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Le « vivre-ensemble » : un remède de bisounours contre le terrorisme, mais une intention totalitaire

Le « vivre-ensemble » : un remède de bisounours contre le terrorisme, mais une intention totalitaire

Michel Geoffroy, essayiste

♦ Dans la novlangue contemporaine le « vivre-ensemble » tient une place croissante. Cette horrible expression devient en effet le prêt-à-penser des politiques, de gauche comme de droite. La France n’est plus une patrie charnelle ; ce n’est même plus un « Hexagone » : c’est devenu le lieu du « vivre-ensemble ».

François Hollande, lors de sa conférence de presse de février 2015 après la grande mise en scène du « Je suis Charlie », nous explique ainsi que c’est dans l’unité de la République que l’on retrouvera le « vivre-ensemble » et, bien sûr, que l’on vaincra le terrorisme. Bon sang mais c’est bien sûr ! Vivons ensemble !


Le nouvel impératif bisounours

Le discours sur le « vivre-ensemble » constitue donc le nouvel impératif bisounours à destination du bon peuple, inquiet du terrorisme islamiste.

Mais ce discours passe complètement sous silence – et c’est sa première vocation – les conséquences de l’hétérogénéité des sociétés. En effet les partisans du « vivre-ensemble » sont aussi les partisans des bienfaits de « la société multiculturelle », expression légèrement passée de mode ces derniers temps pour cause d’attentats.

Or, comme le montre l’histoire, les sociétés multiculturelles sont fatalement des sociétés multiconflictuelles.

Car le fait de regrouper sur un même territoire des personnes qui n’ont pas les mêmes références culturelles ou religieuses, donc qui n’ont pas la même hiérarchie du Bien et du Mal, ne permet plus la concorde.

L’Europe, qui dans son passé a été déchirée par les Guerres de religion (qui n’opposaient pourtant finalement que des variantes du christianisme), le sait bien. L’immigration de peuplement qui conduit à mélanger des peuples séparés par leur culture et leur religion nous en apporte une nouvelle preuve aujourd’hui, partout dans le monde.

Vivez-ensemble, nom de nom !

Le « vivre-ensemble » ne peut se réduire à une incantation : il suppose au contraire que certaines conditions tenant à l’identité des sociétaires soient remplies. Car, comme le rappelle l’étymologie du mot, la fraternité suppose la reconnaissance d’une parenté. Ce que confirme aussi l’éthologie : les systèmes de reconnaissance de parenté ont été encouragés par l’évolution pour canaliser l’agressivité dans un sens favorable à la survie des espèces.

Une société ne peut donc être, comme le croient les libéraux/libertaires qui nous dirigent, un agrégat de gens « vivant-ensemble » ou décidant (1) de « vivre-ensemble » parce que ce serait leur intérêt. Une société n’est pas qu’un espace collaboratif entre individus indifférenciés : elle a aussi besoin pour exister que les sociétaires aient un passé, une identité et un avenir communs.

C’est d’ailleurs la limite de la fameuse conférence de Renan (2), « Qu’est-ce qu’une nation ? », qui est très souvent citée, à vrai dire à tort et à travers. Car le « plébiscite de tous les jours » qui, selon Renan, permettrait de constituer une nation ne va pas de soi : il suppose au contraire que les sociétaires se comprennent et donc qu’ils partagent la même langue et les mêmes références ; bref, qu’ils aient la même identité et la même culture.

Il est donc oiseux aujourd’hui, à l’heure de l’immigration de masse, d’admonester les gens sur l’air du « vivre-ensemble ».

Ou plus exactement il est malhonnête de le faire quand ce sont ceux-là mêmes qui ont œuvré avec constance pour que notre société éclate sous les coups du multiculturalisme et de l’individualisme, qui se font les chantres du « vivre-ensemble ».

La République au secours du vivre-ensemble ?

Evidemment, pour notre président il n’y a aucune contradiction : car la potion magique du « vivre-ensemble » se trouverait dans les fameuses « valeurs de la République » et notamment, comme il l’a dit lors de sa conférence de presse du 5 février 2015 : la laïcité, l’école de la République et « l’égalité des territoires ».

Mais la référence à la République n’est pas neutre non plus car elle met l’accent sur un autre aspect du « vivre-ensemble », en général occulté : son caractère fatalement coercitif.

En effet, dans une société multiculturelle comme la nôtre, les tendances centrifuges l’emportent, car notamment chaque communauté a tendance à affirmer sa propre identité (3).

Pour que tous « vivent ensemble » il faut donc exercer une pression beaucoup plus forte du pouvoir central sur les individus que dans une société homogène. Le « vivre-ensemble » dans une société multiculturelle comme la nôtre devient donc de plus en plus répressif. Ce que montre d’ailleurs la croissance continue des effectifs de police, des réglementations et des sanctions judiciaires dans notre société.

La répression pour tous ?

Les partisans du « vivre-ensemble » ne se bornent pas à préconiser une sorte de tolérance générale vis-à-vis d’autrui. En bons ingénieurs sociaux, ils souhaitent au surplus que non seulement les individus se tolèrent les uns les autres mais qu’ils se mélangent et, mieux encore, qu’ils se métissent.

Ainsi dans le triptyque évoqué par François Hollande le 5 février 2015 chaque concept a une fonction précise : la laïcité tente de résoudre la question de l’islam (4), l’école républicaine a pour mission d’arracher chaque enfant à ses déterminants culturels et familiaux (comme disait si bien l’ancien ministre de l’Education Vincent Peillon) et l’égalité des territoires a pour objet d’organiser la cohabitation territoriale forcée des sociétaires. C’est aussi le sens du mot peuplement employé par François Hollande et pas son premier ministre (5).

En d’autres termes l’expression « vivre-ensemble » débouche tranquillement sur un cocktail répressif : la volonté d’exclure la religion de l’espace public (6), la transformation de l’Ecole en machine à rééduquer les enfants, dans l’espoir de les transformer en immémorants zombies « vivant-ensemble » et la mise en place de dispositifs coercitifs en matière de logement ou de carte scolaire : car au nom du « vivre-ensemble » choisir son voisinage – et peut-être demain son partenaire (7) – devient une discrimination, donc un délit punissable.

Ainsi , si l’on comprend bien, pour « vivre-ensemble » justement, il faudrait abandonner sa religion, ses références culturelles, nationales et familiales et renoncer à une liberté essentielle : celle de préférer vivre au milieu de ses parents et de ses semblables. Il faudrait aussi renoncer à voir l’autre comme un autre : ce regard pourrait devenir discriminatoire, en effet.

En d’autres termes il faudrait renoncer à tout ce qui nous fait homme, c’est-à-dire à notre humanité, pour devenir des atomes cohabitant. Un terrifiant programme en vérité !

Un discours hypocrite

Au surplus, le discours sur le « vivre-ensemble » est hypocrite car il ne s’adresse pas à tous de la même façon : il vise en effet principalement les autochtones à qui l’on demande de faire tous les efforts pour cohabiter avec les autres, mais la réciproque n’est pas vraie.

Ainsi la « laïcité » a été une machine de guerre sous la Troisième République contre l’Eglise catholique et de nos jours les laïcs s’attaquent encore aux crèches de Noël. Mais face à l’islam il est au contraire question de « laïcité positive », c’est-à-dire en réalité de faciliter le développement des lieux de culte musulmans. De même le « vivre-ensemble » recommande-t-il des menus sans porc ou avec porc dans la restauration collective ? Pourquoi alors diabolise-t-on les élus locaux qui décident de supprimer les menus « aménagés » dans les cantines scolaires ?

Pour vivre-ensemble , vive la nation !

L’idéologie du « vivre-ensemble » n’est donc ni neutre ni bienveillante. Les bisounours du « vivre-ensemble » sont en réalité des totalitaires d’un genre nouveau qui prétendent répondre à la crise de civilisation que nous vivons, du fait du Grand Remplacement, de la pire façon qui soit.

Pourtant le « vivre-ensemble » serait simple à rétablir : que chaque peuple vive son identité sur sa terre, à l’abri de ses frontières. Cela s’appelle une nation.

C’est, il est vrai, une solution très au-delà des forces de l’oligarchie cosmopolite !

Michel Geoffroy
18/01/2016

Notes :

  1. Si l’on croit à la vision contractualiste de l’origine de la société.
  2. Conférence prononcée en Sorbonne en 1882.
  3. Ce qui est un comportement normal consistant à recréer un cadre de vie homogène par rapport à sa culture, et non pas pathologique (« communautarisme ») comme le prétend l’oligarchie.
  4. Equation difficile à résoudre puisque l’islam de connaît pas la séparation entre le spirituel et le temporel.
  5. Qui parle de son côté de « politique de peuplement ».
  6. Ce qui est une contradiction du mot même de religion (religere) qui suppose d’établir un lien entre les hommes.
  7. Dans le 1984 de George Orwell, l’amour est un délit, car contraire à l’égalité entre individus…

Correspondance Polémia – 20/01/2016

Image : Le vivre -ensemble

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