Sus à la démagogie hollandienne!
Dominique Garraud, publié le 17 août 2017 à 17h50.
Combien de demandeurs d’emploi vont se retrouver dans la situation de Cynthia Michas, la jeune lectrice qui nous a alertés sur l’annulation à la dernière minute de son contrat d’accompagnement dans l’emploi (CAE), faute de financement de l’État? Dans toute la France, des témoignages similaires se multipliaient jeudi sur fond d’inquiétude des collectivités locales, grosses consommatrices d’emplois aidés. Invoquant l’ardoise budgétaire de son prédécesseur, le gouvernement reconnaît du bout des lèvres la remise en cause radicale d’un système d’aides vieux de trois décennies et dont l’efficacité contre le chômage est fortement contestée.
Tout à son obsession d’inversion de la courbe du chômage, François Hollande avait en fin de quinquennat lourdement chargé la barque des emplois subventionnés. 460.000 pour 4,2 milliards d’euros en 2016, puis 280.000 cette année pour 2,4 milliards, une dotation « sous-évaluée » et consommée « aux deux tiers » dès le premier trimestre, selon la ministre du Travail Muriel Pénicaud qui aurait arraché à Bercy des crédits pour 13.000 contrats supplémentaires d’ici la fin de l’année. Autant reconnaître d’emblée que nombre de promesses d’emploi ne pourront pas être tenues.
Dans la foulée du rapport assassin de la Cour des comptes sur un système de contrats aidés coûteux et sans effets remarquables sur l’insertion et l’emploi, Emmanuel Macron plaide ouvertement pour son abandon progressif au profit d’un plan de relance de la formation professionnelle, prévu à l’automne avec un financement de 15 milliards d’euros sur le quinquennat. Mais aussi rares soient les défenseurs d’aides servant essentiellement d’ajustement politico-social à un chômage endémique, Muriel Pénicaud reconnaît volontiers que le passage d’un système à l’autre sera long et socialement douloureux. Car, comme pour l’épisode de la réduction des aides au logement, le caractère abrupt de la réduction des emplois aidés aura pour effet direct de grossir les rangs des déçus précoces d’un macronisme parti pour réformer le système social français à marche forcée.
Dominique Garraud, éditorial
17/08/2017)
(Source : Charente libre, 17/08/2017)