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Émoi politique après une tribune de généraux prédisant une possible guerre civile

Émoi politique après une tribune de généraux prédisant une possible guerre civile
Émoi politique après une tribune de généraux prédisant une possible guerre civile

Par Pierre Boisguilbert, journaliste spécialiste des médias et chroniqueur de politique étrangère ♦ C’est une tribune qui provoque un émoi… général ! Dans un texte diffusé par le site Place d’Armes, plusieurs généraux retraités et une liste impressionnante d’officiers militaires appellent les hommes politiques à un sursaut patriotique face aux menaces qui pèsent sur la France. Après la diffusion par Valeurs actuelles de ce texte fort, les réactions politiques ont été virulentes, notamment dans les rangs de l’extrême gauche. Peu étonnant de la part d’hommes politiques ethnomasochistes et opposés à la notion même d’ordre… lorsqu’il n’est pas assuré par eux-même, évidemment. Certains ministres ont également réagi. Retrouvez ci-dessous l’analyse de Pierre Boisguilbert sur cet émoi, suivie du texte intégral de cette tribune.
Polémia

 

C’est sûr, Mélenchon entend « le martèlement sourd des bruits de botte des commandos Delta ». Une partie de la gauche se joue en tremblant le remake de « Il pleut sur Santiago », et, comme le Premier ministre Michel Debré le 21 avril 1961, certains scrutent le ciel dans la terreur de voir « les paras sauter sur Paris ». Et tout ça pour quoi ? Pour une tribune de militaires, dont des généraux à la retraite, sur le site Place d’armes reprise par Valeurs Actuelles. Il y aurait donc plus terrifiant pour la France, et surtout pour la République, que la Covid ou le terrorisme islamiste : il y a la menace des factieux proches de l’extrême droite. Fantasme, quand tu nous tiens !

La République en danger ?

L’indignation face à cette tribune aura mis du temps à prendre. Mais au fil des jours, il y a eu une montée en puissance. La référence au 21 avril de funeste mémoire est bien sûr fausse, car la tribune avait été publiée bien avant, mais elle a aidé. Elle nous ramène au putsch d Alger. Et revoilà le « quarteron de généraux à la retraite » qui menacent la République. Marine Le Pen, qui approuve l’analyse des signataires, les appelle à rejoindre son combat politique — c’est le baiser de la mort pour les généraux à la retraite qui s’affirment immédiatement sans liens avec la patronne du RN ni avec ses idées.

La liste complète des signataires n’est pas diffusée par l’hebdomadaire, mais elle est consultable sur le blog Place d’Armes, « ouvert à tous les militaires à la retraite, d’active, et de réserve qui aiment la France et réalisent que celle-ci est au bord du gouffre ». Ce site est piloté par Jean-Pierre Fabre-Bernadac, ancien commandant de gendarmerie, à l’origine de la tribune.

Ce qui est amusant, par rapport à une tribune qui fait le constat du délitement de la France, ce sont les réactions des impeccables démocrates. « Stupéfiante déclaration de militaires s’arrogeant le droit d’appeler leur collègue d’active à une intervention contre les islamogauchistes. Il est temps de se mobiliser pour défendre les valeurs que ces gens piétinent », tweete par exemple le 24 avril le leader de La France insoumise, candidat à l’élection présidentielle.

 

Avant d’ajouter, dans un second message plein d’espoir : « Sans doute le parquet national va-t-il se saisir de l’appel à la sédition de l’armée publié dans Valeurs Actuelles sous la signature de 100 militaires retraités. »

Même indignation pour le député Insoumis Éric Coquerel. « Des militaires appellent à une chasse aux sorcières, à une éradication, à défendre des « valeurs civilisationnelles » à rebours de la République, ça finit sur une menace de guerre civile, Le Pen salue ces apprentis factieux et ? Rien. On se réveille ? », écrit l’élu de Seine-Saint-Denis.

Le communiste Pierre Laurent demande solennellement que Valeurs actuelles et les 20 généraux signataires d’un appel à une intervention militaire soient poursuivis et condamnés par la justice ». Comme l’ancien patron du PCF, Benoît Hamon, convoque l’histoire et le souvenir du « putsch des généraux », avant de pointer le silence de Florence Parly, la ministre des Armées, du président de la République ou de son Premier ministre face à ce qu’il qualifie de « menace explicite » : « 60 ans après le début du “putsch d’Alger”, 20 généraux menacent explicitement la République d’un coup d’Etat militaire », s’alarme-t-il.

Des constats sur les dangers encourus par la France

Dans la pétition, cependant, il n’y a pas de menaces mais des constats qui sonnent comme des avertissements.

Premier danger pour la France : « l’islamisme et les hordes de banlieue » qui « entraînent le détachement de multiples parcelles de la nation pour les transformer en territoires soumis à des dogmes contraires à notre constitution »,.

Les signataires s’attaquent aussi aux tenants d’un « certain antiracisme » qui aurait pour seul but de « créer sur notre sol un mal-être, voire une haine entre les communautés » et dénoncent l’attitude de l’Exécutif dans la crise des Gilets jaunes. : « N’oubliez pas que, comme nous, une grande majorité de nos concitoyens est excédée par vos louvoiements et vos silences coupables », estiment les signataires, avant de prévoir, un peu plus, tard « une explosion et l’intervention de nos camarades d’active dans une mission périlleuse de protection de nos valeurs civilisationnelles ». Donc, « il n’est plus temps de tergiverser, sinon, demain, la guerre civile mettra un terme à ce chaos croissant, et les morts, dont vous porterez la responsabilité, se compteront par milliers. »

On voit que cela va très loin et on se demande si ces militaires ont mesuré la réaction politique que pouvaient soulever leurs analyses. Ils risquent de s’en rendre compte bientôt.

Condamnations gouvernementales

Le pouvoir a, semble-t-il, tenu à ne pas réagir violemment dans un premier temps. Il n’a pas voulu pas donner de l’importance au texte, car sa diffusion dans les grands médias pourrait évidemment lui donner une importance bien supérieure à celle du site initial. Dans un tweet publié dimanche, la ministre des Armées Florence Parly a condamné « une tribune irresponsable », « uniquement signée par des militaires à la retraite, qui n’ont plus aucune fonction dans nos armées et ne représentent qu’eux-mêmes ». La ministre déléguée chargée de l’Industrie, Agnès Pannier-Runacher, a quant à elle évoqué sur Franceinfo « un quarteron de généraux en charentaises » ne représentant qu’eux-mêmes. « Il faut simplement condamner sans réserve et passer à autre chose », estime-t-elle.

Mais certains, surtout à gauche ravie de trouver prétexte à un semblant d’unité autour de la défense de Marianne en danger, n’entendent nullement passer à autre chose et le pouvoir risque de ne pas résister longtemps à ceux qui demandent des sanctions contre les nouveaux factieux et l’hebdomadaire qui a répercuté leur tribune sur son site. Un journal, qui quelques jours plus tôt, avait publié un passionnant entretien avec Philippe de Villiers imprudemment et assez faussement titré en Une « Appel à l’insurrection ». Une insurrection patriotique et morale et certainement pas armée et encore moins militaire. Mais maintenant, après la tribune de militaires à la retraite — que le général-frère du Vendéen n’a bien sûr pas signée —, Valeurs Actuelles risque d’être plus que jamais l’hebdo à abattre.

Pierre Boisguilbert
27/04/2021

Source : Correspondance Polémia

Texte de la tribune

 

Lettre ouverte à nos gouvernants

Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs du Gouvernement,
Mesdames, Messieurs les parlementaires,

L’heure est grave, la France est en péril, plusieurs dangers mortels la menacent. Nous qui, même à la retraite, restons des soldats de France, ne pouvons, dans les circonstances actuelles, demeurer indifférents au sort de notre beau pays.

Nos drapeaux tricolores ne sont pas simplement un morceau d’étoffe, ils symbolisent la tradition, à travers les âges, de ceux qui, quelles que soient leurs couleurs de peau ou leurs confessions, ont servi la France et ont donné leur vie pour elle. Sur ces drapeaux, nous trouvons en lettres d’or les mots “Honneur et Patrie”. Or notre honneur aujourd’hui tient dans la dénonciation du délitement qui frappe notre patrie.

– Délitement qui, à travers un certain antiracisme, s’affiche dans un seul but : créer sur notre sol un mal-être, voire une haine entre les communautés. Aujourd’hui certains parlent de racialisme, d’indigénisme et de théories décoloniales, mais, à travers ces termes, c’est la guerre raciale que veulent ces partisans haineux et fanatiques. Ils méprisent notre pays, ses traditions, sa culture, et veulent le voir se dissoudre en lui arrachant son passé et son histoire. Ainsi s’en prennent-ils, par le biais de statues, à d’anciennes gloires militaires et civiles en analysant des propos vieux de plusieurs siècles.

– Délitement qui, avec l’islamisme et les hordes de banlieue, entraîne le détachement de multiples parcelles de la nation pour les transformer en territoires soumis à des dogmes contraires à notre constitution. Or chaque Français, quelle que soit sa croyance ou sa non-croyance, est partout chez lui dans l’Hexagone ; il ne peut et ne doit exister aucune ville, aucun quartier où les lois de la République ne s’appliquent pas.

– Délitement car la haine prend le pas sur la fraternité lors de manifestations où le pouvoir utilise les forces de l’ordre comme agent supplétif et bouc émissaire face à des Français en gilets jaunes exprimant leurs désespoirs. Ceci alors que des individus infiltrés et encagoulés saccagent des commerces et menacent ces mêmes forces de l’ordre. Pourtant ces dernières ne font qu’appliquer les directives, parfois contradictoires, données par vous, gouvernants.

Les périls montent, la violence s’accroît de jour en jour. Qui aurait prédit il y a dix ans qu’un professeur serait un jour décapité à la sortie de son collège ? Or nous, serviteurs de la Nation, qui avons toujours été prêts à mettre notre peau au bout de notre engagement – comme l’exigeait notre état militaire, ne pouvons être devant de tels agissements, des spectateurs passifs.

Aussi ceux qui dirigent notre pays doivent impérativement trouver le courage nécessaire à l’éradication de ces dangers. Pour cela, il suffit souvent d’appliquer sans faiblesse des lois qui existent déjà. N’oubliez pas que, comme nous, une grande majorité de nos concitoyens est excédée par vos louvoiements et vos silences coupables.

Comme le disait le cardinal Mercier, primat de Belgique : « Quand la prudence est partout, le courage n’est nulle part. » Alors, Mesdames, Messieurs, assez d’atermoiements, l’heure est grave, le travail est colossal ; ne perdez pas de temps et sachez que nous sommes disposés à soutenir les politiques qui prendront en considération la sauvegarde de la nation.

Par contre, si rien n’est entrepris, le laxisme continuera à se répandre inexorablement dans la société, provoquant, au final une explosion et l’intervention de nos camarades d’active dans une mission périlleuse de protection de nos valeurs civilisationnelles et de sauvegarde de nos compatriotes sur le territoire national.

On le voit, il n’est plus temps de tergiverser sinon, demain la guerre civile mettra un terme à ce chaos croissant, et les morts, dont vous porterez la responsabilité, se compteront par milliers.

Rédacteur : Capitaine Jean-Pierre Fabre-Bernadac
(Ancien officier de l’Armée de Terre et de la Gendarmerie, auteur de 9 ouvrages)

Source et liste des officiers signataires : Place d’armes

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