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Victoria Nuland/UE : quand les USA ne respectent plus leur sous-traitant

Victoria Nuland/UE : quand les USA ne respectent plus leur sous-traitant

par | 15 février 2014 | Géopolitique

« Un pays qui s’est habitué à dominer et à imposer sa volonté à toute l’humanité a bien trop de mal à accepter la nouvelle donne au niveau mondial. »

Nos médias n’ont eu de cesse de s’ébaudir devant les chaleureuses amabilités déployées par Obama à l’égard du président Hollande en visite d’État aux États-Unis. L’accueil du président américain réservé à son homologue français était touchant. Cet excès d’affabilités et de civilités plus que convenues n’était-il pas plus simplement pour évacuer le « Fuck Europe » de la distinguée Madame Victoria Nuland lancé quelques jours plus tôt et rapidement dévoilé. On aura remarqué que notre président a parfaitement joué le jeu, rayonnant de bonheur et véritablement aux anges pendant tout son court séjour. Il n’a été relevé aucune allusion à quoi que ce soit qui aurait pu fâcher de part et d’autre, même à Silicon Valley, lors de son déjeuner avec les patrons des géants de l’Internet, avec lesquels il s’est bien gardé d’aborder les contentieux en cours, fraude fiscale, appelée gentiment « optimisation fiscale », délocalisation de sièges sociaux à l’étranger et protection des données personnelles par exemple.
Vu de l’autre bout de la lorgnette, l’enthousiasme n’est pas le même : les relations entre Kiev, Moscou et l’Occident sont plus compliquées. Polémia a relevé sur le site de La Voix de la Russie un article dont l’auteur, après avoir dénoncé l’absence de réaction de l’Union européenne au dernier camouflet venant d’outre-Atlantique, constate une fois encore la subordination de l’UE aux USA et s’insurge contre l’ingérence des représentants de ces derniers, allant jusqu’à dicter « une future composition idéale » du gouvernement ukrainien.
Polémia

On connaît le rôle néfaste des USA et de l’UE dans la crise ukrainienne. On connaît également la relation qu’entretiennent ces deux protagonistes : un rapport, il faut bien le dire, entre maître et sous-traitant. Mais lorsqu’on l’entend de vive voix, c’est toujours plus intéressant.

« Que l’UE aille se faire foutre ! »

Tels étaient les principaux titres de pratiquement tous les médias il y a à peine quelques jours. Blague ou provocation ? Non. Simplement les propos tenus par Victoria Nuland, la secrétaire d’État américaine adjointe chargée de l’Europe, tenus vraisemblablement (*) lors d’une discussion téléphonique avec l’ambassadeur étasunien en Ukraine, Geoffrey Pyatt.

Incroyable ? Pas tant que cela. Car derrière la pseudo « amitié et alliance » qui unit les États-Unis d’Amérique et l’Union européenne, il y a une nette subordination qui ne manque pas d’être rappelée à chaque nouvelle occasion par le leader du « groupe », en l’occurrence les USA. Le plus terrible dans cette situation n’est pas tant l’insulte et la gifle que donne la représentante du pouvoir étasunien à ses homologues européens, qui humilie par la même occasion toute l’Europe (dans sa version UE), mais le fait que des représentants d’une nation donnée « discutent » sans vergogne de l’avenir d’un pays indépendant et souverain, en l’occurrence l’Ukraine.

Pire que cela, dans le même enregistrement on les entend parler de la « future composition idéale » du gouvernement ukrainien, en accord avec leurs intérêts. Le tout, bien évidemment, à condition de faire tomber Viktor Ianoukovitch, le président légitimement élu par le peuple ukrainien… Et l’UE dans tout cela ? À en croire Nuland, les fonctionnaires européens font bien mal leur travail et ne sont vraisemblablement pas assez actifs dans leur rôle de faire destituer le gouvernement ukrainien, ayant fait marche arrière dans la signature d’un accord d’association avec l’Union européenne, signifiant par la même occasion le renforcement des liens avec la Russie, pays frère.

En tout cas, ladite discussion, si l’on peut l’appeler ainsi, a confirmé non seulement l’implication des pays occidentaux dans la situation interne en Ukraine, mais aussi les relations entretenues entre les États-Unis et leurs satellites, à savoir des relations dans lesquelles manque cruellement la notion de respect. Mais si cette absence de respect de la part des USA envers ses « alliés » n’est nullement surprenante pour un pays qui ne veut toujours pas lâcher son désir de domination sur le monde, le manque de réaction adéquate de la part du bloc de pays qui affirme « représenter » le continent européen, lui, l’est beaucoup plus…

Car si l’UE n’est de loin pas le représentant de toute l’Europe, cette organisation pourrait néanmoins ne serait-ce qu’essayer de montrer qu’elle a un peu de poids et de dignité. Nous avons vu la « puissance » de l’UE lorsque des pays européens ont appliqué les ordres de Washington dans le cas de Julian Assange. Nous l’avons également vu après les révélations d’Edward Snowden lorsque le monde a appris que les USA nous espionnent pratiquement tous sans exceptions, y compris leursdits alliés : ces mêmes fonctionnaires de l’UE. Après des réactions de certains leaders européens qui avaient exprimé leur « surprise » et le fait d’être si « scandalisés » par ces informations quant à l’écoute de leurs conversations, il n’y a eu véritablement aucune suite donnée à cette affaire par les technocrates de Bruxelles. Vraisemblablement, Bruxelles fait entièrement confiance à Washington quant à sa sécurité et toutes ces écoutes et espionnages se font au final pour le grand « bien » des Européens. Il faut bien le croire. On se doit de faire confiance à ses alliés, y compris lors d’humiliations.

Plus que cela, l’UE ayant refusé toute assistance et asile politique au courageux Edward Snowden, elle avait même tenté de le livrer à la direction étasunienne. On se souvient tous de la situation avec Evo Morales, président de la Bolivie, qui rentrait d’une visite à Moscou et dont l’avion présidentiel a été interdit d’accès dans l’espace aérien des pays de l’UE, notamment celui de la France, et forcé à une escale en Autriche où il sera fouillé pendant près de 13 heures : en violant l’immunité diplomatique, d’autant plus d’un chef d’État en fonction, elle avait alors confirmé par la même occasion sa vassalité envers les USA.

Pour finir, et en parlant des États-Unis d’Amérique, qui ont été un peu plus de 15 ans la seule superpuissance du monde depuis l’éclatement de l’URSS, il faut admettre qu’ils se ridiculisent de plus en plus à l’heure actuelle. En effet, un pays qui s’est habitué à dominer et à imposer sa volonté à toute l’humanité a bien trop de mal à accepter la nouvelle donne au niveau mondial, de même qu’à reconnaître l’apparition d’autres pôles d’attractivité dans un monde tout simplement fatigué d’une époque unipolaire. Ce qui pousse bien souvent ce pays à commettre des maladresses évidentes qui ne font que confirmer la fin de toute une époque : une époque révolue et dont on ne sera pas nostalgique.

Les opinions exprimées dans ce contenu n’engagent que la responsabilité de l’auteur

 Mikhail Gamandiy-Egorov
 Source : La Voix de la Russie
11/02/2014

Note

(*) Les propos sont aujourd’hui avérés

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