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Le criminel sanctuarisé, la victime effacée : le grand déséquilibre de l’ère Badinter

Le criminel sanctuarisé, la victime effacée : le grand déséquilibre de l’ère Badinter

par | 17 septembre 2025 | Société

Le criminel sanctuarisé, la victime effacée : le grand déséquilibre de l’ère Badinter

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L’entrée au Panthéon de Robert Badinter est prévue le 9 octobre prochain, date anniversaire de la promulgation de la loi d’abolition de la peine de mort a été voulue par Emmanuel Macron. Pour Jean-Yves Le Gallou et l’équipe de Polémia, c’est une décision incompréhensible, tant la politique de Robert Badinter fut nocive pour la France. D’ici le 9 octobre, Polémia vous proposera de nombreux articles montrant à quel point Robert Badinter a fait du mal à notre pays, rendant impensable sa panthéonisation. Dans l’article ci-dessous, notre équipe s’intéresse à la sanctuarisation du criminel.
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Victimes et criminels : le flou Badinter

Robert Badinter a relégué les victimes, ou en tout cas certaines, à l’arrière-plan de l’institution judiciaire. Son combat pour les criminels, à travers ses procès, son mandat de ministre et son œuvre, a créé un déséquilibre qui se paie aujourd’hui dans un contexte d’insécurité généralisée en France.
Le délinquant semble sanctuarisé, tandis que la victime s’efface et l’édifice judiciaire voit sa balance pencher considérablement du côté du crime.

Robert Badinter, avocat, ministre de la Justice (1981-1986) et président du Conseil constitutionnel, incarne une vision humanitariste du droit. Son engagement contre la peine de mort, concrétisé par son abolition en 1981, en a fait une véritable icône. Cependant, cet « humanisme » revendiqué par Badinter, centré sur la rédemption du criminel, semble avoir occulté les victimes, reléguées à l’arrière-plan. Si la loi Badinter de 1985 sur les accidents de la route constitue une exception notable en renforçant les droits des victimes, elle ne saurait masquer une tendance générale : dans les combats de Badinter, le criminel est souvent érigé en figure centrale, au détriment de la souffrance des victimes. Cette analyse explore ce paradoxe, en soulignant les contradictions d’un homme qui, tout en défendant l’imprescriptibilité du génocide, a parfois semblé minimiser les victimes des crimes ordinaires.

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La sanctuarisation du criminel : l’inversion des valeurs de Robert Badinter

Les procès marquants de Robert Badinter, comme ceux de Roger Bontems (1972) et Patrick Henry (1977), révèlent une focalisation sur la défense du criminel. Dans l’affaire Bontems, accusé de complicité dans une prise d’otages meurtrière à Clairvaux, maître Badinter plaide pour éviter la guillotine, arguant que son client n’a pas directement tué. Malgré l’échec, cette affaire catalyse son combat abolitionniste. Dans le cas de Patrick Henry, assassin d’un enfant de 7 ans, Badinter transforme le procès en une tribune contre la peine de mort, déclarant : « Guillotiner, c’est couper un homme vivant en deux. » Sa plaidoirie sauve Henry de la peine capitale, mais la victime, Philippe Bertrand, est reléguée à une abstraction. Le tueur d’enfant devient victime d’une société considérée comme injustement répressive et l’enfant mort est évacué dans une démonstration d’inversion des valeurs où le mal est érigé en bien et le bien est tout bonnement nié.
Cette sanctuarisation du criminel, perçu comme une victime de la société, si elle peut s’entendre pour maître Badinter qui défend son client, devient une norme dangereuse dès lors qu’elle est érigée en dogme par le législateur à l’initiative du garde des Sceaux Robert Badinter.
D’une posture légitime dans le cadre de la défense pénale, l’on passe à une idéologie politique qui bouleverse l’équilibre d’une institution dans laquelle la réinsertion du criminel primera désormais sur la reconnaissance de la douleur des victimes.

Les paradoxes de Badinter : la victime à géométrie variable

Badinter lui-même incarne des contradictions. Sa lutte pour l’imprescriptibilité des crimes contre l’humanité, notamment concernant les juifs, montre une sensibilité aiguë pour certaines victimes plus que pour d’autres. En 1979, il signe une tribune dans Le Monde, « Pour le jugement des crimes contre l’humanité », dénonçant les thèses révisionnistes et plaidant pour la justice face aux crimes imprescriptibles. Badinter est ainsi capable de fermeté et, en 1987, durant le procès de Klaus Barbie, il insistera sur la singularité du génocide juif.
Ministre, il promulgue en 1985 une exception à la loi qui interdit depuis 1881 de filmer ou d’enregistrer une audience, puis à partir de 1954 de photographier les scènes d’un procès, déclarant : « Vu l’atrocité des faits et le nombre exceptionnel de victimes, le procès s’annonce historique et médiatique. Ne conserver aucune trace de ce procès pour la mémoire paraît inconcevable. »
Cette attention portée aux victimes de temps passés contraste avec son approche des victimes de crimes ordinaires et présents, souvent éclipsées par son discours sur la rédemption des criminels.
Dans Les Épines et les roses (2011), il reconnaît avoir été perçu comme « le ministre des criminels ». Son obsession pour la réinsertion reflète une croyance en la perfectibilité humaine, mais l’auteur a toujours refusé cette perfectibilité à certains.

Les victimes de la route : une exception dans l’œuvre de Badinter

La loi du 5 juillet 1985, dite loi Badinter, illustre un engagement concret en faveur des victimes d’accidents de la circulation. En instaurant un droit quasi automatique à l’indemnisation pour les piétons, cyclistes, passagers et victimes vulnérables (enfants de moins de 16 ans, personnes de plus de 70 ans), cette loi marque une évolution significative en faveur des victimes d’accidents de la route. Ce texte a répondu à une hécatombe routière avec une quinzaine de milliers de morts sur les routes par an dans les années 1970, en imposant une responsabilité objective des conducteurs de véhicules terrestres à moteur, même en l’absence de faute directe. Cette législation, imposée contre les lobbies des assureurs, a permis de réparer les préjudices subis par les victimes.
Cependant, cette loi se distingue par son cadre spécifique : les accidents de la route, souvent involontaires, diffèrent des crimes intentionnels. Les victimes de la route bénéficient d’une protection renforcée, mais ce régime d’indemnisation contraste avec le traitement des victimes de crimes violents, souvent laissées dans l’ombre des combats de Badinter.

Un déséquilibre durable : la victime reléguée au second plan

L’abolition de la peine de mort, promulguée le 9 octobre 1981, marque l’apogée du combat de Badinter pour les criminels contre les victimes. Mais, comme le souligne le professeur Jean-Louis Harouel, auteur de Libres réflexions sur la peine de mort (2019), elle s’est accompagnée d’un affaiblissement du système pénal, où la disparition de la peine capitale a délégitimé les autres peines, favorisant un laxisme perçu comme générateur d’insécurité.
Les victimes, loin d’être au centre du système judiciaire, se retrouvent souvent seules face aux assureurs ou aux expertises médicales, comme le note la critique des pratiques d’indemnisation sous la loi Badinter elle-même.
Le contraste est frappant : alors que Robert Badinter a su mobiliser les médias pour faire du procès Barbie un moment de pédagogie sur la Shoah, les victimes de crimes violents n’ont pas bénéficié d’une telle visibilité. Outre un parti pris évident du ministre, cette marginalisation reflète une justice qui, sous l’influence de l’humanitarisme, privilégie la réhabilitation du criminel au détriment de la réparation morale et matérielle des victimes.

Rétablir l’équilibre, sortir du paradoxe de Badinter et du laxisme

Robert Badinter a transformé la justice française par son humanitarisme et son éloquence. Son héritage révèle un déséquilibre : en sanctuarisant le criminel comme figure à sauver, il a parfois effacé la victime, sauf dans le cas notable des accidents de la route. Ses contradictions, notamment sur l’imprescriptibilité des crimes contre l’humanité, soulignent le paradoxe de sa pensée.
Ce paradoxe se retrouve dans une société qui choisit ses victimes. Gisèle Pélicot a eu ainsi tous les égards de la presse et le procès de ses violeurs a été entouré d’une attention particulière. Il en va de même pour certaines victimes, celles considérées comme ayant fait l’objet de racisme ou de sexisme. En revanche, des victimes comme Lola ou Thomas à Crépol n’ont pas bénéficié d’une pareille attention.
Pour rétablir l’équilibre, il est impératif de redonner une place centrale aux victimes, non seulement dans les discours, mais dans les mécanismes de la justice, afin que l’humanitarisme de Badinter ne soit pas perçu comme une absolution unilatérale des criminels.

Polémia
17/09/2025

Sources :
L’abolition
, Robert Badinter, 2000
40 ans d’affaires criminelles, Pascal Michel, 2009
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-le-proces-de-patrick-henry
Libres réflexions sur la peine de mort, Jean-Louis Harouel, Desclée de Brouwer, 2019
https://www.museedubarreaudeparis.com/le-proces-buffet-bontems-1972/
https://www.benezra-victimesdelaroute.fr/loi-badinter-indemnisation/

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