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Affaire Le Graët : un exemple de lapidation médiatique

Affaire Le Graët : un exemple de lapidation médiatique

par | 11 janvier 2023 | Société

Par Pierre Boisguilbert ♦ C’est sans doute la plus grosse polémique médiatique de ce début de semaine. L’affrontement autour des propos de Noël Le Graët à l’encontre de Zinédine Zidane n’en finit pas. On apprend même aujourd’hui que Noël Le Graët se met en retrait de la FFF. Sur cette polémique, voici un texte de Pierre Boisguilbert.
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On notera que c’est Mbappé qui lui aura jeté la première pierre. La meute a suivi. Noël Le Graët, lors d’un long entretien, a traité, sans l’insulter mais par-dessus la jambe, le cas de Zidane et la volonté de ce dernier de devenir entraîneur de l’équipe de France à la suite de Deschamps. Pour Mbappé, il y a eu immédiatement crime de lèse-footballeur. Comme une sorte de blasphème vis-à-vis d’un dieu avéré de la nouvelle religion révélée. « Zidane, c’est la France, on ne manque pas de respect à la légende comme ça… »

Pourquoi Mbappé ? Parce qu’il s’attribue un rôle moral et politique, en se servant du sport certes, mais surtout il règle un vieux compte. Kylian qui avait raté un penalty avait été l’objet d’insultes racistes stupides. Il ne l’avait pas accepté et aurait voulu voir le président de la fédération lui apporter tout son soutien. Le Graët, très vieux mâle blanc, est resté sur la réserve, il le paye aujourd’hui.

Tout de suite est tombé le communiqué Mbappé ; puis cela a été un déchaînement. Il n’y avait plus que ce sujet dans les médias, comme si on avait caricaturé un prophète. Certes les propos de Le Graët étaient inappropriés, mais la réaction l’était encore plus. On lui a tout sorti. Un ivrogne, vulgaire, raciste, homophobe, et accusé de comportements sexistes voire harceleurs. Et comme par hasard, le lendemain sur BFMTV, agente de joueurs, Sonia Souid dénonce, à la suite d’un long entretien à L’Équipe, le comportement déplacé du président de la Fédération française de football, Noël Le Graët, de 2013 à 2017, à son encontre. Il n’a rien fait qui soit susceptible de poursuites, mais tant pis pour lui, il y pensait très fort et a tendu des perches. Le sort de Le Graët est donc entendu.

La ministre des Sports a cru bon d’enfoncer le clou au pupitre de son ministère. Amélie Oudéa-Castéra n’était pas uniquement venue présenter ses vœux à la presse, lundi 9 janvier. Au lendemain des déclarations polémiques du président de la Fédération française de football (FFF), Noël Le Graët, sur Zinedine Zidane, la ministre des Sports a appelé la quinzaine de membres du comité exécutif (comex) de la FFF à « prendre [leurs] responsabilités » au sujet du dirigeant breton, dont les innombrables « sorties de route successives » sont venues à bout de sa patience. On a eu droit à un réquisitoire lourd comme une mauvaise drague et qui laissait mal à l’aise. Trop, c’est trop, d’autant plus que la ministre ne pouvait pas en faire plus. Elle a tiré, maladroitement mais avec délectation, un tir sans doute commandité par l’Élysée, sur une ambulance.

Reste les dégâts collatéraux possibles. Car, certes Le Graët est cuit. Mais comment oublier qui a redressé l’équipe de France ruinée et discréditée après le naufrage en Afrique du Sud, gagné une Coupe du monde ? Et qui vient de conforter pour quatre ans Deschamps, l’idole des Français, qui lui donne du « mon président » long comme le bras ?

Le malaise vient du traitement médiatique ; la mise au bûcher avec des politiques qui jettent du bois pour attiser le brasier contre l’hérétique est gênante. On ne peut plus rien dire contre une idole du foot, pas plus que sur les femmes ou les handicapés. Il est ainsi obligatoire de s’extasier sur l’entretien du président Macron dans le cadre des « rencontres du Papotin ». L’interview du président de la République par des personnes atteintes de troubles autistiques, diffusée samedi 7 janvier sur France 2, a été unanimement célébrée dans tous les médias en extase. Ceux qui ont été finalement plus gênés par cette communication que par autre chose n’osent même pas le dire. La sincérité des journalistes pas comme les autres n’est certes pas en cause. La diffusion en dehors du média concerné est un tout autre problème de communication manipulée, comme l’apparition, à la veille de la réforme des retraites, de Mme Macron sur TF1. Elle encense son mari mais évoque aussi les retraites. Brigitte Macron a tenu à adresser un message aux jeunes. « Ce que me disent les plus jeunes, c’est : “De toute façon, on n’aura pas de retraite.” Moi, ce que j’ai envie de dire aux jeunes, c’est que tout est fait pour que vous en ayez une. » De toute évidence, sur TF1 il manquait un journaliste de Papotin.

Pierre Boisguilbert
11/01/2023

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