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François Bousquet nous invite à parcourir le demi-siècle d’Alain de Benoist

François Bousquet nous invite à parcourir le demi-siècle d’Alain de Benoist

par | 30 novembre 2025 | Médiathèque, Politique, Société

François Bousquet nous invite à parcourir le demi-siècle d’Alain de Benoist

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Avec Alain de Benoist à l’endroit [1], François Bousquet, rédacteur en chef de la revue Éléments, ne s’est pas borné à dresser un portrait de « l’enfant terrible de la révolution conservatrice européenne », pour reprendre l’étonnante expression de Jesus Sebastian-Lorente.
Son court essai est aussi en effet une réflexion sur l’apport de la Nouvelle Droite à la réflexion politique en France ; car, comme le reconnaît l’auteur, « écrire sur Alain de Benoist, c’est écrire sur nous. Non pas un plaidoyer pro domo, mais un plaidoyer pro domus, pour la cause qui nous est commune » [2]. Même si l’un ne se réduit pas à l’autre.
En quelques mots, écrits dans une langue superbe, tout est résumé.
Michel Geoffroy

Un philosophe occulté

Mais d’abord, pourquoi vouloir remettre Alain de Benoist à l’endroit ?
Parce que le Système s’est évertué à le diaboliser pour tenter d’étouffer sa pensée. Avec pour résultat qu’Alain de Benoist est beaucoup plus souvent lu, traduit et cité à l’étranger qu’en France. Car chez nous « quoi qu’il dise, il est présumé coupable » [3], parce qu’il n’y a « aucun délai de prescription pour les délinquants textuels rangés sous l’étiquette d’extrême-droite » [4].
François Bousquet analyse ainsi avec pertinence la mécanique de la diabolisation qui repose sur la création d’un avatar destiné à refaçonner idéologiquement l’identité réelle du diabolisé.
Peu importe l’évolution intellectuelle d’Alain de Benoist qui laisse déjà, sur un demi-siècle, une œuvre considérable [5]. Peu importe sa vaste érudition à l’image de sa bibliothèque, l’une des plus vastes de France. Peu importent ses prises de position réelles ou ses dénégations.
Peu importe finalement la véritable personnalité d’Alain de Benoist, dont François Bousquet relève « l’étonnante placidité dont il fait preuve » [6] dans les épreuves, son sens de l’amitié ou encore le fait qu’en « seigneur de la pensée, jamais il ne vous fait sentir sa supériorité intellectuelle » [7].
Mais les maîtres censeurs ne s’intéressent pas plus à l’Alain de Benoist réel qu’à la Nouvelle Droite réelle, et ils n’osent évidemment pas débattre avec eux car ils n’en ont souvent pas la capacité intellectuelle.
Ils préfèrent s’acharner sur un avatar fantasmé comme les chamanes plantent des aiguilles dans une poupée de cire pour essayer de nuire à une personne réelle. La diabolisation est une opération magique qui relève de l’envoûtement… Et ils préfèrent surtout faire silence sur la pensée d’Alain de Benoist puisque l’occultation de ce qui dérange reste l’activité principale des maîtres censeurs.

Un maître-passeur

Mais pourquoi le Système a-t-il si peur d’Alain de Benoist ?
Pour François Bousquet, cela tient avant tout au fait qu’Alain de Benoist est non seulement un enquêteur philosophique « idéologiquement structuré mais en aucun cas prisonnier d’une structure » [8], mais qu’il est surtout un maître-passeur, un passeur d’idées : un homme qui invite à penser « des contre-sociétés, des contre-modèles, des alternatives » [9]. Tout le contraire donc du conformisme idéologique ou du TINA [10] thatchérien qui récuse toute alternative au système. Un maître-passeur qui invite au surplus, comme Janus, à « penser simultanément ce qui jusqu’ici n’avait été pensé que contradictoirement » [11], comme le fera la revue Nouvelle École.
L’œuvre d’Alain de Benoist, par ses références encyclopédiques, a permis à beaucoup en effet d’accéder à des penseurs, à des réflexions et à des perspectives qui sans lui auraient été inaccessibles, tant l’espace intellectuel français a été racorni par le conformisme. Et aussi parce qu’Alain de Benoist est « d’abord un intellectuel européen » [12], ouvert à toutes les riches nuances de notre civilisation commune.
Ce qui explique la vitalité de sa pensée et, par extension, celle de la Nouvelle Droite qui s’en inspire.

La vitalité d’un courant de pensée novateur

François Bousquet montre ainsi que ce courant de pensée a eu raison sur beaucoup de choses avant tout le monde : sur l’identité, sur l’américanisme, sur le rôle de la culture, sur le politique, sur la société de marché, sur le système à tuer les peuples notamment. C’est pourquoi, écrit-il avec ironie, « la Nouvelle Droite a survécu à la Nouvelle gauche, à la nouvelle philosophie, à la nouvelle cuisine et à quantités de nouveautés depuis longtemps frappées de péremption » [13].
Comme chez Alain de Benoist, en effet, « ce qui frappe, c’est que la Nouvelle Droite a toujours su évoluer sans se trahir » [14], ouvrant à chaque fois de nouvelles voies non dogmatiques pour rester à l’écoute du monde. Alors que la gauche, devenue extrême-centre, est restée coincée dans ses présupposés idéologiques et ses préjugés bourgeois.
Comme Alain de Benoist, la Nouvelle Droite ne coche donc aucune des cases dans le tableau de Mendeleïev de la vie politique hérité des travaux de René Rémond, et cela irrite. C’est normal puisque le vieux clivage gauche-droite a cédé la place à l’opposition entre les peuples enracinés et les oligarchies cosmopolites, entre les identitaires et les diversitaires, entre les tenants d’un monde unipolaire dépassé et les partisans d’un nouveau monde multipolaire délivré des impérialismes.
Continuez !
Écrit il y a deux ans, l’essai de François Bousquet n’a pas pris une ride.
Il se termine sur une invite : « rendez-vous dans un demi-siècle ». Un demi-siècle de plus, pourrait-on dire, puisque le précédent porte la marque de l’œuvre d’Alain de Benoist, lequel a pris plus que sa part en vue de la sortie de notre fatale dormition, pour reprendre le mot de Dominique Venner.
Mais une invite destinée aussi à l’action : « continuez » tel est le mot non pas de la fin, mais du début.

Michel Geoffroy
30/11/202

[1] François Bousquet, Alain de Benoist à l’endroit. Un demi siècle de Nouvelle Droite, Les éditions de la Nouvelle Librairie, 2023
[2] François Bousquet op.cit. page 167
[3] Op.cit. page 13
[4] Op.cit. page 14
[5] 120 livres, 2000 articles, 850 entretiens
[6] Op.cit. page 37
[7] Op. cit. page 163
[8] Op.cit. page 51
[9] Op.cit. page 53
[10] Acronyme pour There Is No Alternative
[11] Op.cit. page 74
[12] Op.cit. page 117
[13] Op.cit ; page 65
[14] Op.cit. page 105

Michel Geoffroy

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