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La défaite intellectuelle des écologistes français

La défaite intellectuelle des écologistes français

par | 5 décembre 2025 | Société

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La publication simultanée de trois ouvrages, Gagnons ! de Cécile Duflot, Climat, la drôle de guerre de Yannick Jadot et Gagner le combat du Pacte vert de Pascal Canfin, offre un matériau précieux pour comprendre l’état réel de l’écologie politique française. Ces textes, qui se veulent réflexifs, stratégiques ou mobilisateurs, convergent pourtant dans une même incapacité à saisir les raisons profondes de leur propre discrédit. Ils décrivent des symptômes, jamais le diagnostic. Ils parlent d’un monde qu’ils voient mais qu’ils ne comprennent plus.

L’être humain comme sujet à corriger

Ce qui frappe dans ces trois livres n’est pas leur diversité, mais leur homogénéité doctrinale. Tous reposent sur un même postulat : l’être humain n’est pas un organisme inscrit dans un milieu, mais un sujet moral défaillant que l’on doit corriger. Dans Gagnons !, Cécile Duflot ne conçoit la nature que comme légitimation symbolique d’un programme de transformation sociale. Dans Climat, la drôle de guerre, Jadot interprète les résistances populaires comme une forme de renoncement psychologique. Dans Gagner le combat du Pacte vert, Canfin dilue entièrement le vivant dans un dispositif procédural de normes et de gouvernance. Aucun des trois ne considère l’écologie comme science des milieux et des limites. Tous la réduisent à une éthique prescriptive.

Ces ouvrages ont un autre trait commun : ils constatent une défiance massive du public sans jamais envisager qu’elle puisse être rationnelle. Duflot évoque des divisions internes, Jadot une « peur », Canfin une « polarisation », mais aucun ne pose la question centrale, celle de la contradiction structurelle entre leurs prescriptions et le fonctionnement réel des sociétés humaines. Ils exigent des individus une contraction de leurs modes de vie tout en refusant de penser la dynamique démographique, la territorialité, les continuités culturelles ou les limites énergétiques. Cette disjonction entre les normes proposées et les conditions d’existence des peuples constitue pourtant le cœur du rejet qu’ils décrivent.

Effacement du vivant et vision eschatologique

Les trois livres témoignent aussi d’un effacement du vivant en tant qu’objet empirique. La démographie disparaît. Les territoires sont traités comme variables d’ajustement. Les métiers liés à la nature – agriculture, pêche, forêt – ne sont évoqués qu’au prisme de leur « transformation » imposée. Le vivant est omniprésent comme métaphore, absent comme réalité biologique. Cette substitution du réel par un imaginaire normatif illustre ce que Spengler aurait nommé le moment tardif des cultures, lorsque les systèmes symboliques prétendent remplacer les formes de vie.

Enfin, ces textes reconduisent une vision eschatologique du politique. Le climat devient un théâtre moral, le peuple un acteur coupable, l’histoire un processus de purification. Cette théologie laïcisée conduit à une perte de contact avec les sociétés concrètes. Ni Duflot, ni Jadot, ni Canfin ne considèrent les peuples comme des entités vivantes structurées par des héritages, des loyautés, des rythmes. Ils les envisagent comme populations à réassigner. Cette méconnaissance anthropologique est au fondement de leur crise.

Le paradoxe est que cette triple faillite intellectuelle intervient au moment même où la question écologique, réelle, exige une pensée plus rigoureuse et mieux ancrée dans la biologie, la géographie humaine et l’histoire. L’effondrement de l’écologie politique que documentent involontairement ces trois ouvrages ouvre peut-être la voie à une écologie du vivant, non de la culpabilité. Une écologie capable de penser les limites, les milieux, les formes de vie. Une écologie qui prenne l’homme pour ce qu’il est, un être vivant, non un projet moral.

Les livres de Duflot, Jadot et Canfin témoignent moins d’une refondation que de la fin d’un cycle. L’écologie politique se défait parce qu’elle a oublié la nature en prétendant la sauver.

Balbino Katz
05/12/2025

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