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Élections : et à la fin, c’est toujours l’UMPS qui gagne…

Élections : et à la fin, c’est toujours l’UMPS qui gagne…

par | 30 décembre 2014 | Politique

Élections : et à la fin, c’est toujours l’UMPS qui gagne…

Voici une analyse un peu décalée des derniers résultats électoraux relativisant la progression du Front national. Dans un contexte marqué par une forte abstention à gauche le Front national se trouve presque systématiquement opposé à l’UMP au second tour. Et faute d’avoir pu, ou su, essorer au premier tour le parti de Nicolas Sarkozy le FN se trouve rarement en position de l’emporter au second tour. En fait le Front national se trouve dans une situation paradoxale : il a gauchi son discours mais ne peut l’emporter d’ici 2017, en 2017 ou après qu’en captant dès le premier tour un nombre important de suffrages à l’UMP : un vrai casse-tête que signale non sans malice Étienne Lahyre.
Polémia

Le 14 décembre dernier, le Parti socialiste a enregistré une nouvelle défaite lors d’une élection législative partielle organisée depuis l’arrivée au pouvoir de François Hollande : douze défaites pour autant de scrutins législatifs. Même si ce type de scrutin est rarement favorable au pouvoir en place, le caractère systématique et massif de l’échec des candidats socialistes est indiscutable. Dans quatre de ces scrutins, le PS a été éliminé du deuxième tour au profit du Front national, lequel a progressé, parfois de manière spectaculaire, d’un tour à l’autre.

Dans la troisième circonscription de l’Aube, Bruno Subtil a ainsi gagné 1.600 voix entre les deux tours (+8,5 points). Et le FN de se féliciter de cette progression, la qualifiant de massive et d’inédite. Voire…

Un deuxième tour droite/FN s’est pourtant déjà produit, dans la même circonscription, en 1997.  Les résultats sont parlants :

En réalité, les résultats obtenus il y a plus de 17 ans sont tout à fait comparables à ceux du récent scrutin, tant en termes de rapport de forces FN/Droite que de dynamique.

Le nombre de bulletins nuls augmente fortement, mais moins qu’en 1997 : les électeurs de gauche, déjà peu mobilisés, ont préféré massivement rester chez eux plutôt que d’aller voter blanc ou nul. Les résultats sur le canton de La Chapelle–St-Luc (le candidat PS est maire du chef-lieu de canton) en attestent : la participation est de 21,4% (soit seulement +0,5 point par rapport au premier tour) sur le seul canton où le candidat PS est arrivé en tête au premier tour. Inversement, sur le canton de Villenauxe-la-Grande, qui a accordé son meilleur score au candidat FN au premier tour, la participation augmente de 3 points entre les deux tours.

Le candidat FN retrouve, en pourcentage, un score très proche de celui obtenu il y a plus de 17 ans. Mais surtout, son score en voix évolue exactement de la même manière : +37% en 1997 ; +36% en 2014.

De quoi sérieusement nuancer les discours triomphalistes se félicitant d’une dynamique inédite. Les résultats obtenus dans une autre élection législative partielle en juin dernier, organisée suite à la démission de Jean-Louis Borloo, confirment cette analyse. Le FN progresse (en pourcentage) au premier tour par rapport à 1997 (18,7% contre 15,8%) mais son score évolue somme toute peu entre les deux tours : son candidat obtient 27,9% face au maire UDI de Valenciennes. 5043 voix au second tour, 3856 au premier, soit une progression de 31% conforme à l’étiage observé dans l’Aube.

Face au centre et à la droite au deuxième tour, le FN se trouve exactement confronté aux mêmes difficultés que dans les années 1990.

On pourrait nous objecter que dans deux autres législatives partielles (dans l’Oise et dans le Lot-et-Garonne), les candidats FN ont très fortement progressé en voix entre les deux tours jusqu’à frôler la victoire (dans l’Oise, la candidate FN voit son score en voix progresser de 82%, dans le Lot-et-Garonne le jeune Étienne Bousquet-Cassagne enregistre une progression équivalente de 83%).

Les contextes de ces deux dernières élections sont néanmoins tout à fait différents : dans l’Oise, le FN avait pour adversaire Jean-François Mancel, bête noire de la gauche locale, depuis son alliance avec le FN après les cantonales de 1998, impliqué dans plusieurs affaires judiciaires et élu depuis1978 : un candidat particulièrement clivant, contre lequel de nombreux électeurs estimaient avoir de bonnes raisons de voter. Toutes proportions gardées, cette élection peut rappeler l’élection cantonale de 1994 qui avait vu une candidate FN, Éliane de La Brosse, faire mordre la poussière à l’UDF Maurice Arreckx, maire de Toulon pendant 25 ans et parrain politique du Var.

Dans le Lot-et-Garonne, cette élection législative partielle, consécutive à la démission de Jérôme Cahuzac, réunissait tous les ingrédients propices au FN, prévarication et médiatisation en tête. Le candidat de droite, étrillé par Cahuzac aux législatives de 2012, ne faisait par ailleurs pas l’unanimité dans son propre camp.

En conséquence, ce n’est que dans des scrutins revêtant un caractère particulier (pour des raisons locales ou nationales), que le FN peut tirer son épingle du jeu, sans toutefois parvenir à la victoire finale (le FN n’a obtenu plus de 50% des voix à une élection législative qu’à trois reprises dans son histoire). L’élection partielle organisée dans le Doubs en février 2015 fait indubitablement partie de ces scrutins à enjeu ; là encore, le terrain est plus que favorable : Moscovici, archétype du social-traître, abandonne une circonscription populaire, ouvrière, qui subit de plein fouet les politiques orchestrées par la commission de Bruxelles qu’il sert désormais officiellement. Il est probable que le second tour oppose FN et UMP et que la candidate FN progressera fortement, insuffisamment à notre sens pour l’emporter.

Ce scrutin partiel sera une répétition générale des élections départementales qui se tiendront en mars 2015.

Le FN y enregistrera un score de premier tour historique, mais sera quasi systématiquement battu dans le cadre des duels de second tour qui l’opposeront à l’UMP. Quelques élus FN (sans doute entre 10 et 20) seront autant d’arbres cachant la forêt. Le FN et les médias s’engageront dans une traditionnelle danse de Saint-Guy : Marine Le Pen commentera un résultat historique pour sa formation politique, Libé titrera « FN : la marche vers le pouvoir » et l’ensemble des commentateurs jugeront qu’une victoire frontiste à l’élection présidentielle de 2017 est désormais possible. 20 cantons, qui en feront oublier 2034 autres…

En revanche, l’élément à relever depuis les années 2010 tient à la capacité, désormais nouvelle, du FN de mobiliser son électorat dans les élections à participation faible. Aux cantonales de 2011 et aux dernières européennes, le FN a obtenu les meilleurs résultats de son histoire, en dépit d’une abstention importante. Par le passé, il enregistrait (sauf aux premières élections européennes de 1984) des scores bien en-deçà de ceux obtenus aux élections présidentielles. Ce phénomène est confirmé par la récente élection partielle dans l’Aube : le FN est la formation qui perd le moins de voix par rapport à 1997, scrutin qui, rappelons-le, l’avait vu obtenir 15% au niveau national, score qu’il n’a jamais retrouvé depuis ; la droite, déjà faible en 1997, mobilise médiocrement, alors que la gauche est en perdition.

C’est d’ailleurs par l’abstention à gauche qu’il convient d’analyser les victoires récentes de l’UMP : dans de nombreuses villes, notamment de banlieue, qui avaient plébiscité Hollande, le centre et la droite se sont imposés car l’électorat d’origine immigrée avait boudé les urnes. Cette abstention a pris encore plus d’ampleur aux européennes et a permis au FN d’arriver en tête dans de nombreuses villes de Seine-Saint-Denis, ce qui ne se produisait plus depuis le début des années 2000.

Un cas est emblématique : à Villeneuve-Saint-Georges, Hollande remporte 66% à l’élection présidentielle de 2012 ; avec une abstention de 70%, le FN caracole en tête aux européennes de 2014 en obtenant plus de 28%. Mais aux municipales de la même année, le maire sortant PCF est en grande difficulté au premier tour : 38% face aux 58% cumulés du FN et de l’UMP. Ceux-ci fusionnent et se présentent unis en duel face à la candidate communiste : la mobilisation massive des quartiers immigrés (l’abstention chute de 10 points entre les deux tours) permet au PCF d’être réélu de justesse (la liste Droite–FN échouant à 49,8%).

Que retenir de cela ?

1. le FN est plus fort que jamais au premier tour ; un sondage réalisé exclusivement auprès des électeurs qui se sont abstenus aux élections européennes montrait que si ceux-ci avaient dû voter, ils auraient placé le FN en tête, en lui accordant 25%, ce qui représente, au point près, le pourcentage obtenu par le Front en suffrages exprimés ;
2. Marine Le Pen est en train de parvenir à l’objectif fixé par Bruno Mégret à la fin des années 1990 : rassembler durablement autour du FN les 30% de Français qui ont, au moins une fois, voté Le Pen, Pasqua, Villiers et candidatures similaires ;
3. D’ici à 2017, la gauche est hors jeu pour les scrutins à venir s’opposer la droite et le FN dans de nombreux duels ; en tout état de cause, la capacité du FN à gagner des électeurs d’un tour à l’autre dans ce cas de figure demeure, en règle générale, faible : c’est en siphonnant les voix de la droite dès le premier tour que le FN a des chances d’emporter quelques scrutins de manière sporadique ;
4. Si Marine Le Pen se retrouve face à un candidat UMP en 2017, elle sera nettement battue ; si, par extraordinaire, elle devait se retrouver face au PS, ses chances sont minces : la surmobilisation des banlieues et des votes communautaires serait au moins aussi forte que celle qui a permis à Hollande d’être élu, exclusivement par anti-sarkozysme en 2012. Et nous savons tous que les effets du Grand Remplacement, d’ores et déjà visibles à tous points de vue, seront politiquement funestes.

L’élan national auquel nous assistons ressemble à s’y méprendre au sursaut d’un peuple qui se sait moribond.

Étienne Lahyre
26/12/2014

Étienne Lahyre
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