Le 3 octobre 2023, au lendemain du lancement d’une nouvelle campagne de vaccination contre le Covid, le ministre socialo-macroniste Aurélien Rousseau avait déclaré sur France Inter : « … on a un vaccin [pour lequel] on a maintenant trois ans de recul, on sait qu’on n’a pas d’effets secondaires, et donc il faut y aller… » Difficile de ne pas trouver dans ce propos autre chose qu’un acte de foi de nature quasi religieuse : en effet il n’y a pas de médicaments insusceptibles de provoquer des effets secondaires, ne serait-ce que par effet nocebo (il suffit d’ailleurs de regarder les notices d’information de n’importe quel produit pharmaceutique pour s’en convaincre). Mais, en France, il y a des vérités d’État que des administrations d’État – l’Agence nationale de sécurité du médicament, en l’occurrence – protègent contre vents et marées. Régis Senet, avocat de plusieurs centaines de personnes qui s’estiment victimes d’effets secondaires du vaccin contre le Covid, revient sur ce sujet dans un article technique et documenté. L’administration pourrait d’ailleurs apporter la preuve de sa bonne foi en rendant publique les données anonymisées dont elle dispose. Elle pourrait aussi étudier la légère surmortalité observée chez les 15-45 ans en 2022-2024 au regard de leur statut vaccinal. Elle pourrait aussi publier les résultats de la campagne de vaccination 2024-2025 qui semble avoir été peu suivie, en particulier par les personnels de santé. La bien-pensance accuse souvent la dissidence de « complotisme ». En oubliant qu’il lui suffirait de rendre les données publiques accessibles pour couper court à des craintes qui seraient infondées. La liberté d’information passe aussi par l’open data.
Polémia
Un communiqué lapidaire de l’ANSM
Le 4 février 2025, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a publié un communiqué sur son site, en écho à différentes publications de notre part, mais aussi de médias, publications qui traitaient d’un cas de maladie de Charcot ou sclérose latérale amyotrophique (SLA), après une vaccination avec le vaccin Comirnaty, cas qui a été rapporté à l’ANSM.
Le communiqué de l’ANSM s’intitule : « Vaccins contre le Covid-19 : les rapports d’enquête confirment de nouveau leur profil de sécurité ».
L’ANSM conclut son article de façon lapidaire : « Aucun signal de sécurité n’a été identifié sur ce sujet. » L’ANSM montre ainsi sa volonté de vouloir clore le débat ; débat qui n’a pas eu lieu puisqu’elle n’en a pas voulu.
Ce communiqué est loin d’être satisfaisant. Il présente plusieurs limites et faiblesses que l’on peut contester de manière objective.
Une analyse de l’imputabilité du cas de Mélanie par les CR hautement critiquable
Le CRPV (PV (centre régional de pharmacovigilance) a analysé, de façon séparée, les symptômes de fasciculation, atteinte neurologique et sclérose latérale amyotrophique, présentés par Mélanie, afin de déterminer leur imputabilité au vaccin reçu par Mélanie.
Le CRPV reconnaît d’emblée la gravité des symptômes de Mélanie, notant une « mise en jeu du pronostic vital ».
Concernant la fasciculation, le CRPV note que :
- la chronologie (délai d’apparition du symptôme après vaccination) est PLAUSIBLE (C2) ;
- la sémiologie (symptomatologie) est PLAUSIBLE (C2).
Ces deux critères donnant une IMPUTABILITÉ INTRINSÈQUE PROBABLE (C3), selon le CRPV.
L’IMPUTABILITÉ EXTRINSÈQUE (Le symptôme a-t-il déjà été décrit dans la littérature ?) a été jugée comme VRAISEMBLABLE (B3).
Concernant l’atteinte neurologique (sans précision), le CRPV a retenu :
- une chronologie douteuse (C1) ;
- une sémiologie douteuse (S1) ;
- une imputabilité intrinsèque douteuse (I1) ;
- une imputabilité extrinsèque douteuse (B1).
Concernant la SLA, le CRPV a retenu :
- une chronologie douteuse (C1) ;
- une sémiologie douteuse (S1) ;
- une imputabilité intrinsèque douteuse (I1) ;
- une imputabilité extrinsèque plausible (B2).
Cette cotation retenue est critiquable à plusieurs points de vue.
Pourquoi les symptômes sont-ils considérés et analysés de manière isolée alors même que la fasciculation, l’atteinte neurologique et la SLA forment un seul et même syndrome ?
Pourquoi les délais de début des symptômes retenus sont différents entre la fasciculation (deux jours après la vaccination), l’atteinte neurologique (32 jours) et la SLA (432 jours ; date du premier diagnostic le 5 septembre 2022) alors même que la fasciculation est une atteinte neurologique et un des symptômes cardinaux de la SLA ?
Pourquoi d’autres symptômes enregistrés dans la fiche dense de CRPV de Mélanie, comme « déficit fonctionnel des mains », « dysarthrie », « maladie du motoneurone », « amyotrophie », n’ont pas été pris en compte par la pharmacovigilance ?
D’ailleurs, le CRPV semble se contredire lui-même dans son expertise. Pour donner le score d’imputabilité de la SLA de Mélanie, le CRPV a retenu un délai de 437 jours alors même que, dans la conclusion de la description du cas, il est indiqué : « Diagnostic de SLA dont les premiers signes se sont manifestés quelques jours après la D2 de Comirnaty. ».
Quel est finalement le délai retenu pour la SLA ?
Joëlle Micallef, pharmacologue à la tête du CRPV PACA, chargée du recueil et de l’analyse des effets indésirables du vaccin Pfizer, a déclaré dans Boursorama avoir déjà reçu une quinzaine de déclarations concernant des cas de SLA postvaccinaux, mais que « [Si] ces patients étaient bien atteints de SLA, la cause vaccinale avait été écartée notamment parce que, médicalement et physiopathologiquement, la maladie de Charcot ne peut pas être déclenchée dans un délai aussi court».
Ainsi, vous l’aurez compris, tantôt le délai de survenue de la SLA est trop court, tantôt il est trop long pour être compatible avec un lien vaccinal… Cela serait risible si ces cas n’étaient pas si tragiques.
L’Inserm évoque comme pistes causales de la SLA des mécanismes aussi différents que :
- un état inflammatoire chronique des cellules entourant les motoneurones. Or, les vaccins peuvent causer et générer des états inflammatoires : c’est même le but officiel des adjuvants des vaccins (créer une réaction inflammatoire pour que l’organisme développe une réponse immunitaire). Concernant le vaccin Pfizer, la Spike, les LNP, l’ADN résiduel sont connus pour provoquer des inflammations ;
- une mutation génétique de novo sur certains gènes (affectant les gènes TDP43, FUS ou C9ORF72). Or aucun test de cancérogénicité ou de génotoxicité n’a été réalisé sur le vaccin Comirnaty pour le motif dogmatique que cela serait « impossible » ;
- un défaut de repliement de protéines mutées s’agrégeant dans les motoneurones. Or il existe une littérature scientifique sur le potentiel amyloïdogène de la protéine Spike.
D’autre part, un argument fort d’imputabilité est qu’aucune autre cause n’a été mise en évidence pour expliquer le cas de Mélanie à un âge rare pour cette maladie. Car si Mélanie a dépassé l’âge des cas de SLA juvénile, elle n’a pas encore atteint 50-70 ans, âge de survenue des formes classiques[2].
Quel lien causal ?
Finalement, les CRPV et l’ANSM, forts de la méthode française de la pharmacovigilance, sont incapables ni de confirmer ni d’infirmer un lien causal entre la SLA et le vaccin, malgré déjà une quinzaine de cas analysés.
Il est vrai que la méthode française de pharmacovigilance suscite des interrogations chez nombre de médecins et de scientifiques sur sa validité.
C’est le coconcepteur de cette méthode, le professeur Bernard Bégaud, qui parle le mieux de ses défauts, en répondant aux questions de l’AFP[3].
Selon cet expert, la méthode d’imputabilité utilisée par le CRPV ne serait absolument pas adaptée pour des maladies « complexes » dont la physiologie n’est pas connue, contrairement à ce qu’affirmait sa collègue Joëlle Micallef : « Il est très difficile d’évaluer une relation causale pour une maladie de ce type et l’injection d’un vaccin. »
Il poursuit en expliquant que la partie de l’imputabilité basée sur le challenge-déchallenge-rechallenge ne peut pas être appliquée à certains médicaments et à certains effets indésirables.
En effet, il est impossible de « dévacciner » quelqu’un pour observer une amélioration de ces symptômes après arrêt de l’administration du médicament.
Il est également impossible d’observer une amélioration après arrêt du médicament pour certains effets indésirables comme la SLA qui est d’évolution toujours fatale…
Cette partie comptant pour beaucoup dans le score d’imputabilité est absconse pour les vaccins et les SLA.
Enfin, le professeur Bégaud termine en disant que cette qualification de l’imputabilité réalisée par les CRPV et l’ANSM n’est qu’« une qualification grossière » et « ne remplace pas un jugement d’expert ou un algorithme qui serait spécifiquement développé ».
Le professeur Bégaud semble enterrer définitivement sa propre méthode d’imputabilité.
Un manque de transparence malvenu et alimentant la suspicion des patients
Les données de pharmacovigilance recueillies par l’ANSM et les CRPV ne sont jamais rendues publiques. Lors du déploiement de la vaccination en France, les patients et les médecins n’ont eu accès qu’à des « points de situation sur la surveillance des vaccins contre le Covid-19 » plus ou moins espacés selon le bon vouloir de l’ANSM, ne donnant qu’une vision synthétique des données de pharmacovigilance que patients et médecins sont priés de croire sur parole.
Si les données brutes étaient rendues publiques, médecins et chercheurs pourraient également analyser ces données et en tirer peut-être des conclusions quelque peu différentes ; à tout le moins, moins affirmatives.
Mais l’ANSM et les CRPV ainsi que les autres autorités de santé souhaitent-ils rendre publiques leurs données anonymisées ? Souhaitent-ils vraiment laisser la possibilité d’une réanalyse et d’une réinterprétation de leurs données afin de confirmer la validité de résultat, comme l’exige toute démarche scientifique ?
L’ANSM brille par l’opacité de ses critères d’imputabilité mais aussi par ses déclarations publiques qui semblent bien catégoriques et définitives, visant ainsi à augmenter l’acceptabilité des vaccins par le public.
Le Sénat, dans son rapport préliminaire sur les effets secondaires, avait demandé à l’ANSM « un effort d’objectivation et de transparence […] nécessaire afin d’éclairer le bien-fondé des décisions prises par les instances sanitaires[4]. »
Pourtant, la pharmacovigilance est évolutive dans le temps et non figée ! L’ANSM, elle-même, affirme qu’elle « exerce une surveillance constante des produits de santé, dans le but de vérifier de façon continue que la balance bénéfice/risque reste positive après la commercialisation » d’un produit de santé[5].
Ainsi, la balance bénéfice/risque n’est pas, selon le Sénat, « le résultat rigoureux et objectif d’une formule mathématique mais le produit d’une appréciation collégiale prenant en compte de multiples paramètres et les incertitudes qui y sont liées ». Elle varie fortement au gré de la découverte de la toxicité et/ou de l’efficacité du vaccin, des différents variants du virus, de la circulation virale, de l’état de santé de la personne.
La balance bénéfice/risque est donc loin d’être figée une fois pour toutes !
Rappelons la suspension temporaire du vaccin AstraZeneca en mars 2021, alors même que ce vaccin était recommandé aux professionnels de santé et aux personnes de 50 à 64 ans[6].
Ainsi la balance bénéfice/risque jugée au départ favorable pour les jeunes personnels soignants est devenue négative puisque ce vaccin a finalement été « dérecommandé » pour les jeunes et réservé aux plus de 55 ans[7].
D’ailleurs, ce même vaccin avait subi un arrêt temporaire de son essai clinique de phase 3 sur une suspicion de myélite transverse jugée pourtant « possiblement reliée » même si la causalité ne pouvait être définitivement établie.
La myélite transverse ne sera reconnue par l’EMA comme effet indésirable définitivement qu’en janvier 2022 !
Et tant d’autres exemples…
Il convient de savoir qu’au 24 août 2022, cinq cas de SLA postvaccinale ont été déclarés en Grande-Bretagne[8].
Mais ce n’est pas tout : la base de données européenne ADDREPORT rapporte trois cas en 2025, 25 cas en 2024, 25 cas en 2023, 25 cas en 2022, 12 cas en 2021.
***
Face à un cas de SLA postvaccinale avec un enchaînement symptomatique aussi précis que celui de Mélanie, il est scientifiquement imprudent d’écarter la responsabilité vaccinale sans une enquête approfondie.
Nous le répétons, l’ANSM ne peut faire l’économie :
- d’une analyse biologique des marqueurs d’inflammation postvaccinale chez ces patients ;
- d’une investigation de pharmacovigilance approfondie, avec transparence des données ANSM-EMA.
- d’une étude de cohorte sur l’incidence de SLA postvaccination, en comparant les taux attendus et observés.
Le risque, pour elle, est de voir sa responsabilité engagée.
Régis Senet
10/03/2025
Notes
[1] boursorama.com [lien mort]
[2] Comprendre la sclérose latérale amyotrophique – inserm.fr
[3] Aucun lien entre les vaccins anti-Covid et la maladie de Charcot n’a été établi à ce jour – factuel.afp.com
[4] Les effets indésirables des vaccins contre la Covid-19 et le système de pharmacovigilance français – senat.fr
[5] Organiser les vigilances – ansm.sante.fr
[6] AstraZeneca : la HAS recommande son utilisation chez les professionnels de santé et les personnes de 50 à 64 ans – has-sante.fr
[7] Covid-19 : quelle stratégie vaccinale pour les moins de 55 ans ayant déjà reçu une dose d’AstraZeneca ? – has-sante.fr
[8] Freedom of Information request (FOI 22/905) – gov.uk