Lors de la réception le 21 mai dans le Bureau ovale du président sud-africain Cyril Ramaphosa qu’il a accusé de couvrir dans son pays « le génocide des Blancs » (que lui-même souhaite accueillir comme « réfugiés politiques », sans doute à l’instigation d’Elon Musk), Donald Trump a-t-il « humilié » son hôte et dégainé son arme favorite, la « diplomatie de la perversité », comme l’affirme le politologue Denis Lacorne, auteur de De la race en Amérique (éd. Gallimard) ? Pour le bien-être des Afrikanders, on voudrait croire que Trump a « menti » et souscrire en revanche aux dénégations indignées de M. Ramaphosa — qui, en janvier 2025 et pour satisfaire son aile gauche, a pourtant promulgué une scélérate loi anti-Blancs autorisant les confiscations de terres par l’État sans compensation.
Mais la réalité reste très sombre.
La valise ou le cercueil pour les Boers… et les Indiens
On sait que le vocabulaire du successeur de Joe Biden est parfois hasardeux — ainsi quand il crie à l’antisémitisme après le meurtre au cri de « Palestine libre » à Washington de deux employés de l’ambassade d’Israël alors que c’est à l’évidence non pas l’antisémitisme mais l’antisionisme qui a motivé ce double crime. On sait aussi que peu de termes sont aussi galvaudés que celui de génocide depuis le premier d’entre eux au XXème siècle, celui des Arméniens : 1,6 million vivaient dans l’empire ottoman en 1914 mais 370 000 seulement après les massacres — souvent perpétrés d’ailleurs par les Kurdes auxquels la Sublime Porte avait fait miroiter les territoires ainsi dépeuplés.
Définition du génocide selon le Larousse : « Crime contre l’humanité tendant à la destruction totale ou partielle d’un groupe national, ethnique, racial ou religieux ; sont qualifiés de génocide les atteintes volontaires à la vie, à l’intégrité physique ou psychique, la soumission à des conditions d’existence mettant en péril la vie du groupe. » S’il n’y a peut-être pas eu génocide à proprement parler des ethnies non mélanodermes en Afrique du Sud depuis la chute de l’apartheid, l’épuration ethnique y a battu son plein et le nettoyage a même pris une nouvelle vigueur.
Ainsi, dans le Nord-Transvaal ou Province du Nord, ex-Limpopo et ancien bastion boer, on ne compte plus que 2,55% de Blancs, 0.33% d’Asiatiques et d’Indiens, et 0,27% de Coloureds (ou métis du Cap, mélange de Portugais, d’aborigènes et de Malais). Tous les autres ont péri ou pris la route de l’exode, vers des coins plus sûrs de la République ou à l’étranger pour fuir les persécutions et la terreur. Une issue prévisible. Interviewant en 1978 le Dr Mullah, président de la très importante communauté indo-pakistanaise du Natal, je fus frappée par la lividité que prit sa peau très sombre brusquement couverte de sueur quand j’évoquai un changement de régime : « Madame, si les Noirs gagnent, ils nous tueront tous. » Comme l’avaient fait à partir de 1957 les Kényans libérés de la tutelle britannique par les rebelles Mau-Mau — ma première approche, grâce à un reportage de Paris-Match, de la lutte des races. Tous ne sont pas morts, mais la famille Gupta, encore trop puissante sur le plan économique, est actuellement persécutée.
Or, il se trouve qu’est natif du Limpopo le frénétique Julius Malema qui, écœuré par la « mollesse » de l’African National Congress (ANC, au pouvoir depuis 1994 et dont il dirigeait le mouvement de jeunesse) et admirateur éperdu en revanche de Robert Mugabe, indéboulonnable potentat de 1980 à 2017 et fossoyeur du Zimbabwe issu de la riche Rhodésie, a fondé en 2013 le parti Combattants de la liberté économique ou EFF, qui n’a rien de libéral et dont la seule ambition économique est de s’emparer du bien des autres. Depuis 2019, l’EFF détient 7 sur sièges sur 38 dans l’assemblée provinciale du Nord-Transvaal, où l’ANC régnait en maître, et les prochaines élections devraient lui être encore plus favorables, comme dans d’autres provinces de l’ex-Républik, et notamment celle de Gauteng, autour de Johannesburg.
Injonction de Malema : « Abattez les fermiers blancs !
Parmi les vidéos exhibées par Donald Trump à la Maison-Blanche, il en est une qui glace le sang et pour cela volontairement ignorée— sauf par Le Nouveau Présent — par tous les médias occidentaux, qui contestent sa véracité alors même que ses auteurs ne cessent de la rediffuser dans toute la RSA afin d’y lever de nouvelles troupes : le 29 juillet 2023, dans le plus grand stade du Gauteng justement, à l’occasion du meeting organisé par l’EFF, se rassemblaient près de cent mille Bantous ; survoltés, fanatisés et tous coiffés du béret rouge symbole de leur parti, ils acclamaient leur leader Julius Malema et psalmodiaient après lui à pleins poumons « Dubul’ ibhunu » », « Shoot the Boer » — abattez les Blancs, abattez les fermiers blancs !
Rebelote le 26 novembre 2024. Fraîchement réélu député au Parlement du Cap pour un mandat de cinq ans, Malema — qui qualifie Ramaphosa de « collabo des Blancs » — rappelle aux Bantous en général à ses partisans en particulier l’ardente obligation, pour que la « révolution » aboutisse, de « prendre les armes pour arracher les terres à la classe capitaliste blanche », humbles fermiers compris.
Depuis 1994, plus de 2 000 d’entre eux ont été assassinés, ainsi que leur épouse (le plus souvent violée) et leurs enfants, mais aussi leurs employés noirs tentant de les défendre, cependant que les fermes étaient stupidement incendiées et le bétail abattu par les hordes sauvages dans l’euphorie de la « victoire ».
Quand la « Nation arc-en-ciel » tourne au rouge sang
Se revendiquant de Lénine, de Trotski, de Mao Tsé-Toung, des Khmers rouges, du psychiatre antillais Frantz Fanon, icône des décoloniaux, et, on l’a vu, du monstre Mugabé, Julius Malema assurait certes en 2016 : « Nous n’appelons pas à tuer les Blancs, du moins pas pour le moment. » Mais son parti était alors marginal. Depuis, ayant doublé ses scores électoraux pour frôler les 15% dans plusieurs régions, l’EFF est désormais la troisième formation la plus importante représentée au Parlement du Cap ainsi que dans les assemblées régionales. Et elle semble promise à un bel avenir puisque sa popularité augmente à mesure, que naguère géant économique et industriel de l’Afrique mais aujourd’hui lourdement handicapée par la la corruption endémique et l’incompétence des politiciens noirs, les tensions croissantes entre les différentes ethnies africaines, la toxicomanie, la criminalité et le chômage — sans oublier l’afflux de migrants en provenance de l’Angola, du Mozambique et du Zimbabwe ravagés par les mêmes tares —, la « Nation arc-en-ciel » s’enfonce dans la misère.
Comme il faut trouver des boucs émissaires, les Whites en général et les Boers en particulier restés sur place sont tout désignés, ainsi que les « Indiens », et, pour mobiliser ses supporters et en recruter d’autres, Malema répète à l’envi que, définitivement débarrassé des intrus (bien que l’arrivée des Afrikanders ait largement précédé celle des Bantous), le pays redeviendra un Eden. Par son racisme virulent, l’EFF risque donc fort de faire tache d’huile bien au-delà de ses frontières.
En France aussi la haine raciale : « Que ça pue la mort ! »
Tuer les blancs et surtout leurs bébés serait-il une obsession noire ? Apparemment, si l’on en juge par le fameux tube PLB sorti en 2018 par le rappeur Nick Conrad qui, dans un clip où il mimait la mise à la torture et l’exécution d’un souchien, intimait : « Pendez les Blancs / Je rentre dans des crèches, je tue des bébés blancs / Attrapez-les vite et pendez leurs parents / Écartelez-les pour passer le temps / Fouettez-les fort / Faites-le franchement / Que ça pue la mort / Que ça pisse le sang. »
Poursuivi en justice par l’AGRIF de Bernard Antony et, avec du retard à l’allumage, la LICRA, le rappeur franco-camerounais natif de la Seine-Saint-Denis — mais fils de diplomate, s’il vous plaît ! — fut reconnu coupable en mars 2019 de provocation au crime et condamné à 5 000 € d’amende (avec sursis, notez bien) ainsi qu’au versement de 1 000 € de dommages et intérêts aux associations qui s’étaient portées parties civiles. Mais son avocat Me David Apelbaum fit appel de ce jugement pourtant très indulgent, et obtint son annulation en septembre 2021 bien que Conrad ait entre-temps sorti un nouveau clip, Doux pays, où il beuglait entre autres : « J’ai baisé la France / Brûlé la France / Doux pays de mon enfance ».
Nul doute que s’il venait fantaisie à Julius Malema de venir dans ce « doux pays » et d’y recruter des imitateurs, la gauche et même les autorités françaises lui dérouleraient le tapis rouge.
Camille Galic
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