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« Le Combat de deux empires » de Oleg Sokolov

« Le Combat de deux empires » de Oleg Sokolov

par | 15 novembre 2012 | Médiathèque

Oleg Sokolov, historien russe de l’épopée napoléonienne, vient de publier aux Éditions Fayard Le Combat de deux empires. La Russie d’Alexandre Ier contre la France de Napoléon – 1805-1812.

Dans Austerlitz : Napoléon, l’Europe et la Russie, publié en janvier 2006, Oleg Sokolov nous avait amenés jusqu’à la bataille d’Austerlitz, dressant une fresque où tous les protagonistes apparaissaient. Sur la période qui suit, entre 1805 et 1812, il se concentre sur la relation particulière que Napoléon a voulue avec la Russie et à laquelle aurait répondu la haine irrationnelle d’Alexandre Ier. Là est le fil conducteur de cet ouvrage de 522 pages.

Oleg Sokolov démontre que depuis son accession au trône en 1801, après l’assassinat de son père Paul Ier, Alexandre a été l’instigateur des coalitions contre la France. Le rôle de l’Angleterre aurait été finalement mineur car sa puissance terrestre ne lui permettait pas l’affrontement décisif contre l’Empire français.

Fidèle à sa méthode d’historien scientifique, Oleg Sokolov étaye sa démarche en recourant à des documents contemporains des événements. Il cite des cartes d’état-major, des lettres, des rapports, etc. Ceci permet de comprendre l’actualité du moment. Il écarte résolument, sauf à démontrer leur inanité, les mémoires post mortem, les analyses rétrospectives et tout ce qui a participé à la fabrication de légendes, qu’elles soient favorables ou non aux protagonistes. De formation scientifique, Oleg Sokolov s’appuie sur des faits incontestables pour étayer ses dires.

Conscient que le résultat de cette démarche est susceptible d’ébranler certaines certitudes bien ancrées, Oleg Sokolov se défend par avance d’avoir envisagé des parallèles avec d’autres périodes de l’histoire. La lecture de son livre fait, bien sûr, penser au gigantesque conflit ayant opposé l’Allemagne nationale-socialiste à la Russie soviétique. Beaucoup d’Allemands restent persuadés qu’eux et leurs alliés ont évité à l’Europe une invasion venue de l’Est. Oleg Sokolov préfère d’emblée étouffer toute récupération en affirmant que « tous les parallèles entre la guerre de 1812 et la guerre de 1941-1945 sont absolument irrecevables ». Cette précaution étant prise, il construit pendant les 509 pages suivantes, sa démonstration de la responsabilité, non pas de la Russie, mais d’Alexandre Ier dans les guerres qualifiées depuis de « napoléoniennes ». A la fin de l’ouvrage, on pourrait se risquer à les qualifier « d’alexandriennes ».

La magnifique traduction de Michèle Kahn a permis de conserver tout à la fois la précision chirurgicale de l’analyse et la dimension épique du texte russe. Bien que parfaitement francophone, Oleg Sokolov a préféré s’adjoindre les services de cette traductrice réputée pour nous conduire jusqu’au bord du Niémen. Là, tout à la fois comme soldat de la Grande Armée et comme lecteur, nous attendrons patiemment l’ordre de le franchir. Un prochain livre, annoncé par l’auteur, devrait bientôt compléter celui-ci.

Frédéric Malaval
14/11/2012

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