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La liberté d’expression source de la vérité scientifique ou historique

La liberté d’expression source de la vérité scientifique ou historique

par | 17 janvier 2015 | Société

La liberté d’expression source de la vérité scientifique ou historique

Rétablir la liberté d’expression, XXXe Université annuelle du Club de l’Horloge les 15 et 16 novembre 2014. Texte n°6 : La liberté d’expression source de la vérité scientifique ou historique, par Henry de Lesquen, président du Club de l’Horloge.

La liberté d’expression est nécessaire à la science et à l’histoire car, dans ces deux domaines, la recherche de la vérité est essentielle pour toute avancée. Or, qu’est-ce que la vérité ? Comment savons-nous qu’une énonciation est une vérité ? Si l’on use d’un exemple trivial : l’Angleterre est une île. Il est toujours possible pour un contradicteur de présenter des preuves démontrant le contraire. C’est bien la liberté d’expression et celle de contradiction qui conduisent à croire que la proposition initiale, en l’occurrence, est la vérité. Cette vérité, qu’elle touche à la science ou à l’histoire, est d’ordre procédural. La communauté scientifique doit reconnaître le droit à la dissidence. Comme l’écrivait George Orwell dans son roman « La ferme des animaux », publié en 1945 :

« Parler de liberté n’a de sens qu’à condition que ce soit la liberté de dire aux gens ce qu’ils n’ont pas envie d’entendre ».

Mais la vérité a toujours un caractère relatif en ce sens que le critère central sur lequel elle repose tient au fait qu’à tout moment une opinion divergente peut être exprimée.

La théorie de la dérive des continents émise en 1912 par Alfred Wegener est une illustration de l’importance de la controverse dans la recherche de la vérité. L’hypothèse formulée par l’astronome allemand se heurta à l’époque à une forte opposition d’une grande partie de la communauté scientifique. Cette opposition et les démonstrations afférentes incitèrent à des études plus approfondies si bien que dans les années soixante, les explorations océanographiques, notamment, conduisirent à admettre comme une vérité la théorie de Wegener.

Il est possible de citer d’autres références comme la mise en cause par Galilée de l’explication géocentrique (le soleil tourne autour de la terre) du fonctionnement de l’univers par Ptolémée. Si la définition accomplie de l’héliocentrisme (la terre tourne autour du soleil) est due à Copernic, il n’empêche que Galilée a fourni les éléments nécessaires à cette découverte : les observations astronomiques et les premiers principes mécaniques. Face à cette révolution scientifique, le savant italien fut la victime de violentes attaques, notamment, sur le plan religieux. Il lui fut reproché d’incriminer les écrits bibliques.

Toute vérité, à un moment de l’histoire, est donc relative comme tout mouvement est relatif en conséquence de la théorie de la relativité. Opter pour une hypothèse, c’est adopter une position qui correspond à ce que l’on estime être la vérité. A cet égard, Henri Poincaré, découvreur de la théorie de la relativité restreinte considérait qu’entre deux théories il fallait choisir la plus simple : « pour qu’une explication mécanique soit bonne, il faut qu’elle soit simple » (La Science et l’Hypothèse – Chapitre 10).

« Il n’y a plus de mystère dans la nature » déclarait en 1887 Marcellin Berthelot. Une telle affirmation montre que la liberté d’expression implique la liberté de contestation.

Cette réflexion sur la vérité conduit à souligner un autre aspect majeur. En effet, la science repose sur le principe d’objectivité de la nature. Il convient donc de distinguer, catégoriquement, entre les jugements de connaissance ou de faits qui résultent d’une observation neutre et les jugements de valeur qui impliquent une appréciation.

Enfin, on ne saurait omettre dans le panorama l’approche de Thomas Kuhn énoncée dans son essai « La structure des révolutions scientifiques », paru en 1962. Pour cet auteur, le développement scientifique relève de deux temps : celui de la science normale et celui de la science extraordinaire.

Le premier correspond à la prééminence d’un paradigme qui est un ensemble de règles, de méthodes et de solutions auxquelles se réfèrent les scientifiques. L’autorité qui découle de ce paradigme peut être considérée comme d’ordre procédural. Le second temps est celui d’une révolution scientifique où émerge un nouveau paradigme face à des théories ou à d’autres paradigmes concurrents dont les éléments constitutifs sont rejetés ou compris dans le paradigme de référence. « Une théorie chasse l’autre ou englobe l’autre ». Ainsi, la théorie de la gravitation universelle de Newton constitue une révolution scientifique.

Vigilant quant à l’exigence de vérité, le Club de l’Horloge a créé en 1990 le prix Lyssenko attribué annuellement à « un auteur ou une personnalité qui a, par ses écrits ou par ses actes, apporté une contribution exemplaire à la désinformation en matière scientifique ou historique, avec des méthodes et arguments idéologiques ». Lyssenko, maître de la biologie soviétique sous Staline et Krouchtchev disqualifiait les adversaires de la vision marxiste en discréditant les opinions qui leur étaient prêtées.

Présentement, nos sociétés sont soumises à une censure superposée sur trois plans :

  • l’application de la loi par les juges
  • le verrouillage médiatique
  • la pression des milieux professionnels

S’agissant de la justice et de sa relation à la vérité et à la loi, deux faits, en rapport avec la Seconde Guerre mondiale et touchant à ces deux matières, méritent d’être cités. Lors du procès de Nuremberg, l’authenticité historique a dû céder à l’opportunité politique. En effet, quels que soient les crimes commis par ailleurs par les dirigeants hitlériens, il leur a été imputé, à tort et en toute connaissance de cause par les puissances alliées, le massacre des officiers de l’armée polonaise à Katyn, perpétrés en fait par le NKVD soviétique.

Pour ce qui concerne l’application de la loi et son interprétation par les différentes instances judiciaires, le cas présenté par Vincent Reynouard n’est pas sans intérêt. Ce militant révisionniste, condamné à un an de prison pour contestation de l’existence de crimes contre l’humanité, peine effectivement purgée, a vu une autre condamnation cassée par un arrêt de la Chambre criminelle de la Cour de cassation. Reynouard avait été condamné en première instance puis en appel pour apologie de crime de guerre après avoir mis en doute le rôle de la division Das Reich dans le massacre commis à Oradour-sur-Glane, le 10 juin 1944. La Cour a considéré qu’il n’y avait pas, dans le document à l’origine des poursuites, d’apologie de crime de guerre mais seulement une contestation. Or celle-ci ne constitue un délit que dans le cas de crime contre l’humanité. La haute juridiction, à l’inverse des instances inférieures, s’en est tenue à une stricte interprétation des textes.

Au-delà des exclusives légales, une autre forme de prohibition, bien plus étendue encore, est celle que génèrent les médias et, en premier lieu, ceux de l’audiovisuel. L’une des particularités de nos sociétés présentes est une soumission à des dogmes jugés indiscutables.

Parmi ceux-ci figurent l’existence d’un réchauffement climatique, phénomène dont l’homme serait le responsable. Négligeant les évolutions du climat au cours de l’histoire de la planète et celle de l’humanité (par exemple l’optimum médiéval) mais aussi la diversité des climats selon les continents et le caractère récent des observations scientifiques, une pensée dominante oblige à admettre que la Terre se réchauffe et qu’il en résultera des effets dramatiques.

Occultant le fait que les mesures montrent que la température moyenne ne croît plus depuis 1998, les conclusions du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur le climat), dont les experts le composant sont dûment choisis, ont force de vérité. Les contradicteurs, aussi éminentes que soient leurs compétences, ne sont jamais ou très rarement appelés à témoigner. Au contraire même ! Des personnes dépourvues de qualification par rapport à ce domaine d’une singulière complexité voire quelques saltimbanques viennent proclamer « qu’il faut sauver la Planète ».

Mais plusieurs études, très argumentées, ont montré toutes les réserves que devaient susciter les conclusions du GIEC. À côté d’autres, l’on peut citer l’ouvrage de François Gervais, « L’innocence du carbone » ainsi que des émissions de Radio Courtoisie dans lesquelles furent invités des scientifiques renommés : ils présentèrent de manière très pédagogique des démonstrations techniques qui contredisaient les certitudes avancées par la pensée dominante.

L’exigence d’une recherche dénuée de préjugés, fondée sur l’objectivité, voudrait que la charte de l’environnement, intégrée au préambule de la Constitution par un vote du Congrès du 28 février 2005, soit supprimée de ce préambule.

Si l’on évoque la Constitution, en relation avec la liberté d’expression, il faut rappeler aussi la contrainte qu’implique la primauté accordée au droit international sur le droit interne en vertu de l’article 55.

En conclusion, quelles que soient les opinions émises, la liberté d’expression doit être défendue pour elle-même.

Henry de Lesquen

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