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Dictature Macron. Compte-rendu des interventions du 5e Forum de la Dissidence [2e partie]

Dictature Macron. Compte-rendu des interventions du 5e Forum de la Dissidence [2e partie]

Par Michel Leblay, patron d’émission à Radio Courtoisie ♦ Le samedi 23 novembre 2019 avait lieu, à Paris, le 5e Forum de la Dissidence organisé par Polémia. Les interventions se sont succédé tout au long d’un après-midi très dense. Michel Leblay, bien connu des auditeurs de Radio Courtoisie était sur place et a pris des notes sur chaque discours. Un gros travail dont nous publions ici la deuxième partie.
Polémia


Intervention de Clément Galant & Romain Espino Génération Identitaire

Clément Galant et Romain Espino, membres dirigeants de Génération identitaire ont rappelé à l’auditoire les principales actions que l’association avait menées ces dernières années pour alerter l’opinion sur la vague migratoire. L’une de ces premières actions fut l’occupation, le 20 octobre 2012, de la mosquée de Poitiers, alors en construction, avec l’affichage d’une banderole Souviens-toi de Charles Martel.

Clément Galant et Romain Espino ont évoqué les deux manifestations les plus emblématiques de Génération identitaire ces deux dernières années, à savoir : la mission Defend Europe en Méditerranée en 2017 et le blocage symbolique de la frontière franco-italienne dans les Alpes en 2018.

La défense des frontières c’est possible ! Génération identiraire au Forum de la Dissidence 2019

Defend Europe

Clément Galant a présenté les grands traits de l’intervention menée en mer Méditerranée et destinée à éclairer les populations européennes sur les agissements des ONG immigrationnistes et la manière dont elles favorisent le passage d’immigrants clandestins d’une rive à l’autre de la mer.

La mission Defend Europe a débuté en mai 2017 lorsqu’une quinzaine de militants venus de toute l’Europe se sont réunis à Catane pour interdire l’arrivée du navire de SOS Méditerranée, l’Aquarius. Il s’agissait de mettre en évidence le véritable objectif des différentes ONG qui opèrent dans cet espace maritime. En l’occurrence, le but poursuivi n’est pas humanitaire mais politique : submerger notre continent par des populations africaines. Il fallait donc faire ressortir que les milliers de victimes dus à cette traversée de la Méditerranée était la conséquence de cette fin politique. Dans le moyen d’action, il apparaît que les ONG agissent de concert avec les passeurs opérant sur les côtes de la Libye par des systèmes de communication entre les deux parties. Les ONG se comportent ainsi comme des taxis à vocation idéologique. Par leurs menées, ces ONG contribuent à la fortune des passeurs qui est l’un des moyens de financement du terrorisme islamique.

Defend Europe a réalisé un clip sur l’arrivée du bateau de SOS Méditerranée, diffusé sur les réseaux sociaux, avec l’ouverture d’une cagnotte pour financer une mission sur cette mer séparant l’Afrique de l’Europe. Les sommes réunies, au-dessus des espérances initiales, ont permis la location d’un navire, le C-star et son équipage, sri-lankais, afin d’arrêter l’action des ONG pro-migrants. La mission qui rassemblait une dizaine de militants a duré une trentaine de jours au cours desquels fut exercé une surveillance quotidienne, 24 heures sur 24, des navires des ONG.

A la fin, le bilan s’est avéré positif par la communication que la mission et ses observations ont autorisé. Entre autres, des ONG se sont retirées, ainsi MSF a cessé son partenariat avec SOS Méditerranée et le gouvernement italien a interdit l’accès à ses ports des navires concernés.

Le blocage symbolique de la frontière franco-italienne dans les Alpes

Romain Espino a commenté une autre action saillante, le blocage de la frontière franco-italienne dans les Alpes pour lequel une banderole déployée Frontière fermée, vous ne ferez pas de l’Europe votre maison…  caractérisait l’esprit de cette manifestation. Là, l’action visait des immigrants clandestins, déjà présents en Europe qui bénéficient de la complicité de passeurs mus par des motifs idéologiques. La visée était de montrer qu’il était possible pour les responsables politiques de contrôler les frontières et donc de défendre leur peuple.

Dans la conduite de l’action, il faut observer que sur le terrain, les militants ont plutôt reçu un bon accueil des forces de l’ordre. Comme conséquence positive, cette action a eu pour effet la décision du gouvernement de renforcer les effectifs pour la surveillance de la frontière.

Malgré des résultats favorables et, à l’évidence, une compréhension d’une partie au moins de l’opinion, les conséquences judiciaires et en termes de liberté d’expression ont été lourdes.

Censure et répression judiciaire

Concernant la liberté d’expression, ce fut la censure à travers la fermeture des comptes sur les réseaux sociaux et l’occultation du mouvement par les médias.

Mais le tribut le plus écrasant a été d’ordre pénal avec les dures condamnations prononcées à l’encontre de militants de Génération identitaire. Si l’opération menée dans les Alpes, l’a été dans le plus grand calme sans contrevenir à l’ordre public, des poursuites ont été néanmoins engagées par la justice sous le chef d’accusation de Ayant exercé une activité dans des conditions de nature à créer dans l’esprit du public une confusion avec l’exercice d’une fonction publique du fait que les militants incriminés étaient vêtus de blousons bleus.

A l’issue du procès en première instance devant le tribunal correctionnel, trois responsables de Génération identitaire dont Clément Galant et Romain Espino ont été condamnés chacun à six mois de prison ferme, cinq ans d’inégibilité, cinq ans de privation de droits civiques et familiaux et 75 000 euros d’amende ; l’association Génération identitaire ayant été condamnée pour sa part à une amende de 75 000 euros. Il s’agit des peines maximales prévues par le code pénal.

Au vu de ces condamnations, il apparaît que le gouvernement a fait une erreur magistrale de deux points de vue :

  • s’agissant d’un Etat fort, d’un grand Etat, en réprimant à ce niveau, par le biais de la Justice, un petit mouvement de jeunesse politique, ce gouvernement a montré que ce petit mouvement avait sans doute raison dans son analyse et même dans ses solutions par rapport à l’immigration ;
  • la condamnation a engendré un soutien massif non seulement des sympathisants de Génération identitaire mais de la part d’un horizon plus large et aussi de l’univers politique de droite quelle que soit sa tendance partisane.

Une autre conséquence quant à la liberté d’expression est la clôture des comptes sur les réseaux sociaux, ceux-ci étant une arme pour la liberté d’expression. Cette censure a touché non seulement ces comptes mais ceux des médias qui ont évoqué les actions de Génération identitaire.

Pour suivre encore les activités du mouvement, il faut observer qu’il dispose encore d’une page sur l’application Telegram et d’un site internet. Or Génération identitaire a besoin de réunir des fonds pour assurer les frais des procès en cours, 17 au total.

Intervention de Maître Frédéric Pichon

Maître Frédéric Pichon, cofondateur du collectif des avocats contre la répression policière a débuté son intervention par une citation de Camille Desmoulins : Ce sont les despotes maladroits qui se servent des baïonnettes : l’art de la tyrannie est de faire les mêmes choses avec des juges. La question de la soumission de la justice au pouvoir politique n’est donc pas nouvelle. Cette constante de l’histoire doit amener à relativiser quelque peu les problèmes présents. Pour autant, il faut constater l’incroyable recul, depuis quelques mois, des libertés publiques et de la liberté d’expression. Mais en aucun cas il ne faut verser dans un quelconque fatalisme qui conduirait à une démobilisation. Tout procès ne conduit pas nécessairement à une condamnation et lorsqu’il y a condamnation, ce doit être considéré comme une victoire politique et morale. Maître Frédéric Pichon a précisé que pour sept procès intentés devant la 17ème Chambre correctionnelle contre Riposte laïque dont il était le défenseur, il a gagné ces sept procès.

Ne pas céder aux intimidations du pouvoir ! - Maître Pichon au Forum de la Dissidence 2019

Une réflexion sur la justice

L’exemple précédent amène à une réflexion sur la Justice pour laquelle il convient déjà d’établir une distinction entre les magistrats du siège et les magistrats du Parquet, ces derniers étant aux ordres du pouvoir. Concernant les magistrats du siège, ceux-ci sont théoriquement indépendants. Mais il est nécessaire d’être conscient qu’à côté de la censure, il existe l’autocensure. La magistrature ne doit pas être vue ni commun un bloc ni comme un corps au sein duquel la sensibilité politique influencerait les décisions. Ainsi des magistrats considérés plutôt comme penchant vers la droite rendent parfois des jugements qui paraissent inspirer par l’autre bord. C’est cela l’autocensure, un manque de courage. En revanche d’autres magistrats connus pour des opinions les classant à gauche font preuve d’une parfaite rigueur intellectuelle dans les décisions rendues. Ceci démontre qu’il ne faut jamais renoncer et qu’il est impératif de présenter une défense fortement argumentée : c’est le rôle incontournable de l’avocat.

Quant à la condamnation qui forge une victoire politique, celle subit par les trois membres de Génération identitaire pour leur action dans les Alpes est à cet égard emblématique. En prononçant des peines maximales, la Justice a suscité l’indignation jusque dans les rangs de parlementaires Les Républicains. Si la Cour s’en était tenue à des peines modérées pour ne pas prononcer une relaxe, l’écho aurait été quasiment inexistant.

Aller jusqu’au bout de la procédure

Dans tous les cas, il est nécessaire de se battre jusqu’au terme de la procédure en se pourvoyant en cassation si nécessaire. Christian Vanneste et Eric Zemmour ont ainsi remporté un succès judiciaire. De ce fait les décisions des Cours d’appel n’ont pas fait jurisprudence. Certes cela à un coût mais cela peut éviter des condamnations parfois lourdes et l’opprobre sociale.

La meilleure défense c’est l’attaque

L’erreur serait de plaider l’excuse liée à des problèmes personnels ou autres. Au contraire, face à une juridiction de province et à des avocats de la partie adverse enserrés dans leurs certitudes idéologiques, l’attaque est la seule attitude qui vaille. Mettre en cause les lois et les présupposés idéologiques qui forment leurs convictions les déstabilisent. Même si le procès est perdu, il n’y a pas alors de déshonneur.

Notre courant de pensée n’est pas dans le camp du parti de l’ordre

Par principe il faut défendre la liberté d’expression quels que soient ceux qui en sont les victimes. Il faut observer que les Gilets jaunes n’étaient que de pauvres gens, objet d’une répression brutale. Les armes utilisées pour le maintien de l’ordre sont en fait des armes de terreur judiciaire. Il ne faut donc pas hésiter dans la stratégie de défense à recourir à la défense de rupture. Ainsi, la personne blessée lors de la manifestation des Gilets jaunes, le 16 novembre 2019 a refusé d’être entendue par l’IGPN dont les enquêtes n’aboutissent pratiquement pas. Mais cette stratégie de rupture doit être menée avec élégance et courtoisie dans la forme tout en étant extrêmement ferme sur le fond. Ce fut la méthode dont a usé Jacques Vergès qui met très mal à l’aise les magistrats.

En conclusion, il ne faut jamais renoncer à se battre mais aller jusqu’au bout de la procédure avec le conseil d’un avocat qui soit un avocat politique, qui ne craint pas de mettre en cause la légitimité des poursuites. Soljenitsyne disait : Celui qui résiste ne tombe pas, il n’y a que le fuyard qui tombe.

Intervention d’Anne-Laure Blanc, présidente de Solidarité pour tous

L’association Solidarité pour tous a été fondée au printemps 2013 au moment des manifestations de protestation contre l’instauration du mariage pour tous. Il s’agissait d’offrir une assistance aux victimes de la répression policière et judiciaire lors de ce mouvement de contestation. Cette assistance portait, entre autres, sur le choix des avocats, c’est-à-dire des conseils courageux, en empathie avec leurs clients. Comme il ne fallait pas compter sur l’aide juridictionnelle gratuite, le plus souvent accordée aux voyous de toute espèce, l’association a fait appel à la générosité du public permettant de distribuer plusieurs dizaines de milliers d’euros grâce aux dons recueillis.

A l’automne 2013, avec Jour de Colère, Solidarité pour tous a étendu autant qu’il lui était possible le domaine dans lequel l’association exerce ses actions de solidarité. Ainsi, les Hommens, les Veilleurs, les Identitaires en ont bénéficié.

Pour montrer dans la pratique la réalité des actions menées, Anne-Laure Blanc a cité quatre exemples.

La solidarité avec les victimes de la répression - Anne-Laure Blanc au Forum de la Dissidence 2019

Anne-Sophie Leclère

Cette candidate aux élections municipales de Rethel, exclue du Front National à la suite de l’affaire, avait partagé sur les réseaux sociaux une caricature de Christiane Taubira la représentant à côté d’une guenon. Après sa mise en examen et sa condamnation par le tribunal de Cayenne à neuf mois de prison ferme, cinq ans d’inégibilité et 50 000 euros d’amende, l’association a proposé à l’ancienne candidate le soutien de Maître Jérôme Triomphe qui a obtenu, après trois ans de procédure, en septembre 2016, une peine ramenée à 3 000 euros d’amende avec sursis. Anne-Sophie Leclère a retrouvé sa dignité et une certaine sérénité à défaut du soutien du Front National.

Samuel Dufour

Samuel Dufour a été poursuivi par la justice à la suite de la mort de Clément Méric, le 5 juin 2013. Bien qu’il n’ait porté aucun coup lors de la rixe mortelle qui avait entraîné le décès de ce dernier. Clément Méric s’en était pris, lui et ses camarades, au groupe que formaient notamment Samuel Dufour et Esteban, l’auteur des coups, il fut condamné par la cour d’assises de Paris à sept ans de prison ferme du fait de sa participation à la rixe. L’avocat de Samuel Dufour a obtenu sa remise en liberté quatre mois après la condamnation.

Samuel Dufour a fait appel de la condamnation, assisté par deux nouveaux avocats. Compte-tenu de l’importance des frais qu’implique une défense devant la Cour d’assises, même si ces avocats ne sont pas mus par l’argent, Samuel Dufour a obtenu l’aide de Solidarité pour tous. Le procès en appel s’est ouvert le 9 décembre devant la cour d’assises de l’Essonne.

Florina Lignier

Florina Lignier a été grièvement blessée (perte de l’œil gauche) le 8 décembre 2018, avenue des Champs Elysées, au cours de la manifestation des Gilets jaunes. Elle manifestait en particulier contre le pacte de Marrakech. Elle se trouvait non loin du drugstore Publicis auquel s’en prenait un groupe de casseurs. Bien que non violente et totalement distincte de ce groupe elle a reçu en plein visage une munition tirée par un membre des forces de l’ordre.

Auteur d’un livre Tir à vueelle relate son calvaire, Florina Lignier a bénéficié d’une aide de Solidarité pour tous pour couvrir ses frais d’avocat pour l’action judiciaire qu’elle intentée pour obtenir réparation.

L’ICES

Il s’agit de l’Institut catholique d’études supérieures de la Roche-sur-Yon dont douze étudiants avaient taquiné des LGBT qui participaient à un village associatif. Cette action, assez enfantine, a donné lieu à des poursuites judiciaires. Lors du procès, dans ses réquisitions, le procureur a demandé des condamnations de 2 à 8 mois de prison avec sursis et entre 200 et 300 heures de travaux d’intérêt général. Le tribunal a prononcé des peines maximales de deux mois de prison avec sursis et 240 heures de TIG (la majorité étant condamné à 100 heures de TIG) et 100 euros d’amende.

Le plus choquant est encore l’attitude de la direction de l’ICES qui a transmis à la police les noms et les adresses des étudiants qu’il lui avait été possible d’identifier. Trois étudiants considérés comme meneurs ont été exclus de l’établissement et les autres ont été sanctionnés par des travaux d’intérêt général à l’intérieur de celui-ci.

Solidarité pour tous a organisé une collecte au bénéfice des étudiants condamnés.

Le 5ème Forum de la dissidence a attribué le prix du Trouillard d’or au directeur de l’établissement, Eric Delabarre.

A travers ces exemples, il s’est agi d’illustrer la démarche de Solidarité pour tous qui consiste à ne pas céder aux intimidations et à organiser la riposte. Voilà pourquoi, il est nécessaire de recueillir des dons pour assurer un soutien matériel à ceux qui, notamment isolés, n’ont guère de moyens pour se défendre. Au-delà de ce soutien matériel, il y a le soutien moral : savoir que derrière nous, il y a du monde, cela aide !

Intervention de Vincent Badré

Vincent Badré est l’auteur de l’Histoire politisée ? et de l’Histoire Fabriquée ? En tant que professeur d’histoire, il a témoigné de la manière dont les choix en termes de thèmes à étudier ont de profondes implications politiques. Si le choix est nécessaire, celui-ci peut être plus ou moins juste et honnête. Vincent Badré s’est proposé de le démontrer au moyen de quelques exemples.

Combattre la propagande à l'école - Vincent Badré au Forum de la Dissidence 2019

La réforme des programmes d’histoire

Au regard des nouveaux programmes d’histoire décidés en 2010 durant la présidence de Nicolas Sarkozy, Dimitri Casali, qui avait lancé une pétition recueillant 27 000 signatures, a montré que la part dévolue à Louis XIV et à Napoléon avait été largement dépréciée au bénéfice de l’étude des royaumes africains esclavagistes. Avec l’appui d’intellectuels de tous bords comme Jacques Julliard, Pierre Nora et d’autres, la démarche a abouti à une nouvelle orientation des programmes destinés aux élèves de première et de terminale d’enseignement général. Ils mettent en avant la nation, la continuité et la chronologie. Ainsi, s’agissant de la Révolution, l’intitulé donné au programme est La Révolution française et l’Empire une nouvelle conception de la nation. Néanmoins, ce changement d’approche se heurte à la résistance de certains inspecteurs pour lesquels l’histoire ne saurait être étudiée de manière linéaire. Il n’empêche que dans la pratique, la lecture des nouveaux manuels montre l’évolution en cours. S’agissant par exemple de l’histoire de la Méditerranée médiévale, il est indiqué qu’il y a eu une attaque de Théssalonique en 904 par les Arabes qui précède donc les Croisades. Un tel fait n’était pas mentionné auparavant. Il était oublié que le jihad précédait les Croisades.

Pour les programmes géographie, au sujet de la démographie, citant le Japon, il était observé le vieillissement de la population en y adjoignant un commentaire selon lequel l’immigration pourrait être une solution. Il faut noter que le procédé ne relève pas de l’affirmation directe mais de l’insinuation ce qui est beaucoup plus insidieux.

A cela s’ajoute les programmes de spécialité que doivent suivre les élèves qui se destinent à ceux qui souhaitent s’orienter vers le droit, les sciences politiques, les écoles de commerce, l’histoire, la géographie, les études littéraires. Pour un certain nombre de thèmes, ces programmes de spécialité s’inscrivent dans une orientation idéologique. Ainsi, les enseignants sont tenus de faire une leçon d’une vingtaine d’heures environ sur la question des frontières. Au regard de celles-ci, sous l’Empire romain, la frontière ne doit pas être seulement vue comme un rempart contre les Barbares mais aussi dès cette époque comme des zones d’échange. Tout cela pour s’achever sur l’étude des espaces transfrontaliers européens.

Un autre aspect de ces programmes de spécialité qui démontre leur orientation idéologique est la réflexion sur la démocratie. A travers un schéma figurant dans un livre, Vincent Badré a montré comment est mis en exergue une certaine conception de la démocratie avec une présentation des défauts de la démocratie directe et de la démocratie représentative et de tous les avantages de la démocratie déléguée européenne. Par ailleurs, au chapitre sur les riches et les pauvres en particulier dans la société actuelle ont été substitués deux chapitres : l’un sur le patrimoine ; l’autre sur l’enjeu de la connaissance. Nous serions entrés depuis 1965 dans une société de la connaissance, une société presque transhumaniste puisqu’il n’y aurait plus de pauvres puisque tout le monde est connecté à internet.

L’Histoire et la vérité

Vincent Badré a insisté aussi sur un point essentiel : la notion de vérité. Est-il possible d’affirmer qu’il y a en histoire une vérité ou une vérité qui est opposée à la thèse officielle ou jusque-là reconnue ? Citant un article sur la naissance de l’islam, l’auteur de celui-ci y présente une hypothèse qui se veut une alternative possible sans pour autant prétendre à l’authenticité. C’est là une démarche fort satisfaisante pour l’historien qui montre qu’il y a beaucoup à gagner à lire les historiens universitaires. L’universitaire a cet atout qu’il approfondit les recherches. il n’affirme pas par rapport à la question étudiée (l’exemple est en l’occurrence celui de l’islam) qu’il existe une autre solution mais sa recherche a pour objectif d’analyser les faits pour mieux sérier la connaissance historique.

L’histoire et la politique

Une histoire soucieuse d’objectivité dans la mise à jour de la connaissance permet indirectement de penser la politique. Il existe en particulier un point important qui est la notion des proportions. Ici, Vincent Badré a cité comme référence un article portant sur le nombre de soldats de la Grande armée de Napoléon du début à la fin de la campagne de Russie. Si les proportions relatives aux pertes durant cette campagne ne sont pas prises en compte, il s’avère difficile de comprendre la suite des évènements. Or la société, aujourd’hui, est très tournée vers les proportions lorsqu’il s’agit d’évoquer les discriminations, elle l’est beaucoup moins dans d’autres cas. Mais pour comprendre cette société présente, il est indispensable de conduire un raisonnement en termes de groupes et de proportions en occultant aucun des aspects.

Bien sûr, les proportions ne constituent que l’un des éléments de l’analyse historique, certes essentiel. Un autre domaine important tient aux choix personnels comme facteur à considérer dans cette analyse historique. Sonia Mabrouk, journaliste d’origine tunisienne, en constitue une intéressante illustration. Elle a notamment publié un article dans le Figaro intitulé : Remettons l’église au centre du village. Elle traduit par-là les raisons d’un engagement en montrant, d’une part, une appropriation culturelle de sa société d’accueil et, d’autre part en prenant l’église comme bâtiment, non comme institution, elle présente cette église comme la garantie d’une certaine sociabilité au cœur du village.

Alors, l’historien, ayant intégré ces différentes données, est alors en mesure d’exposer ses propres convictions par rapport à un thème particulier vu dans toute sa complexité. Ainsi le populisme ne saurait être considéré comme une masse indistincte mais comme une manifestation qui recouvre un ensemble de phénomènes qui touchent à la souveraineté, à l’économie, aux enracinements et sur la manière de les faire revivre.

L’histoire et les sources d’information

Tout cela montre que celui qui s’engage dans le monde intellectuel doit approfondir la connaissance et l’expression subtile et nuancée de ses propres convictions comme celles de ses adversaires. Cela suppose, ce qui est l’une des grandes difficultés de l’époque présente de trouver des sources d’information alternatives. Les deux livres publiés par Vincent Badré l’Histoire politisée ? et de l’Histoire Fabriquée ? visent à répondre à cette préoccupation.

  • L’Histoire Fabriquée ? consiste à présenter les explications fournies par les manuels scolaires à toute une série de questions considérées comme difficiles et, face à ces explications, apportées des éléments de réponses au travers de références à des livres ou à des résumés.
  • L’Histoire politisée? cherche à comprendre le fonctionnement des polémiques.

En conclusion, Vincent Badré a présenté des sources d’information possibles par rapport à l’histoire : les livres de Jean Sévilla, les manuels dirigés par Dimitri Casali, les sites Mythes et antimythes, Herodote.net.

Michel Leblay
21/12/2019

Source : Correspondance Polémia

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