Par André Murawski, conseiller régional Rassemblement national des Hauts-de-France ♦ Le jeudi 31 mai 2018, le Conseil régional des Hauts-de-France a accueilli un colloque sur la prévention de la récidive et des radicalisations. Ayant assisté à une partie de ce colloque, j’ai souhaité partager mes réactions.
Depuis les temps les plus reculés, les sociétés humaines sont organisées dans le but d’assurer à leurs membres les meilleures conditions d’existence. Pour ce qui concerne les relations publiques ou privées, un pacte social est défini et matérialisé par un corpus législatif et réglementaire. Dès lors, toute infraction à la loi constitue une violation des règles de vie auxquelles la société réagit par la contrainte, voire par la force. La punition peut être pécuniaire. Elle peut être privative de liberté. Dans certains pays, elle va jusqu’à l’application de la peine de mort.
S’il est clair que l’auteur d’une infraction ne doit pas en subir les conséquences au-delà de la sanction qui lui est infligée et que sa réinsertion dans la société doit être toujours possible, il est clair aussi que la société ne saurait faire plus en faveur de ceux qui enfreignent la loi qu’elle ne fait en faveur de ceux qui la respectent. Or, les débats auxquels j’ai assisté m’ont donné le sentiment d’une décadence du droit et d’un dévoiement de la solidarité.
En effet, si les débats portaient sur les auteurs de délits ou de crimes, il est frappant de constater que les victimes ou leurs familles étaient, comme c’est trop souvent le cas, méconnues ou sous représentées. Par exemple, Maître Morain, avocat étant intervenu pour faire sortir de prison le plus ancien détenu de France, a longuement évoqué la lourdeur de la peine infligée à son client, sans jamais avoir un mot pour la victime, un sexagénaire invalide que Michel Cardon et son complice avaient torturé, puis battu à mort avant de s’enfuir avec un butin dont la valeur s’élevait à 200 francs (30 euros). Fallait-il vraiment faire sortir Cardon de prison ? Je pense que non.
Evidemment, les personnes invitées à s’exprimer participaient pour la plupart du système judiciaire, de l’administration pénitentiaire ou d’associations d’aide à la réinsertion. Une aide dont on devine à la lueur des échanges qu’elle est plus active que celle à laquelle peut prétendre n’importe quel demandeur d’emploi, de logement ou de prestations sociales qui n’a jamais commis d’infraction. Cette inversion des priorités est anormale : la personne qui respecte la loi et qui est en difficulté devrait être accompagnée mieux que la personne qui a enfreint la loi et qui a causé à autrui une souffrance ou un préjudice parfois irréversibles. La défiance d’une frange importante de la population à l’égard des institutions procède souvent de tels constats.
Les discours prononcés lors de ce colloque montrent, en tout état de cause, que face à des conceptions erronées de la réinsertion, il reste beaucoup à faire. Dans ce domaine, la réforme devrait s’appuyer sur des valeurs morales dont la pertinence et l’efficacité ne sont plus à démontrer. La certitude de la sanction. Des peines intégralement exécutées. Des conditions de détention convenables sans exagération. Une contribution par le travail au coût de la détention… Ces valeurs sont-elles celles d’un certain conservatisme politique et sociétal ? Assurément. Et c’est tant mieux.
André Murawski
9 juin 2018
Source : Correspondance Polémia
Crédit photo : Domaine public, via PixaBay