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C’est la démocratie qu’on assassine à Athènes

C’est la démocratie qu’on assassine à Athènes

par | 3 octobre 2013 | Géopolitique

La démocratie est née en Grèce. Elle y a été assassinée samedi 28 septembre 2013. Quand une police politique arrête la nuit 6 députés pour des faits qu’ils n’ont pas commis et sans avoir obtenu la levée de leur immunité parlementaire, nous ne sommes plus en démocratie mais en dictature. D’autant que la rafle d’Athènes a pour principal objectif de sortir du jeu un parti politique dont l’un des leaders était donné gagnant pour la mairie d’Athènes. Alors qu’Aube dorée était au plan national donnée deuxième en intention de vote chez les moins de 45 ans.
Alors il n’y a pas besoin de partager les idées et les méthodes d’Aube dorée pour s’inquiéter de cette évolution dictatoriale d’un des pays de l’Union européenne. D’ailleurs que sait-on vraiment d’Aube dorée derrière le brouillard de la désinformation ? Dans un esprit de réinformation Polémia donne à ses lecteurs un point de vue grec cueilli sur Vox NR.
Polémia

À moins de savoir assez bien le grec moderne pour pouvoir consulter le site officiel d’Aube dorée, il est extrêmement difficile d’avoir sur les événements en cours une autre version que celle des grands médias. Le site Golden Dawn International, tenu par des militants américains de l’Aube dorée, n’a pas été mis à jour depuis plus d’une semaine. Radio Bandiera Nera, la webradio du mouvement italien Casapound, a donc réalisé un entretien par Skype avec Costantino (Kostas), militant historique de l’Aube dorée et animateur de l’émission hebdomadaire hellénophone, RBN Hellas. Costantino a fait ses études en Italie et est parfaitement bilingue. Diffusé en direct mardi à 18 heures, l’entretien est désormais disponible à la réécoute. Pour tous ceux qui, sans nécessairement partager toute l’idéologie ou approuver toutes les manières de faire du parti le plus honni d’Europe, veulent entendre une autre voix voici le texte de cet entretien traduit en français par Novopress.

Que s’est-il réellement passé ?
Après la mort d’un jeune antifasciste, il y a deux semaines, à la suite d’un affrontement entre supporters de football dans la banlieue d’Athènes, la gauche, le centre, les socialistes et aussi la droite grecque ont commencé à attaquer Aube dorée. Les sondages nous attribuaient désormais plus de 15% au niveau national. Le numéro 3 de notre mouvement était donné par les sondages comme probable prochain maire d’Athènes, avec plus de 60% des intentions de vote. Vous pouvez imaginer ce que pouvait signifier conquérir la ville la plus importante de Grèce.

Et il a été arrêté lui aussi ?
Tout à fait. Il a été arrêté en même temps que notre premier secrétaire, que le secrétaire adjoint du parti, et que quatre autres députés qui faisaient partie du noyau historique d’Aube dorée – ce n’étaient pas des nouveaux venus. Ils savaient parfaitement qui arrêter. S’est alors ouverte une chasse au « fasciste » avec plus de 30 arrestations. Et ils n’ont pas encore terminé.
Les accusations sont terribles : la principale est l’association de malfaiteurs. Désormais tous les militants, et les électeurs, qui sont plus de cinq cent mille, sont traités de délinquants par les journaux télévisés et les radios. Et puis extorsion de fonds, détention d’armes. Ils découvriront sûrement des avions, des porte-avions, des chars d’assaut. Nous les avions pourtant bien cachés, tous les chars d’assaut que nous possédions.
Je dois ajouter que, la semaine dernière, ils ont fait arrêter quatre haut-gradés de la police pour liens présumés avec notre mouvement, ainsi que des agents des forces spéciales grecques. Vous pouvez voir qu’il s’est agi d’une attaque bien étudiée.
Ils ont en outre arrêté les nôtres un samedi, quand le parlement grec ne siégeait pas, et donc sans attendre un vote pour lever l’immunité de nos députés. C’est la première fois, non seulement en Grèce mais, je crois, dans toute l’Europe, que le premier secrétaire d’un parti, et qui est député, est arrêté sans vote du parlement.

Peux-tu nous expliquer comment fonctionnent exactement en Grèce les dispositions sur l’immunité parlementaire? Existe-t-il une loi du même genre qu’en Italie [et qu’en France, NdT] ?
Oui, il y a une loi du même genre. Si l’on veut arrêter un parlementaire, il faut aller au parlement et les députés doivent voter la levée de l’immunité. C’est ce que prévoiraient les normes démocratiques. Mais elles ne nous ont pas été appliquées à nous.

Voilà donc la situation judiciaire. Peux-tu nous parler à présent de la situation politique? Est-ce que le mouvement est en train de réagir? Dis-nous bien sûr seulement ce qu’il est opportun de dire en public.
Oui, même si notre leader est en prison, sa femme, qui est elle aussi députée, lui sert de porte-parole et est en contact avec lui. D’ici 3 ou 4 jours, nous verrons les développements, y compris judiciaires, mais nous sommes là.
Mais savez-vous comment ils font? Ils entrent dans les maisons des militants, ils trouvent des tee-shirts d’Aube dorée et des drapeaux grecs. A ce propos, le ministre de la justice a déclaré officiellement que la police avait le droit d’arrêter et de fouiller toute personne qui porte un drapeau grec dans la rue. Aujourd’hui donc, le drapeau grec est quelque chose de criminel. Pour le reste, ils ont tout au plus trouvé des armes-jouets à air comprimé.
Et puis cette semaine, le parlement votera une nouvelle loi « antiraciste » et vous pouvez imaginer quelles seront les règles.

Quelles sont les dispositions actuelles en Grèce? Existe-t-il une loi analogue à la loi Mancino [loi italienne de 1993, qui est l’équivalent, en beaucoup moins rigoureux, des lois Pleven et Gayssot en France, NdT] ?
Il existe une loi mais plutôt « douce » Par exemple, il est permis d’utiliser le symbole du faisceau ou de faire le salut romain. La nouvelle loi que le parlement est sur le point d’approuver, en revanche, sera peut-être encore plus dure que la loi allemande.

Quelle a été la réaction des gens ordinaires ?
Dans toute cette affaire, c’est là que je peux dire quelque chose de positif : les gens ordinaires n’ont pas gobé ces mensonges. Je parle avec les gens et ils sont tous avec nous. Même des gens qui n’ont pas voté Aube dorée jusqu’ici, mais qui disent « à présent, je voterai pour elle! » La Grèce est un État qui traverse en ce moment une crise terrible, elle est probablement déjà en faillite, les banques nous ont tout pris, il y a le nouveau mémorandum [le nouveau plan d’austérité] qu’ils ont déjà voté et personne ne le sait, et pendant ce temps la presse parle d’Aube dorée.
Vous autres Italiens, du reste, vous avez vécu les années 1970, et vous savez ce qu’est le mensonge d’État. Mais cette fois, probablement, ils ont exagéré.
Nous avons bon moral et ceux qui le peuvent vont tous les jours protester devant le Palais de Justice, même au risque d’être arrêté. »

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