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Médias : délires propagandistes et loi du marché – Jean-Yves Le Gallou [Forum de la Dissidence 2021]

Médias : délires propagandistes et loi du marché – Jean-Yves Le Gallou [Forum de la Dissidence 2021]

Le samedi 27 novembre 2021, le VIIe Forum de la Dissidence, organisé par Polémia, s’est tenu dans un endroit privé en région parisienne. Le thème de l’après-midi de conférence : « La majorité c’est vous, les extrémistes ce sont eux ! »
Jean-Yves Le Gallou, président de la Fondation Polémia et présentateur de l’émission I-Média sur TV Libertés, a livré une critique sévère mais juste des médias et des journalistes.
Voici ci-dessous la vidéo de son intervention ainsi que la retranscription écrite.
Polémia

 

Médias : délires propagandistes et loi du marché – Jean-Yves Le Gallou [Forum de la Dissidence 2021]

 

Texte de l’intervention de Jean-Yves Le Gallou

L’économie, le fonctionnement des médias, repose sur un certain nombre de forces.

Qui gouverne les média ? Des milliardaires, des pubards, la caste journalistique, des subventions

La première force des médias, ce sont leurs propriétaires. Les propriétaires dans les médias français, c’est assez simple, ce sont des milliardaires. Vous prenez Arnault, vous prenez Pinault, vous prenez Niel, tous sont des milliardaires tout comme Lagardère et Bouygues. Des milliardaires qui utilisent les médias comme moyen d’influence. Moyen d’influence : c’est aussi le cas du groupe Dassault, pour vendre des armes, en matière géopolitique. Ou c’est le cas de Drahi pour avoir de l’influence et avoir la possibilité d’étendre son empire par exemple dans le domaine de la téléphonie. Donc, des milliardaires.

Ensuite, le deuxième élément important du fonctionnement des médias, ce sont les subventions publiques. Deux milliards, un peu plus de deux milliards pour la presse écrite, six milliards pour les médias audiovisuels publics, radio, etc.
Vous avez ensuite, troisième élément d’influence, les pubards, les gens qui apportent la publicité et qui ne sont pas neutres parce que la publicité véhicule aussi des messages idéologiques. Vous n’avez qu’à voir, par exemple, dans les publicités le poids des personnes de couleur ou issues de la diversité, pour employer le langage politiquement correct, qui montre que le grand remplacement a en tout cas eu lieu dans le domaine des images publicitaires !

Et puis vous avez la caste journalistique qui est formée dans les écoles de journalisme où elle est conditionnée au politiquement correct.

Donc, vous avez toutes ces forces qui vont toutes à peu près dans le même sens : le sens de l’idéologie dominante et du politiquement correct.

Un public de plus en plus rebelle à une idéologie woke de plus en plus caricaturale

Et vous avez une cinquième force qui est tout simplement le public. Et le public, ce peut être les acheteurs de journaux, ce peut être les gens qui regardent la radio, la télévision, ou les réseaux sociaux. Le public, il est partagé entre des opinions qu’il va avoir par son expérience sensible, par sa vie de tous les jours, et les opinions qu’on lui ingère par la propagande.
Il y a donc là les éléments d’une contradiction entre ce que ceux qui émettent souhaitent émettre en fonction de leur intérêt, en fonction de leur idéologie, et ceux qui regardent et qui souhaitent aussi entendre des choses plus en rapport avec eux-mêmes. Et c’est toute la dynamique du changement médiatique qui commence à s’opérer aujourd’hui, qui commence à s’opérer de manière relativement modeste, mais qui commence à s’opérer. À partir de 2005-2010, on voit une contradiction s’opérer entre le public et les émetteurs.

Cette contradiction s’opère pour deux raisons. D’abord, l’idéologie politiquement correcte devient de plus en plus excessive, extrémiste, puisque l’idéologie immigrationniste, l’idéologie LGBT, l’idéologie alarmo-climatiste, deviennent de plus en plus puissantes et vont de plus en plus loin, et donc commencent à heurter l’opinion sensible. Dans le même temps, il y a l’arrivée des sites Internet, l’arrivée d’Internet, avec des sites qui se développent, les réseaux sociaux, des vidéos, et donc une explosion de l’offre. Une offre qui peut être conformiste – Nicolas Faure en a cité quelques exemples –, mais aussi une explosion de l’offre qui peut aller dans un sens alternatif, et qui aboutit aussi à l’apparition de nouveaux talents qui peuvent se former sur des médias alternatifs avant ensuite de pouvoir se disséminer sur des médias plus importants. Et donc, dans les années 2005-2010, on voit apparaître un certain nombre de médias alternatifs (ou 2005-2010-2012) : on voit apparaître Boulevard Voltaire, on voit apparaître TV Libertés, on voit apparaître toute une myriade d’éléments nouveaux et qui commencent à contaminer des médias plus classiques. C’est l’évolution de Valeurs actuelles qui se radicalise avec le fait que l’un des hommes qui procède au durcissement de Valeurs actuelles, c’est Jérôme Kerdriel, qui est par ailleurs un soutien de Macron (il n’est plus en poste mais il l’a été) ; il le fait de manière purement commerciale. Il pense qu’il y a une clientèle à trouver en tenant un discours dissident du politiquement correct et il fait tenir le discours pour des raisons commerciales. Vous avez Sud Radio qui est venu aussi – là je parle de médias classiques, au départ –, qui évolue à la fois sous l’évolution de son propriétaire, Christian Latouche, et puis qui évolue progressivement, qui fait une part à une opinion dissidente. Au Figaro, vous avez le FigaroVox qui apparaît et qui publie des textes à la fois plus profonds et encore une fois dissidents. Vous avez le phénomène Zemmour, on en a parlé, qui apparaît dans les médias que je n’appellerai pas mainstream mais les médias de grand chemin puisque le phénomène Zemmour apparaît chez Ruquier, il apparaît chez RTL, il apparaît chez I-Télé. Il est d’ailleurs intéressant de voir que Ruquier, à l’époque où Zemmour était son intervenant dissident, était à deux millions de spectateurs et qu’aujourd’hui il est tombé à 800 000, sur le même créneau horaire, avec le même mode d’expression, mais tout simplement en s’étant normalisé.

Bolloré : stratégie commerciale ou choix de convictions ?

Et puis vous avez le phénomène CNews où là vous avez deux faits : vous avez le phénomène Bolloré, Bolloré le propriétaire, qui est inspiré par deux choses différentes, un intérêt commercial, trouver une clientèle nouvelle qui ne trouve pas de satisfaction dans les médias de grand chemin, et sans doute aussi développer des idées plus conservatrices ou plus identitaires ou plus catholiques qui correspondent à ce qu’il pense. Il y a sûrement les deux parts chez Bolloré ; personnellement je ne le connais pas, je ne sais pas quelle est la part principale mais il y a incontestablement une part commerciale et une part idéologique et qui commence à jouer un rôle important puisque, après CNews, il a repris Europe 1, il est en train de reprendre Paris Match. Il y a évidemment une conquête commerciale, qui se heurte évidemment à des obstacles puisque quand il a voulu reprendre M6 qui était quand même la grande chaîne de télévision populaire derrière les grands majors de France 2 et de TF1, là, il y a eu un blocage probablement politique de la part du président Macron.

Ensuite, le phénomène CNews s’est un peu étendu au-delà, puisque vous avez un certain nombre d’intervenants dissidents qu’on voit sur CNews qu’on retrouve aujourd’hui sur BFM ou sur LCI. On a même vu des pratiques de dénonciation des bobards qui arrivent sur LCI. Je ne sais pas s’il y a eu cette scène extraordinaire où le professeur Deray, qui est un néphrologue ce qui l’autorise tout à fait à donner des leçons sur une épidémie par aérosols, a expliqué qu’il y avait des centaines d’enfants en réanimation, et que quand on scannait le cerveau d’un enfant qui avait eu le Covid, on avait l’impression qu’il était atteint d’Alzheimer. Et là LCI a éprouvé le besoin de faire une rectification de ces mensonges ce qui est quand même assez nouveau parce que c’étaient des mensonges qui allaient dans le sens de ce que voulait le gouvernement et de ce que veut le camp du bien. Donc là ils ont quand même corrigé.

Le « service public » face à la demande de pluralisme

On voit aussi, c’est évidemment très relatif, mais ce sont de petites touches, France Inter, radio dite de service public, qui est quand même fortement attaquée sur son manque de pluralisme, a donné la parole à trois éditorialistes réputés de droite – c’est quand même extrêmement relatif parce que dans les trois il y a Natacha Polony qui n’est quand même pas franchement de droite, et il y a Pavlenko qui est aussi d’une droite tout à fait modérée. Et ils expliquent, c’est intéressant, qu’ils interviennent en toute subjectivité, ce qui laisse entendre que le reste des intervenants sur France Inter, c’est de l’objectivité, et là c’est de la subjectivité. Mais ils ont quand même jugé nécessaire d’ouvrir cette porte. Et ils ont demandé à la Fondapol, à Reynié qui est un homme qui fait d’ailleurs des travaux plutôt intéressants, vous avez vu tout à l’heure, de faire une analyse sur le traitement, le pluralisme à France Inter. Je ne sais pas ce que Reynié va pouvoir leur dire mais, à mon avis, ils sentent quand même qu’ils vont être obligés de lâcher un peu de lest. Donc on voit bien qu’il y a un mouvement d’ouverture des médias. Ça, c’est le phénomène nouveau parce que ça progresse et c’est le début en quelque sorte de ce qu’on pourrait appeler une déglaciation.

Une déglaciation qui reste très partielle

Mais ça n’est que le début. Il faut bien voir et là je voudrais quand même nuancer le propos, tous ces médias restent des médias de niche, c’est-à-dire ça touche des centaines de milliers de personnes, des millions de personnes, pas des dizaines de millions de personnes. On a beaucoup raconté que Zemmour était partout, c’est faux, il a été très présent mais il est resté jusqu’ici, en tout cas en présence directe, totalement absent des journaux télévisés, c’est-à-dire qu’une émission de CNews qui fait la plus grande audience, c’est 800 000 personnes, ce qu’ils faisaient avec Zemmour ou qu’ils font avec Bock-Côté, 800 000 personnes, l’ensemble des journaux télévisés c’est-à-dire France 2, France 3, M6, TF1, c’est 16 millions de personnes. Et donc la déglaciation elle ne touche encore qu’une petite minorité de l’opinion. Il y a donc une distorsion d’audience, il y a aussi une distorsion de moyens. Le JT de TF1 c’est 800 personnes… 800 personnes. Donc vous voyez ce qui peut se faire en face, évidemment c’est extrêmement modeste.

Et puis il y a cet élément, cette autre distorsion, c’est que vous avez d’un côté des médias monocolores et de l’autre côté des médias pluralistes. Le média monocolore, c’est-à-dire que si vous allez sur France Inter, sur France Info, sur beaucoup de médias, vous n’avez qu’un son de cloche. Sur les médias que j’ai décrits, les médias dissidents, vous avez les deux points de vue, ce qui est bien d’ailleurs, vous avez des débats, vous avez des gens de tous points de vue, et surtout vous avez une chose qui reste extrêmement perverse y compris sur les chaînes en continu, y compris sur CNews, ce sont les bandeaux en dessous. Les bandeaux en dessous, ça reprend en gros les dépêches de l’AFP, et donc c’est une propagande continue, et c’est fait généralement par des journalistes qui sont eux-mêmes politiquement corrects. C’est-à-dire que vous pouvez très bien regarder Bock-Côté sur CNews mais vous avez dans le défilé en dessous et répété à l’infini, parce que, le petit bandeau, il revient régulièrement, souvent avec des fautes d’orthographe d’ailleurs mais enfin ce n’est pas grave, le petit bandeau vous met un message qui correspond à l’idéologie dominante, c’est-à-dire que même quand vous êtes sur des médias plus libérés, je n’irai pas jusqu’à dire alternatifs, vous recevez quand même votre injection d’idéologie dominante.

Donc il faut se féliciter de l’évolution qui a eu lieu, de l’évolution, de la naissance d’un certain nombre de médias alternatifs qui donnent un autre point de vue ; quand je dis d’autres points de vue c’est qu’il y a des points de vue divers, y compris le point de vue politiquement incorrect, comme ça c’est nouveau, c’est bien. Ça se développe parce que ça contamine quand même par influences successives les médias dominants. Mais il y a encore un champ considérable d’extensions possibles.

Les nouvelles batailles à livrer

Je vais donner quelques idées d’extensions possibles. D’abord, et c’est aussi à nous de promouvoir ces changements, les campagnes politiques ne sont pas neutres, les campagnes idéologiques ne sont pas neutres, quand on attaque France Inter ou France Info, il y a un moment où ils sont obligés de prendre un peu de recul et de lâcher un tout petit peu de lest. Alors quelles sont les batailles qui restent à mener ? Je vais en citer quelques-unes mais il y en a évidemment d’autres. D’abord il faut faire campagne contre les bandeaux qui défilent, qui sont des instruments de propagande ne serait-ce que par la répétition. Et qui sont des instruments de propagande puisque les journalistes reprennent généralement en bandeau le titre des dépêches de l’AFP. Or, il faut savoir que dans les dépêches de l’AFP, « l’Agence française de propagande », il y a souvent une distorsion entre le contenu de la dépêche et le titre. Le contenu est souvent biaisé mais de surcroit le titre est biaisé par rapport au contenu. Il y a donc une campagne à mener contre ces bandeaux.

Ensuite il y a une campagne à mener sur le rétablissement de la pluralité sur les chaînes publiques et les médias subventionnés. À partir du moment où une chaîne publique vit avec l’argent public, à partir du moment où un média est subventionné par l’argent public, c’est le cas de toute la presse écrite, il doit y avoir une exigence de pluralisme, c’est-à-dire qu’il y ait des idées de gauche politiquement correctes qui s’expriment, très bien, mais à condition qu’il y ait des idées contraires qui puissent aussi s’exprimer. De ce point de vue là, l’étude que Radio France a confiée à la Fondapol est tout à fait intéressante. Nous avons un Conseil supérieur de l’audiovisuel qui a été totalement défaillant, qui réprime la liberté d’expression et ne protège pas le pluralisme. Il faut sans doute le remplacer par un Conseil supérieur du pluralisme. Diversité des opinions, diversité des opinions intellectuelles, diversité des opinions politiques.

Le nécessaire rééquilibrage des rédactions

Il faut aussi, c’est un peu plus rude mais il faut quand même bien dire les choses, il y aura besoin d’un rééquilibrage des rédactions. Qu’il y ait des gens de gauche et des gens politiquement corrects dans les rédactions, pourquoi pas, mais pas uniquement. Et ce rééquilibrage aujourd’hui est possible, il n’aurait pas été possible il y a dix ans ou quinze ans. C’est-à-dire qu’aujourd’hui vous pouvez voir un jeune garçon ou une jeune femme qui vous dit : j’envisage de faire du journalisme, eh bien il y a la possibilité de lui dire : oui, c’est possible, parce qu’il commence à y avoir des débouchés sur des médias alternatifs qui se développent ; il en naît tous les jours. Et donc il y a la possibilité de débouchés. Et il y a la possibilité de se former. Supposez, c’est évidemment un rêve mais supposez, il y a dix ans on aurait demandé, on aurait dit : voilà, on cherche un présentateur ou une présentatrice politiquement incorrect pour TF1 ou France 2. La réponse était : il n’y a personne. Aujourd’hui, on pourrait trouver facilement des gens capables de le faire. Je pense à Élise Blaise de TV Libertés, je pense à Charlotte d’Ornellas sur CNews, il y a aussi sûrement des gens sur Russia Today ou Sputnik qui pourraient faire le job. Alors qu’il y a dix ans c’était impossible. Aujourd’hui ce serait possible. Évidemment ça suppose quand même un peu de bouleversements dans l’appareil de direction des grands médias, mais c’est possible.

Et puis il faut combattre avec énergie les extrémistes des salles de rédaction c’est-à-dire qu’il faut les traiter comme des militants extrémistes et non pas comme des journalistes normaux. Bien leur marquer les choses.

Niel, le père la morale du monde ?

Et enfin, il faut dénoncer les oligarques politiquement corrects. Je n’en citerai qu’un. Il y a deux propriétaires au Monde. Il y a M. Kretinsky qui est un milliardaire tchèque, je ne sais pas trop d’où il vient à vrai dire, donc je ne peux pas trop en parler. Et l’autre, c’est M. Niel. Il faut savoir quand même que Niel, c’est absolument extraordinaire, Niel c’est le propriétaire du Monde, Le Monde, c’est le journal de référence, c’est le journal qui dit le bien. Niel a été poursuivi et condamné pour proxénétisme, bon, ça peut arriver mais enfin ce n’est pas franchement un brevet de vertu, et, en tant que propriétaire de Free, il est le principal hébergeur mondial de vidéos pédopornographiques. Et donc, quand Le Monde fait un article moralisateur, ce n’est pas mal de rappeler que le propriétaire de ce journal moralisateur luttant contre la très méchante extrême droite est le principal hébergeur mondial de vidéos pédopornographiques. C’est une activité, d’accord, mais ça ne qualifie pas particulièrement pour donner des leçons de morale.

J’en ai terminé avec ce point. Objectivement la situation médiatique a évolué de manière positive mais ce serait une erreur d’être excessivement optimiste et de considérer que, parce que les niches de liberté dans les médias se développent, les médias sont devenus pluralistes. Ce n’est pas encore le cas, mais la dynamique va incontestablement dans le bon sens. Il faut évidemment l’accélérer et l’encourager de deux manières : en soutenant les médias alternatifs, évidemment, et en combattant de manière radicale et sans faux-semblants les extrémistes de gauche, les extrémistes politiquement corrects qui se trouvent encore dans les médias dominants, que nous préférons appeler ici comme à l’Observatoire du journalisme les médias de grand chemin, qui restent des ennemis à combattre.

Jean-Yves Le Gallou

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