« La situation politique apparaît donc sans issue. C’est pourquoi elle devient explosive. »
L’entêtement de François Hollande, le président « inflexible » d’après nos médias de propagande, a porté ses fruits : non seulement la France n’en finit pas de stagner économiquement et socialement, mais en plus la « majorité » se fissure et les critiques fusent au sein même du gouvernement, au point qu’un remaniement s’avère une nouvelle fois nécessaire.
Mais la France n’a plus de cap et la Ve République est en panne.
La France n’est plus gouvernée
La crise est économique mais le gouvernement ne maîtrise plus l’économie, désormais dans les mains de la Banque centrale européenne, de l’Allemagne ou des grandes entreprises mondiales.
Le gouvernement ne maîtrise plus l’immigration non plus, qui est dans la main des juges immigrationnistes, qu’ils soient «européens» ou français.
Le gouvernement ne maîtrise plus la sécurité publique : il s’acharne sur les Français de souche. Mais dès que les «quartiers sensibles», les «jeunes» ou les délinquants multirécidivistes sont en cause, il capitule sous le contrôle vigilant du Syndicat de la magistrature.
En d’autres termes le gouvernement n’a prise sur rien qui importe aux Français.
Un gouvernement de pompiers pyromanes
Le gouvernement qui ne gouverne plus joue les pompiers, sans ligne directrice, pour tenter d’éteindre le feu qui couve partout et qu’il a souvent contribué à alimenter.
Les bonnets rouges se révoltent ? Vite, on va modifier la législation applicable aux poids lourds. Les taxis ne supportent pas la concurrence des voitures avec chauffeur ? Vite, une table ronde. Le ras-le-bol fiscal monte ? Vite, des baisses d’impôts pour les «foyers modestes». Les banlieues prennent parti pour les Palestiniens ? Vite, appelons au cessez-le-feu à Gaza. Les chrétiens d’Orient sont persécutés ? Vite, donnons-leur le statut de réfugiés. Les djihadistes menacent ? Vite, contrôlons Internet.
A défaut de pouvoir agir sur les causes, ce qui supposerait de conduire une politique de la puissance et de la durée, le gouvernement impuissant se trouve soumis à la tyrannie de l’événement, avec pour conséquence que la contestation, l’improvisation et le chaos s’installent à tous les niveaux.
Le gouvernement de l’accessoire
Le gouvernement se trouve enfin réduit à ne s’occuper que de l’accessoire, pour faire croire qu’il gouverne encore.
Il faut dire aussi que la gauche ralliée au néo-capitalisme et au libre-échange fait du «sociétal» à défaut de faire du social.
Un mariage homosexuel par-ci, de la théorie du genre par-là, un zeste de gestation pour autrui, une pincée de téléphone vert contre les violences faites aux femmes, un peu de parité et, pour corser le tout, quelques ouvertures de commerces le dimanche.
Le gouvernement impuissant s’en prend aux mœurs des autochtones à défaut de pouvoir s’attaquer à la décroissance, à la désindustrialisation et au chômage de masse.
En créant de nouvelles fractures politiques autour des réformes «sociétales», il espère aussi cyniquement remobiliser un peuple de gauche qui doute. Mais, hélas, Mme Taubira ne fait rêver que les bobos.
La légitimité en question
Le gouvernement est encore légal mais on commence sérieusement à douter de sa légitimité, compte tenu de son impopularité sans précédent, de son incapacité à choisir et de sa totale et bavarde inefficience.
Comme l’écrit Cécile Duflot, député EELV, dans son livre De l’intérieur/ Voyage au pays de la désillusion (Fayard), «François Hollande passe son temps à fixer des objectifs qu’il ne peut pas tenir. L’effet est dévastateur.»
Mais, au-delà de la peinture de François Hollande, Mme Duflot résume sans le vouloir le drame de la politique française depuis vingt ans : promettre ce que l’on ne peut tenir, faire le contraire de ce que l’on a annoncé.
De fait, les institutions de la Ve République ne fonctionnent plus car elles reposaient à la fois sur la durée, sur la souveraineté nationale et sur l’assentiment populaire. Mais aujourd’hui le temps politique vient à manquer et la coupure entre le président normal et la France réelle est abyssale.
Vers l’implosion du Système
La France ressemble de plus en plus à la IVe République finissante, avec un exécutif déconsidéré tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de nos frontières et un système politique bloqué. Comme sous la IVe République, les gouvernements se succèdent et nos concitoyens ignorent le nom de leurs ministres, quand ils ne les sifflent pas.
La IVe République s’est effondrée en Algérie mais aussi parce que De Gaulle faisait figure de recours à la fois pour la droite et pour la gauche. Mais l’histoire ne repasse pas les plats : la crise est désormais partout et il n’y a plus d’homme providentiel en réserve qui permette une transition sans heurts.
Car la droite parlementaire, empêtrée dans un éternel combat de revenants, ne fait pas figure de recours crédible aujourd’hui, comme le montrent les sondages.
La situation politique apparaît donc sans issue. C’est pourquoi elle devient explosive.
Michel Geoffroy
25/08/2014
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