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Zemmour : « Un quinquennat pour rien » ? Non un quinquennat pour le pire !

Zemmour : « Un quinquennat pour rien » ? Non un quinquennat pour le  pire !

Jean-Yves Le Gallou, ancien député européen

♦ Le nouveau livre d’Eric Zemmour fait scandale. Il dit les choses telles qu’il les voit : sur l’islam qui livre à la France une guerre de civilisation ; sur les dirigeants politiques toutes tendances confondues, « Aveugles volontaires » qui sont dans le déni à la remorque des médias.

Un livre qui choque la bien-pensance et fait grincer des dents au Front national. Décryptage par Jean-Yves Le Gallou. Polémia.


Eric Zemmour vient de publier un bon livre – un de plus. Mais il s’est trompé de titre : avec Hollande, nous n’avons pas eu « Un quinquennat pour rien » mais un quinquennat pour le pire.

Hollande n’a pas été nul : il a fait avancer le projet libéral/libertaire. Hollande n’a pas été inexistant : il a mis en œuvre les algorithmes électoraux de Terra Nova en satisfaisant les revendications des minorités ethniques et des minorités sexuelles et en conduisant une politique favorable aux gagnants de la mondialisation. Hollande a un bon bilan à présenter à ceux qui l’ont soutenu en 2012 : classe médiatique, classe financière, puissances étrangères. Ils le larguent aujourd’hui mais sauront lui marquer leur reconnaissance après 2017 en l’invitant à des conférences grassement payées. Hollande le mérite.

Hollande ? Un remarquable déconstructeur

 Regardons.

Hollande a réalisé le mariage homosexuel : un vrai succès car, malgré deux ans de manifestations et un million de personnes dans la rue, il a conduit la réforme jusqu’à son terme. Et même au-delà. Un exploit car, en quarante ans, c’est la seule réforme qui a pu aboutir malgré une aussi forte opposition de la rue. Chapeau l’artiste ! Avec en prime, grâce à la dictature des juges, la PMA, la GPA, et l’adoption pour « tous ». Et la mise en cause des fondamentaux de l’identité avec la possibilité de changer de sexe et de prénom à l’état civil et la suppression du titre d’ayant-droit social au sein du mariage.

Hollande c’est aussi l’invasion de la théorie du genre à l’école, le bouleversement des rythmes scolaires, la mise en cause des bourses au mérite, la fin du latin, la réforme du collège, le renforcement d’un contrôle sectaire sur les écoles hors contrat. Tout cela répondant à un but : pousser encore plus loin la déconstruction de l’école et sa transformation en « lieu de vie » et non en lieu d’instruction.

Le bilan fiscal du président Hollande mérite aussi d’être salué : quelques allégements pour les grandes entreprises mais un impôt sur le revenu qui passe de 50 à 70 milliards frappant les classes moyennes – et poussant au départ à l’étranger des jeunes actifs. Et, pour couronner l’édifice, le prélèvement à la source, préalable à une aggravation de la pression et de la progressivité fiscales indépendamment de la situation de famille.

Avec au passage la pénalisation des familles qui perdent 5 milliards d’euros dans la redistribution sociale. Tous les vecteurs d’une politique antifamiliale ont été activés : mise en cause du congé parental, versement des allocations familiales sous conditions de ressources, décalage des primes à la naissance, plafonnement et fiscalisation des compléments de pension pour les familles nombreuses. Une politique qui a porté ses fruits (si l’on ose dire) : le taux de fécondité est passé de 2,01 enfants par femme en 2012 à 1,96 en 2015. Et ce malgré l’entrée chaque année de près de 40.000 femmes venues d’Afrique ou d’Asie au titre de l’immigration nuptiale.

La politique antifamiliale apparaît ainsi comme un élément du Grand Remplacement facilité par la création d’un quasi-droit au séjour pour les clandestins et la répartition des délinquants occupant les camps sauvages de Calais et de Paris sur l’ensemble du territoire national (à l’exception de la bienheureuse Corse !). Au passage quelques lois rendant plus difficile encore l’expulsion des clandestins et plus facile la « mixité sociale », c’est-à-dire l’invasion migratoire dans les quartiers encore préservés.

Le bilan ne serait pas complet si n’y figurait pas aussi la destruction méthodique des lieux d’enracinement : les communes perdant une partie de leurs pouvoirs au profit des intercommunalités et des agglomérations. La fureur technocratique s’est aussi abattue sur les régions fusionnées de manière parfaitement artificielle.

Enfin, la politique étrangère a consisté à armer les djihadistes contre le gouvernement légal syrien pour le plus grand bénéfice de l’Etat Islamique. Avec comme effet retour 250 morts dans des attentats en France et une série de lois aussi liberticides dans leurs principes qu’inefficaces dans leurs effets.

Un bien beau bilan en vérité !

Eric Zemmour ne m’en voudra pas de l’avoir taquiné sur le titre de son ouvrage car toutes ses chroniques démontrent bien la nocivité profonde des décisions du président Hollande.

« L’islam : invasion, colonisation, déflagration »

Mais ce livre dépasse largement le cas de la marionnette présidentielle. C’est aussi et d’abord un recueil de « Chroniques du choc de civilisation ». Avec 50 pages chocs en ouverture – à lire absolument – sur « La France face au défi de l’islam ».

Et là l’essayiste dit les choses. Crûment. Sans faux semblant. Jugez plutôt : « Pour l’islam la France est un bloc. Un bloc à rejeter dans les flammes de l’enfer ». « La France des valeurs soixante-huitardes » mais aussi « la France des Lumières et sa liberté de pensée », « la France de Descartes et son primat de la raison »« la France des Croisades et son conflit millénaire avec l’Islam ». Rien ne sert de feindre de croire que l’islam est compatible avec la République : c’est avec la France qu’il est incompatible !

« La guerre que nous mène l’islam prend trois formes distinctes mais qui se rejoignent sur notre sol : l’invasion, la colonisation, la conflagration. » « Ce sont les trois côtés du triangle islamique. » « La colonisation islamique est une contre-colonisation. » « Les ZEP sont des zones sous contrôle du prophète. » « L’islam n’est pas une religion mais une loi. »

« La sémantique est essentielle dans cette histoire » : un étranger souhaité est un immigré ; un étranger qui vient dans l’illégalité est un clandestin. Des étrangers qui viennent par milliers, puis par millions, sont des envahisseurs.

Comment combattre l’invasion ? En abolissant la religion des droits de l’homme « devenue l’arme atomique de destruction des peuples européens ». Car « discriminer, c’est choisir ». « Pour recréer un peuple, il faut le distinguer. Distinguer, c’est le séparer et l’élire. » Bref « il faut remettre à l’honneur l’injonction du général De Gaulle à Jean Foyer, citée en ouverture de ses Mémoires par l’ancien garde des Sceaux : [Souvenez-vous toujours de ceci, il y a d’abord la France, il y a ensuite l’Etat et enfin, dans la mesure où il est possible de préserver les intérêts majeurs des deux premiers, il y a le droit] ». Voilà pourquoi pour Zemmour « il faut déclarer un état d’urgence culturel. »

« Le camp des aveugles volontaires »

 Mais qui pour le faire ?

Eric Zemmour désespère d’une classe politique, aveuglée par le politiquement correct et le souci du qu’en dira-t-on médiatique. Front national compris, selon Zemmour : « Il est vital de répondre à la guerre des civilisations menées sur notre sol par l’islam, mais il n’y a plus personne pour la mener. »

« C’est au moment où cette question [identitaire] prend une acuité inédite que l’ultime parti à ne pas le nier passe dans le camp des aveugles volontaires au nom de la défense de la souveraineté nationale et de la “France apaisée”. Etonnante cécité. Tragique impasse politique. »

« Une France apaisée » chère au Front national répond en troublant écho à la politique d’ « apaisement » de Chamberlain face à Hitler ».

« Philippot et Mélenchon ont vingt-cinq ans de retard »

Car à quoi sert la souveraineté si l’identité a disparu ?

Le propos d’Eric Zemmour peut paraître sévère. Après tout le FN reste la meilleure offre politique face à l’immigration et dans ses profondeurs (ses cadres, ses élus, ses électeurs) il reste profondément identitaire. Reste un paradoxe : Dans les années 1990, Zemmour ou Villiers campaient principalement sur le souverainisme et le FN sur l’identité. Vingt ans plus tard, l’identité est au premier rang des préoccupations des Français ; les intellectuels en font leur cheval de bataille (Zemmour, Camus, Millet) et le FN-officiel semble s’éloigner de ce combat qu’à la suite de la classe médiatique il paraît désormais trouver sinon « nauséabond » du moins peu « convenable ». Difficile pourtant de nier la réalité du Grand Remplacement. Difficile de croire que l’islam est compatible avec la République. Difficile d’imaginer « un islam des Lumières » qui n’a existé nulle part à nul moment. Difficile de rêver à l’assimilation quand les voiles islamiques, les djellabas et les boubous envahissent l’espace public. D’où le malaise de Zemmour auquel on ne peut nier une vertu essentielle : dire ce qui lui paraît juste. Ce qui est précisément l’honneur d’un intellectuel.

Jean-Yves Le Gallou
4/10/2016

Yves Le Gallou, intellectuel, homme politique, ancien député européen, co-fondateur du Club de l’Horloge, président fondateur de la Fondation Polémia.

Eric Zemmour, Un quinquennat pour rien, Editions Albin Michel, septembre 2016, 539 pages.

Image : l’ouvrage présenté et son auteur.

 

 

 

 

Jean-Yves Le Gallou

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