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Face au Grand Remplacement, l’exode blanc ?

Face au Grand Remplacement, l’exode blanc ?

par | 13 août 2022 | Société

Polémia prend ses quartiers d’été, tout en gardant un œil attentif sur l’actualité. En attendant la rentrée, la publication de textes inédits se poursuit mais vous retrouverez également chaque jour l’un des articles les plus consultés depuis l’été dernier sur Polémia. Aujourd’hui, retour sur l’analyse d’un livre qui évoque un phénomène aussi occulté qu’explosif : l’exode blanc.

Par Johan Hardoy ♦ En octobre 2021, Arthur Frayer-Laleix a publié Et les Blancs sont partis. L’auteur est un reporter indépendant qui collabore à différents médias tels que Le Monde, Les Échos, Zadig ou le site d’information de gauche radicale StreetPress. Dans un ouvrage précédent, Dans la peau d’un maton (Fayard, 2011), il a relaté son immersion en prison en tant que surveillant. Son nouveau livre se veut un « reportage au cœur de la fracture ethnique » dans les cités. Il précise que le titre n’indique par une adhésion à la théorie du « grand remplacement » mais qu’il s’agit d’une formule souvent entendue lors de ses reportages en banlieue de la part de Maghrébins ou de Subsahariens. Ce sujet du départ des Blancs a déjà été abordé, il y a une dizaine d’années, par les démographes Michèle Tribalat et Bernard Aubry. Ceux-ci avaient conclu à un « chassé-croisé » entre les familles d’origine française et celles d’origine immigrée dans les zones urbaines, les premières quittant les zones densément peuplées au profit des zones rurales ou des petites villes.

Une gauche longtemps aveugle

En octobre 2020, Emmanuel Macron déclarait : « Nous avons concentré les populations souvent en fonction de leurs origines ». Cinq ans plus tôt, le Premier ministre Manuel Valls avait évoqué l’« apartheid territorial, social, ethnique » de certains territoires de la République française, une comparaison jugée malheureuse par de nombreux commentateurs.

Arthur Frayer-Laleix constate que les causes de ce sujet sensible constituent un sujet tabou pour la gauche française, alors qu’il s’agit de « l’un des faits les plus marquants de la société française de ces soixante-dix dernières années ».

[Johan Hardoy : rappelons cependant la position de Georges Marchais qui avait écrit en 1981 au recteur de la Mosquée de Paris en soulignant le coût de l’immigration dans les communes les plus pauvres et la pression sur les salariés les plus précaires organisée par le patronat et le gouvernement, ce qui l’amenait à conclure qu’il fallait arrêter l’immigration. Cette prise de position du secrétaire général du PCF était antérieure à la montée du FN dans l’électorat.]

Les derniers des petits Blancs

Lors de ses reportages, l’auteur remarque qu’une frontière urbaine sépare les quartiers où sont concentrés Noirs et Arabes du reste des villes, matérialisée par une ligne de chemin de fer, une voie rapide, une succession de terrains vagues, etc.

À Mantes-la-Jolie, Yazid, son guide dans le quartier du Val Fourré, lui demande : « Regarde autour de toi. Tu vois des Blancs ? » Il reste pourtant quelques « Français », comme ils se désignent eux-mêmes. Parmi eux, Madeleine, une septuagénaire qui n’a pas les moyens d’aller vivre ailleurs, précise qu’elle fait ses courses au centre-ville ou à l’hypermarché parce que « tout est halal » et qu’elle a peur des agressions : « Vous vous imaginez, vous, aller retirer de l’argent à la tirette sur la dalle avec tous les jeunes autour ? »

À 1,5 kilomètre de là, Patrick, un retraité qui vit dans une zone pavillonnaire et qui a vu le Val Fourré se construire dans les années 1960, évoque ses souvenirs : « C’était le grand luxe (…). À l’époque, il y avait des charcutiers, des traiteurs, des marchands de journaux et des vendeurs de tabac, un disquaire, des parfumeries et un magasin de lingerie. » « Et puis le bordel a commencé, ça s’est dégradé. Les Européens ont commencé à acheter des pavillons et à quitter la cité. (…) Les immigrés, eux, ont commencé à arriver. »

Comment en est-on arrivé là ?

Pour Patrick, « C’est les patrons qui les ont fait venir pour les faire bosser chez Renault et Peugeot. C’est les patrons les responsables de tout ça ! »

Des élus de terrain et des universitaires pointent quant à eux la responsabilité de l’État et des bailleurs sociaux. Selon Catherine Arenou, maire divers-droite de Chanteloup-les-Vignes, « c’est l’État français qui a organisé la politique de peuplement de nos territoires ». Elle ajoute que des villes comme la sienne sont devenues « une variable d’ajustement de la politique de relogement de l’État » en y regroupant les étrangers et les plus pauvres par le biais des commissions d’attribution de logements. Cette situation perdure, accentuée par le fait que « ceux qui ont pu en sont partis le plus vite possible ».

Arthur Frayer-Laleix observe également des « dynamiques de communautés » dans les quartiers, conséquence de « logiques de solidarité » entre immigrés. Ceux qui viennent d’un même village d’Afrique se passent le mot et se retrouvent dans une même commune en France. Ainsi, le tout premier Comorien serait arrivé dans la cité des 4000 de La Courneuve en 1976, un an après l’indépendance de son pays. Aujourd’hui, ce quartier constitue un des hauts lieux de cette communauté, au point que les Comoriens restés au pays parlent de Paris en évoquant cette cité, même s’ils ne sont jamais venus dans « la cinquième île », comme ils désignent la France (350 000 Comoriens y vivent alors que l’archipel compte 800 000 habitants).

Comment évaluer la situation ?

Catherine Arenou fait partie des élus qui plaident pour une « politique de peuplement officielle » qui prendrait en compte l’origine ethnique pour lutter contre la « ghettoïsation », une position farouchement combattue par les organisations antiracistes qui revendiquent une approche conforme à la tradition républicaine qui interdit ce type de catégorisation.

A contrario, des activistes et des universitaires vont désormais jusqu’à revendiquer l’emploi du mot « race » (supprimé de la Constitution française mais toujours présent dans son préambule), seul à même de décrire la réalité en évitant les périphrases. Selon eux, les races sont des catégories sociales et politiques, des identités fabriquées à travers l’Histoire et non des réalités biologiques. En outre, ils considèrent que l’État français est intrinsèquement raciste du fait de l’héritage de la colonisation et de l’esclavage.

Une France raciste ?

Arthur Frayer-Laleix ne croit pas à ce racisme d’État même s’il nuance sa position en concédant qu’il existe du racisme dans l’État.

En effet, des efforts importants sont initiés comme, par exemple, les politiques territoriales destinées à la mise en place des zones franches urbaines. Ces dernières ont pour objectif d’inciter les entreprises à installer leurs locaux dans les quartiers et à embaucher les habitants moyennant des exonérations fiscales. Malheureusement, le bilan est faible : en 2013, 5 000 emplois ont été créés au niveau national pour un coût annuel d’environ 372 millions d’euros, ce qui peut s’expliquer par le manque de personnels qualifiés présents sur place, un défaut de maîtrise des codes de comportement requis ou par l’attitude de certaines entreprises qui se sont retirées sans avoir embauché une fois la période d’exonération terminée.

Un autre lieu, la prison, révèle une fracture ethnique qui s’exprime crûment du fait de la présence massive des jeunes des quartiers d’immigration. Les rapports sociaux, principalement dictés par la couleur de la peau, engendrent un véritable racisme interethnique dont les Blancs, prisonniers ou surveillants, sont les principales cibles. Dans cette sous-culture ambiante, seuls les lois et les codes des quartiers sont légitimes, ce qui ne simplifie pas la position des personnels d’origine maghrébine ou antillaise souvent perçus comme étant à la solde de l’ordre dominant.

L’implantation de l’islam radical

L’émergence du radicalisme islamique, tant dans le quotidien que sous la forme du terrorisme, est la conséquence la plus dramatique de la ghettoïsation des quartiers.

Cependant, la misère sociale n’explique pas tout. Une ville comme Trappes a connu 80 départs pour la Syrie en 2015 tandis que Chanteloup-les-Vignes, commune voisine et comparable du point de vue socio-économique, n’en a connu aucun. Lunel, qui ne souffre pas des handicaps sociaux des quartiers prioritaires, a compté 25 départs, alors que des cités marseillaises n’ont hébergé aucune filière jihadiste.

En conclusion l’auteur dresse le constat d’une France devenue une nation multiculturelle, ce qui constitue une chance formidable à ses yeux. Il invite à réinventer la République française en proposant une idée neuve de l’idée de « communauté », fondée sur les notions de solidarité et d’entraide tout en s’articulant avec un objectif universaliste.

Malgré son constat objectif du départ des Blancs, des tensions racistes dans les prisons, de l’implantation islamiste, il y croit encore !

[Johan Hardoy : Jupiter rend fous ceux qu’il veut perdre…]

Johan Hardoy
23/04/2022

Johan Hardoy

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