat avait organisé un dîner politique avec plusieurs cadres de LREM. Si ces derniers sont désormais cas contact, ce sont surtout les modalités de ce repas qui posent problème : ils étaient neuf réunis autour du chef de l’Etat, alors même que le Premier ministre et les autorités sanitaires préconisent un nombre maximum de six par tablée pour limiter les contaminations. Et l’événement a duré jusqu’à minuit et demi, malgré le couvre-feu en vigueur de 20 heures à 6 heures. Au même moment, une nouvelle étude de l’Institut Pasteur relayée par Europe 1 est en effet sortie, affirmant que « les repas jouent un rôle central dans les contaminations hors du foyer ». Une enquête étayée dont les participants au dîner avaient connaissance, puisque le gouvernement s’est appuyé dessus pour prendre ses décisions liées au Covid-19 et demander aux Français d’être raisonnables ! « Dès lors, l’incohérence entre les mesures drastiques imposées aux Français et les passe-droits que s’octroie le sommet de l’Etat risque de faire jaser. D’autant plus à l’approche de fêtes de fin d’année en partie gâchées par la pandémie » souligne à juste tire Valeurs Actuelles.
Déjà qu’on n’avait pas confiance ! Alors, soit ils ne sont pas raisonnables, arroseurs arrosés, soit c’est pire : ils savent que leurs consignes ne sont pas efficaces et donc ne les suivent pas. Tout ça permet de tenir en laisse le bon peuple et de se mettre à l abri de toutes accusations de légèreté dans le traitement de la crise. Mais la légèreté est ailleurs, elle est dans le comportement de ceux qui devraient donner l’exemple et qui ne le donnent pas, bien au contraire.
Macron voulait jouer le sauveur de la crise sanitaire pour mettre sur orbite sa candidature pour un deuxième mandat. Ce petit pépin de santé, dont on espère qu’il sera sans conséquences pour lui, risque tout de même de fragiliser son image de Monsieur Sécurité sanitaire.
La France fait mieux que tout le monde maintenant, nous dit-on à longueurs d’infos. La France, mais pas son président.
Pierre Boisguilbert
19/12/2020
Source : Correspondance Polémia
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