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Théorie du genre à l’école : réalité ou propagande ?

Théorie du genre à l’école : réalité ou propagande ?

par | 3 février 2014 | Société

« La théorie du genre est bien enseignée dans l’éducation, n’en déplaise à Vincent Peillon ! »

Le ministère a décidé de lancer en 2013 une mobilisation pour « l’égalité entre les filles et les garçons à l’école », rendue impérative par le fait que « la construction, dès le plus jeune âge, dès la maternelle, d’une éducation qui porte et transmet la culture de l’égalité entre les sexes est un impératif républicain ». « Elle définit trois grands axes d’action : la transmission d’une culture de l’égalité entre les sexes, l’engagement pour la mixité dans toutes les filières de formation, la promotion du respect mutuel entre les sexes. » Nous n’évoquerons pas ici la mixité dans les filières de formation (bien qu’il y ait beaucoup à dire sur l’intérêt d’orienter des jeunes hommes en CAP fleuriste et des jeunes filles en BEP mécanique au nom de l’égalité) et nous nous concentrerons donc sur les deux autres axes : la transmission d’une culture de l’égalité et la promotion du respect mutuel.

La transmission d’une culture de l’égalité : « la lutte contre les stéréotypes de l’école maternelle au lycée »

À l’école primaire

Le ministère de l’éducation nationale indique que « la création du programme “ABCD de l’égalité”, qui s’adresse à l’ensemble des élèves de la grande section de maternelle au CM2 et à leurs enseignants, vise à déconstruire des stéréotypes de genre ». Il nous indique en outre que « Cet outil pédagogique permettra de travailler sur les connaissances, les attitudes et les comportements des enseignants et des élèves en matière d’égalité filles-garçons ». Vous avez bien lu, « travailler les attitudes et les comportements » : il s’agit clairement de créer un homme nouveau.

Le Centre National de Documentation Pédagogique (CNDP – émanation du ministère de l’Éducation nationale) est en charge des ABCD de l’Egalité et nous indique que « l’expérimentation est déployée dans plus de 600 classes de dix académies volontaires : Bordeaux, Clermont-Ferrand, Créteil, Corse, Guadeloupe, Lyon, Montpellier, Nancy-Metz, Rouen, Toulouse. Une généralisation est prévue en septembre 2014, après évaluation des premiers résultats ».

Le rôle du CNDP

Le CNDP a vocation à mettre à la disposition des professeurs des écoles des outils de formation, des outils pédagogiques et des ressources documentaires :

Les outils de formation

Il s’agit du corpus idéologique du programme d’endoctrinement présenté sous la forme de conférences vidéo et d’entretiens. Il est cocasse de constater que les sept « experts » intervenant sont tous des femmes, piètre exemple d’égalité. On y trouve en particulier la contribution de Véronique Rouyer, maître de conférences en psychologie du développement de l’enfant et de la famille, UFR Psychologie, université de Toulouse dont le titre des ouvrages qu’elle a publiés suffit à comprendre qu’elle agit en qualité de militant de l’instauration de la théorie du genre : La construction de l’identité sexuée – genre et socialisation de l’enfance à l’âge adulte (lien).

Dans une vidéo destinée aux professeurs des écoles, elle explique notamment que « les normes socio-culturelles véhiculées sur ce que doit être une fille ou un garçon les empêchent d’avoir accès à tous les possibles en termes de rôle dans la société ». Il s’agit ici très exactement du fondement même de la théorie du genre : un enfant ne naît pas homme ou femme, c’est la société qui le façonne d’une façon ou d’une autre en l’enfermant dans un stéréotype fondé sur son entre-jambe. En s’appuyant sur une éducation à la sociologie de genre dont Mme Rouyer fait l’exposé sur le site du CNDP, les enfants seraient libres de choisir leur sexe en se fondant sur leur inclination plutôt qu’en subissant la pression extérieure.

Ces outils de formation constituent donc le cadre théorique du programme ABCD de l’égalité. Ils permettent d’expliquer aux professeurs des écoles les fondements de cette refondation de l’approche des élèves filles et des garçons et vise à encadrer d’une aura scientifique cette évolution.

Le volet pratique de la mise en place de cette théorie se trouve dans les outils pédagogiques

Les outils pédagogiques

« Les outils pédagogiques de l’”ABCD de l’égalité” comprennent des séquences téléchargeables et une sélection de ressources en ligne pour la classe. Les séquences à télécharger permettent d’organiser sur l’année des séances pédagogiques d’une durée variable et de rompre avec les images et attitudes véhiculées par l’école et la société ».

Ces activités pédagogiques sont en général proposées par les « intervenants-experts » présentant les concepts théoriques dans les « outils de formation » ou issus de l’ouvrage 50 activités pour l’égalité filles / garçons.

Ainsi, à titre d’exemple, nous pourrions citer l’atelier pédagogique « Madame charpentier et ses enfants, par Auguste Renoir ». Il s’agit ici de présenter à des enfants un tableau sur lequel on voit une dame entourée de ses deux enfants, qui à première vue semblent être des filles. On demande aux enfants de commenter l’œuvre, puis on leur révèle que ces enfants se nomment Georgette et Paul et qu’au XIXe siècle les vêtements des enfants n’étaient pas différenciés. Ensuite, on leur demande d’imaginer ce tableau aujourd’hui en proposant de rhabiller les enfants avec des vignettes découpées dans des magazines et on constatera que les enfants ont peint la fille avec une robe et le garçon avec un pantalon et on débattra ensuite de ces stéréotypes. Un reportage du 20 heures de France 2 (lien) a présenté cet atelier qui est bel et bien à l’œuvre dans les écoles.

Parmi les autres ateliers proposés, on trouvera un atelier sur la figure de la belle dans les contes chevaleresques. Il s’agira ici de déconstruire l’univers mental des enfants issu de ces contes dans lequel la femme « a un rôle passif de faire valoir du héros, et est en situation d’attente d’une situation sociale, la seule enviable et légitime au regard des codes littéraires ».

Les ressources documentaires

Sont proposées ici des « ressources permettant de sensibiliser les élèves à cette thématique, et de mettre en place une réflexion sur leur propre comportement professionnel en matière d’égalité filles garçons ». Il s’agit principalement de textes de lois et d’articles susceptibles d’aider les professeurs à aller plus loin dans leur compréhension du sujet comme « Genres et pratiques scolaires : comment éduquer à l’égalité ? » ; « Filles et garçons à l’heure de la récréation : la cour de récréation, lieu de construction des identifications sexuées » ; « L’École, les filles, les garçons et la construction des stéréotypes ».

D’autre part, nous rappelons ici que dans le cadre du programme « École et cinéma » les professeurs sont conviés à conduire leurs élèves assister au film Tomboy de Céline Sciamma racontant l’histoire d’une petite fille qui décide de se faire passer pour un petit garçon et noue ainsi une relation homosexuelle. De l’aveu de sa réalisatrice, les spectateurs sont invités à « l’identification et l’empathie ». On imagine bien que les spectateurs, qui sont donc des enfants de l’âge de la petite fille, risquent effectivement de s’identifier à elle, donnant à un comportement pathologique le statut d’inclination. Le dispositif « école et cinéma » est piloté par le ministère de l’éducation nationale qui sélectionne des films dans le but de les faire visionner par les élèves et d’en débattre à l’issue (lorsque j’étais lycéen, on m’avait traîné voir le mensonger Amen de Costa Gavras). Le ministère de l’éducation nationale a donc sciemment sélectionné un film militant et récompensé comme tel par un Teddy Award, prix récompensant les films traitant de sujets LGBT à la Berlinale.

Le rôle du SNUIPP FSU et de la FCPE

L’introduction de la confusion et de la théorie du genre n’est pas seulement une démarche ministérielle et elle semble trouver un écho favorable, voire militant auprès du principal syndicat enseignant, le SNUIPP FSU et de la Fédération des Conseils de Parents d’Élèves (FCPE)

Le rôle du SNUIPP FSU

Le SNUIPP, qui représente plus de 48% des professeurs des écoles (lien) a déclaré soutenir le dispositif ABCD de l’égalité. Dans son rapport « Éduquer contre l’homophobie dès l’école primaire » (lien), le syndicat propose notamment de « déconstruire la complémentarité des sexes » et suggère aux enseignants de grande section, CP et CE1, de recourir à des ouvrages comme Papa porte une robe dont les objectifs pédagogiques seront de « contribuer à déconstruire les stéréotypes et de construire sa personnalité au sein de la communauté scolaire ».

Le rôle de la FCPE

La position de la FCPE est également sans équivoque, lorsqu’elle indique sur son site que « Évoquer la notion de genre à l’École n’est pas le fruit d’une idéologie ou de théories fumeuses et l’une des missions de l’école est bien d’expliquer que le genre est une construction sociale. »

Dans les collèges et les lycées

Pour les collèges et les lycées, le ministère de l’Éducation nationale indique que « Des actions de sensibilisation, de lutte contre le harcèlement et les violences sexistes, d’éducation au respect et à l’égalité seront proposées et réalisées en lien avec les acteurs associatifs, s’appuyant sur mission relative à la lutte contre l’homophobie, confiée à Michel Teychenné ». Wikipedia indique que Monsieur Teychenné est un militant socialiste vivant en couple avec un homme et est fondateur de l’organisation « Homosexualité et Socialisme » (lien). De là à imaginer qu’il soit partial…

S’agissant des acteurs associatifs dont parle le site, ils comprennent notamment l’association « Ligne Azur » qui intervient auprès des enfants notamment sur la question de l’identité sexuelle et l’identité de genre en affirmant sur ses supports pédagogiques :

« que l’identité de genre c’est le sentiment d’être un homme ou une femme. Pour certains, le sexe biologique coïncide avec ce ressenti ».

Une formation à l’égalité pour les enseignants

« Un module spécifique “lutte contre les stéréotypes de genre dans les pratiques professionnelles” sera prévu dans le cahier des charges des futures écoles supérieures du professorat et de l’éducation (Espe) qui ouvriront à la rentrée 2013 ».

« Pour un respect mutuel : mieux éduquer à la sexualité »

Le volet « promotion du respect mutuel entre les sexes » de la mobilisation pour l’égalité est en réalité une généralisation de l’éducation à la sexualité dès l’école primaire.

« La circulaire du 17 février 2003 relative à l’éducation à la sexualité dans les écoles, collèges et lycées sera actualisée pour être mise en œuvre de manière effective. Les trois séances d’éducation à la sexualité prévues par ce texte auront lieu dans toutes les écoles et tous les établissements. Elles traiteront tant des questions d’ordre biologique que des dimensions psychologiques, sociales, éthiques et culturelles de la sexualité. »

Le ministère indique donc clairement que les élèves de primaire se verront dispenser des cours d’éducation sexuelle.

Un scénario à l’allemande en perspective ?

Vincent Peillon a mis en garde les parents qui protesteraient en refusant d’envoyer leurs enfants à l’école et ne respecteraient pas les « valeurs de la République ». Pour l’instant, c’est une convocation chez le proviseur qui les attend (lien).

En Allemagne, la répression est passée à un stade supérieur, et les parents refusant de voir leurs enfants contaminés par des théories scabreuses sont envoyés en prison.

Guillaume Sentenac
31/02/2014

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