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L’Institut ILIADE s’expose : Fiat lux plutôt que Fiac luxe

L’Institut ILIADE s’expose : Fiat lux plutôt que Fiac luxe

par | 28 août 2019 | Société

Romain Petitjean, en charge de la coordination et du développement de l’Institut Iliade, présente l’exposition Renaissance(s) dans un entretien réalisé par François Bousquet pour le numéro 179 d’Eléments.


Elé­ments : Pour­quoi une expo­si­tion ?

Romain Petit­jean : Le pro­jet d’une carte blanche artis­tique a émer­gé il y a cinq ans au sein de l’Institut Iliade. Ce sont des dizaines d’artistes, tou­jours plus nom­breux chaque année, prin­ci­pa­le­ment ama­teurs, sen­sibles à notre vision du monde, qui se sont amu­sés à illus­trer les dif­fé­rents thèmes de nos col­loques. Le temps était venu d’exposer une sélec­tion des meilleures réa­li­sa­tions en plein cœur de Paris. Ce sera éga­le­ment l’occasion de décou­vrir les œuvres ori­gi­nales créées sur le thème « Renaissance(s) », ou celles d’artistes invi­tés comme les por­traits réa­li­sés par Jacques Ter­pant.

Elé­ments : Ça sera un salon des refu­sés ?

Romain Petit­jean : Plu­tôt celui des enra­ci­nés. Les thèmes abor­dés ne sont pas très en vogue au sein des habi­tuelles cote­ries qui agitent le monde de l’art contem­po­rain.

Exposition Renaissance(s)Elé­ments : Pour­quoi les beaux-arts sont-ils le parent pauvre du com­bat cultu­rel ?

Romain Petit­jean : Tout l’enjeu est d’éviter d’avoir des mili­tants poli­tiques qui manient le pin­ceau (comme ils ont pu grat­ter la gui­tare ou prendre la plume), mais d’avoir de véri­tables artistes, cou­ra­geux, dont les créa­tions entrent en réso­nance avec notre vision du monde et notre com­bat poli­tique.

Elé­ments : Quels sont vos modèles ?

Romain Petit­jean : Je peux en citer deux : Camille Saint-Saëns (1835–1921), pia­niste, orga­niste, célèbre com­po­si­teur fran­çais du Car­na­val des ani­maux, qui offrit l’opéra Déja­nire (1898) à la ville de Béziers dont le théâtre des Arènes fut pen­dant un temps sur­nom­mé la « Bay­reuth fran­çaise » par le milieu artis­tique. Ain­si Saint-Saëns illustre-t-il la façon dont un artiste, dans tout son génie, s’inscrit au milieu de la cité et du peuple.

L’autre modèle, c’est Chris­tophe Char­bon­nel, un sculp­teur contem­po­rain dont j’ai décou­vert par hasard les œuvres monu­men­tales, trai­tant notam­ment des grands mythes euro­péens. Artiste issu de l’école Duper­ré, il pra­tique le mode­lage depuis une ving­taine d’années. On retrouve dans ses sculp­tures son admi­ra­tion pour l’Antiquité : figure hié­ra­tique, ligne épu­rée, mode­lé pré­cis et ner­veux. Char­bon­nel renoue ain­si avec l’art des grands Anciens. Il a com­pris que le poète n’est que le pas­seur d’une Beau­té et d’une Tra­di­tion venues du fond des âges.

Elé­ments : Fiat lux ou Fiac luxe ?

Romain Petit­jean : Indé­nia­ble­ment la lumière plu­tôt que les ténèbres de l’escroquerie de l’art contem­po­rain qu’est la Fiac. On peut se deman­der ce que la pos­té­ri­té retien­dra d’œuvres aus­si absurdes que le Tree (le fameux « plug anal géant ») de McCar­thy et quelle trace lais­se­ra notre civi­li­sa­tion dans quelques siècles. L’art offi­ciel cache le véri­table art dis­si­dent.

Elé­ments : Figu­ra­tif ou abs­trait ?

Romain Petit­jean : Figu­ra­tif. L’exaltation de l’i­mage est même une reven­di­ca­tion. Entre l’iconoclasme de reli­gions obs­cu­ran­tistes et les délires décons­truc­teurs des uto­pies hors-sol, il faut réaf­fir­mer cette spé­ci­fi­ci­té figu­ra­tive propre à notre civi­li­sa­tion euro­péenne. Nous enten­dons redon­ner sa place à un art arti­cu­lé dont le public pos­sé­de­rait les codes nar­ra­tifs, dont il a été dépos­sé­dé depuis l’avènement du rea­dy-made ducham­pien.

Elé­ments : Pour­quoi Renaissance(s) ? Elle sera sin­gu­lière ou plu­rielle ?

Romain Petit­jean : Plu­rielle évi­dem­ment, comme la vie et la nature flo­ris­sante. Plu­rielle par la varié­té des sujets et des tech­niques uti­li­sées, par la mul­ti­pli­ci­té des démarches entre­prises par ces artistes proches de l’Institut Iliade : cer­tains sont direc­teurs artis­tiques, d’autres simples ama­teurs du dimanche, mais tous sont réunis par l’amour du beau et du juste qui est la rai­son d’être de l’Institut Iliade.

« Je marche dans l’Antiquité la plus reculée. Je veux relier le passé au présent, reprendre le souvenir, juger et arriver à compléter. »

Fai­sons nôtres ces mots de Rodin.

Entretien avec Romain Petitjean réalisé par François Bousquet

Source : Elé­ments n°179, août-sep­tembre 2019

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