Le fabuleux parcours de Brigitte Bardot peut paraître surprenant. Il ne l’est pas. Il a un fil rouge : elle est toujours à l’avant-garde. À l’avant-garde de la libération de la femme dans les années 1950/1960 avec « Et Dieu créa la femme ». À l’avant-garde du mouvement animaliste dans les années 1970 lors de la création de la fondation Bardot. À l’avant-garde de la défense de la civilisation européenne dans les années 1990 dans sa critique de l’islam. Religion profondément contraire — voile islamique, abattage halal, entre autres — à ses combats antérieurs. Toute sa vie, BB fut une rebelle incarnant l’esprit et l’élégance française.
Polémia
Aura inégalée et engagement politique
Avec Greta Garbo, Brigitte Bardot, décédée nonagénaire le 28 décembre, était la seule star internationale qui, après s’être retirée en pleine gloire depuis des décennies, continuait de passionner le public et gardait son aura. Sans doute grâce à sa passion pour la cause animale, mais aussi pour ses positions politiques comme éthiques, de moins en moins consensuelles à mesure que le temps passait et que s’enlaidissait la nouvelle France.
Ainsi, toute jeune vedette, elle avait tenu, en 1959, accompagnée du lieutenant de Légion Le Pen (avec lequel elle devait garder jusqu’au bout une solide amitié) et du député d’Alger Pierre Lagaillarde, à aller réconforter à l’hôpital militaire de cette ville les soldats blessés en opérations contre le FLN. De même, dès la naissance, en 1986, de la Fondation portant son nom (et qu’elle avait lancée et financée à concurrence de 3 millions de francs par la vente de ses objets de valeur, dont « l’immense diamant » offert par son troisième mari, Gunther Sachs), avait-elle choisi comme directrice nationale Liliane Sujansky, épouse d’un rescapé de l’insurrection de Budapest (automne 1956), président des Hongrois en exil et anticommuniste revendiqué.
BB contre le MLF…
Pour des millions de Françaises, B.B., issue de la haute bourgeoisie parisienne, avait incarné, à la faveur de son film Et Dieu… créa la femme, la libération de la gent féminine. Une libération essentiellement sexuelle, qu’elle devait juger ensuite plutôt frelatée, comme la posture anti-OAS qu’elle avait adoptée ensuite sous l’emprise des Sami Frey et autres Serge Gainsbourg avec lesquels elle s’était commise. Dès 1973, elle déclare en effet au sujet du MLF : « Jamais les femmes ne seront comme des hommes. Si elles sont si malheureuses, c’est qu’elles ne veulent plus être ce qu’elles sont. Ne plus être l’“objet”. Mais revendiquer des droits propres aux femmes comme le fait le MLF, c’est parfaitement comique et idiot… Pour se réaliser pleinement, les femmes doivent rester des femmes. Et les vraies femmes, il n’y en a plus. Les vrais hommes non plus. On constate en ce moment une mutation d’un sexe à l’autre. Les hommes sont des minets et les femmes essaient d’être des hommes. » Ça ne s’est pas arrangé depuis…
Brigitte Bardot, gauloise sans filtre
Même liberté de ton quand elle soutient le mouvement des Gilets jaunes en 2018, puis, en 2020, la police qui « nous protège de la racaille envahissante ».
En 1999, elle avait déjà admis partager « certaines idées du FN, notamment contre la forte immigration en France », immigration qui aura importé à grande échelle la pratique de l’abattage halal, contre lequel l’ancienne actrice aura lutté jusqu’au bout, au risque de procès.
Poursuivie par la LICRA, le MRAP et la Ligue des droits de l’homme, la recluse de La Madrague fut ainsi lourdement condamnée en 1997 pour incitation à la haine après avoir déclaré au Figaro : « Voilà que mon pays, la France, ma patrie, ma terre, est de nouveau envahie, avec la bénédiction de nos gouvernements successifs, par une surpopulation étrangère, notamment musulmane, à laquelle nous faisons allégeance. De ce débordement islamique, nous devons subir, à nos corps défendants, toutes les traditions. D’année en année, nous voyons fleurir les mosquées un peu partout en France alors que nos clochers d’églises se taisent faute de curés. […] Serai-je obligée de fuir mon pays devenu terre sanglante pour m’expatrier ? ».
Nouveau procès quand, dans son livre Un cri dans le silence (2003), elle se dit carrément « contre l’islamisation de la France » : « Cette allégeance obligatoire et cette soumission forcée me dégoûtent… Nos aïeux, les anciens, nos grands-pères, nos pères ont donné leur vie depuis des siècles pour chasser de France tous les envahisseurs successifs. Pour faire de notre pays une patrie libre qui n’ait pas à subir le joug d’aucun étranger. Or, depuis une vingtaine d’années, nous nous soumettons à une infiltration souterraine et dangereuse, non contrôlée, qui, non seulement ne se plie pas à nos lois et coutumes, mais encore, au fil des ans, tente de nous imposer les siennes. »
Même rejet du métissage : « Alors que chez les animaux, la race atteint des sommets de vigilance extrême, les bâtards étant considérés comme des résidus, bons à laisser pourrir dans les fourrières, ou à crever sans compassion d’aucune sorte, nous voilà réduits à tirer une fierté politiquement correcte à nous mélanger, à brasser nos gènes, à faire allégeance de nos souches afin de laisser croiser à jamais nos descendances par des prédominances laïques ou religieuses fanatiquement issues de nos antagonismes les plus viscéraux. C’est extrêmement dommage. »
Autant de propos qui, post mortem, ont valu à la « pasionaria de la cause animale » d’être caricaturée par les maîtres-censeurs de Libération en « figure d’une droite identitaire qu’elle nourrissait de diatribes xénophobes et d’attaques contre l’islam », au point de « dériver vers la haine raciale ».
Cette « ravissante idiote » (titre d’un film de 1964 qui ne laissait rien ignorer de la parfaite plastique de B.B.) apparaît avec le recul infiniment plus consciente des réalités présentes que nos kyrielles de présidents, de ministres et d’intellos.
Claude Lorne
29/12/2025
Crédit photo : ETH-Bibliothek Zürich, Bildarchiv / Fotograf: Comet Photo AG (Zürich) / Com_L10-0171-0015 / [CC BY-SA 4.0]


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