Polémia vous propose aujourd’hui un dossier exceptionnel sur l’état de la France et la politique macro-économique qui devrait être menée pour éviter l’effondrement. Rédigé par un nouveau contributeur connaissant le sujet sur le bout des doigts, ce dossier compile de nombreuses données qui ne laissent aucune place au doute : si rien n’est fait pour infléchir la trajectoire actuelle du pays, la France sera très vite dans une situation catastrophique. Vous trouverez dans cet article un résumé du dossier ainsi qu’un lien vers le dossier complet au format PDF.
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Résumé du dossier « Quelle politique macro-économique pour la France ? »
Ce dossier laisse volontairement de côté les mouvements de court terme de l’économie pour se concentrer sur les facteurs de la croissance à long terme. En conséquence, ce dossier est centré autour des deux variables clefs que sont la croissance de la productivité dans les secteurs marchands (qui détermine dans une large mesure la croissance possible du revenu par tête) et la compétitivité de l’industrie à l’exportation et à l’importation (qui détermine notre capacité à échanger sur les marchés internationaux sans devoir s’endetter outre mesure).
En matière de croissance de la productivité, la France est pénalisée par les performances médiocres de son système éducatif, et il en va de même pour les autres pays d’Europe du sud. D’autres facteurs influent sur la productivité, soit à court terme (cycle de productivité induit par les coûts occasionnés par les embauches et les licenciements), soit à long terme (climat favorable ou non à l’innovation, spécialisation sectorielle de l’appareil productif français, environnement institutionnel, qualité des infrastructures publiques), mais l’influence du système éducatif est déterminante à long terme.
La faible croissance de la productivité en France, comparativement à l’Allemagne, se traduit par une hausse des coûts de production plus rapide qu’outre-Rhin, toutes choses égales par ailleurs. Les entreprises ayant tendance à répercuter dans leurs prix – au moins en partie – les hausses de coûts qu’elles subissent, il en résulte des pertes de compétitivité à l’exportation (et à l’importation), que ne viennent pas amortir des mouvements en sens inverse des cours de change – puisque nous sommes en régimes de changes fixes depuis l’entrée en vigueur de l’euro. Les pertes de compétitivité de l’industrie française résultent aussi de l’alourdissement de la fiscalité à la production (imputable à un ciblage très perfectible des dépenses publiques, et sans doute aussi au poids relativement important des dépenses de protection sociale au sein du PIB, en comparaison des autres pays). Il en résulte une dégradation considérable du solde commercial de la France depuis vingt ans. L’effet négatif sur les exportations des pertes de compétitivité bride la croissance du PIB, et tend ainsi à dégrader encore davantage les comptes publics et à accroître le chômage.
La monnaie unique est en outre source de divergence entre les économies du nord de l’Europe et celles du sud. En périodes d’expansion, les pays du sud bénéficient de taux d’intérêt réels plus faibles que ceux du nord, du fait de leur inflation plus forte, mais les fonds disponibles ne trouvent pas à s’investir dans la sphère productive – faute de perspectives de rentabilité – et viennent nourrir des bulles spéculatives, notamment dans l’immobilier. En période de récession, la règle de 3 % de déficit budgétaire devient contraignante pour les pays du sud, et ceux-ci souffrent pour leurs taux d’intérêt d’une prime de risque plus élevée qu’au nord. Des taux d’intérêt réels plus élevés au sud qu’au nord et la contrainte budgétaire conjuguent leurs effets pour ralentir les économies du sud.
La France, à l’origine dans une situation intermédiaire entre l’Allemagne et les pays d’Europe du sud, tend à se rapprocher de ces derniers.
La crise sanitaire et les confinements mis en place dans certains pays européens – dont la France – sont venus dégrader brutalement et profondément une situation déjà fort dégradée. Un confinement s’analyse comme la conjonction d’un choc négatif d’offre et d’un choc négatif de demande. Il en est résulté une forte chute d’activité, les prix ont quant à eux connu une évolution sensiblement plus modérée (négative, le choc de demande ayant dominé par son ampleur le choc d’offre). Du seul fait des deux confinements imposés en 2020, nous avons perdu cette année-là environ 5 points de PIB en termes d’activité économique, ce qui représente une perte d’activité de l’ordre de 120 Md€. En France le maintien du niveau de vie n’a pu être obtenu qu’au prix d’un accroissement considérable de l’endettement public, qui atteint maintenant 120 % du PIB.
Les orientations suivantes se dégagent en conséquence, si l’on souhaite que la France retrouve un sentier de prospérité et de croissance soutenable :
- Restaurer la performance du système éducatif ;
- Maîtriser les dépenses publiques, d’une part en veillant à la bonne utilisation de l’argent public, mais aussi probablement en relevant l’âge de la retraite, car tout plan substantiel de maîtrise des comptes publics qui n’intégrerait pas de relèvement de l’âge de la retraite conduirait à un effondrement insoutenable du niveau de vie de toute la population ou de franges importantes de celles-ci ;
- Se préparer à la sortie ou à l’éclatement de l’euro, qui semble inéluctable, tant cette monnaie unique est dysfonctionnelle ;
- Restaurer notre compétitivité et relocaliser la production industrielle :
– en réduisant le poids des impôts sur la production,
– en orientant davantage l’épargne vers l’industrie et le financement du risque et de l’innovation,
– en canalisant la commande publique au bénéfice des entreprises françaises,
– en instaurant des mesures protectionnistes lorsque c’est nécessaire, pour lutter contre la concurrence déloyale ou pour protéger les intérêts stratégiques de la France.
André-Victor Robert
10/08/2022
Le dossier au format PDF
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