Accueil | Société | Dermatose nodulaire contagieuse : quand la stratégie de la peur remplace le bon sens

Dermatose nodulaire contagieuse : quand la stratégie de la peur remplace le bon sens

Dermatose nodulaire contagieuse : quand la stratégie de la peur remplace le bon sens

par | 17 décembre 2025 | Société

Dermatose nodulaire contagieuse : quand la stratégie de la peur remplace le bon sens

Faire un don à POLÉMIA

Récolté 9 904,00€
Objectif 20 000,00€
Donateurs 139
49,5%

Polémia se saisit de la question de l’intelligence artificielle en développant sa propre IA, entraînée uniquement sur des sources identitaires. Grâce à vos dons, nous pourrons la présenter courant décembre…

Il y a des maladies qui tombent du ciel. Et il y a celles qui tombent à pic. La dermatose nodulaire contagieuse (DNC) appartient à cette seconde catégorie : une épizootie réelle, certes, mais dont la gestion politique révèle bien davantage que le simple souci sanitaire. Elle agit comme un révélateur brutal d’une époque où le vivant — animal aujourd’hui, humain demain — est administré, rationalisé, sacrifié au nom d’un Bien supérieur devenu indiscutable. Cet épisode n’est pas sans rappeler la crise COVID, avec les mêmes narratifs imposés (protéger les autres…). Pourtant, tout est simple. Un virus de la famille de la variole. Des insectes vecteurs par piqûre. Une maladie bovine non transmissible à l’homme. Une mortalité généralement faible (1 à 2 % des cas cliniques), mais une morbidité visible de 10 à 20 % du cheptel (cas cliniques). Une guérison spontanée en un mois, facilitée par des soins classiques (antibiotiques, anti-inflammatoires, ivermectine, traitements naturels). Donc essentiellement des pertes économiques. Et donc, au nom du principe de précaution, une réponse radicale : l’abattage total, y compris d’animaux sains, parfois vaccinés, parfois sans symptômes. Pourtant, dès que l’on cesse de regarder la situation par le trou de serrure technocratique, une autre lecture s’impose.
Alain de Peretti, vétérinaire

 

Une maladie ancienne, une réponse nouvelle

La DNC n’est pas une maladie inconnue. Elle est décrite depuis des décennies, principalement en Afrique, puis au Moyen-Orient, avant de gagner certaines régions d’Europe, notamment les Balkans. Elle a été contenue ailleurs par la vaccination, parfois éradiquée sans abattage massif, parfois intégrée dans une gestion sanitaire classique.

Mais en Europe occidentale, et singulièrement en France, la réponse est immédiate, brutale, sans nuance : stamping out, « dépeuplement », élimination totale du troupeau, verrouillage territorial, communication anxiogène.

Pourquoi une telle radicalité pour une maladie non zoonotique (non transmissible à l’homme), à mortalité généralement limitée, pour laquelle existent des vaccins à virus atténué ayant fait leurs preuves, et dont la transmission dépend largement de facteurs environnementaux, notamment en hiver, où les insectes piqueurs sont peu actifs ?

La question mérite d’être posée, même si elle dérange.

Le retour du réflexe sacrificiel

Depuis quelques années, un schéma se répète :
Covid : confinement massif, suspension des libertés, QR codes.
Climat : culpabilisation permanente, interdictions, restrictions.
Agriculture : normes, charges, mise à mort économique des exploitations.
Élevage : réduction des cheptels, pression réglementaire, décroissance imposée.

On ne peut que remarquer la multiplication des abattages de masse de canards ou de dindes en raison de la grippe aviaire, de porcs en raison de la peste porcine, de bovins en raison de la tuberculose.

À chaque fois, le même logiciel : la peur justifie l’urgence, puis l’obéissance, et enfin l’irréversibilité.

La DNC s’inscrit parfaitement dans cette logique.
Elle permet d’imposer, sous couvert de science, une politique du fait accompli : des élevages détruits en quelques heures, des années de travail anéanties, des paysans sommés de se taire au nom de la biosécurité.

La vache n’est plus un animal. Elle devient une variable de risque, une ligne comptable, un problème à supprimer.

Quand la biosécurité remplace le bon sens

Personne ne nie la réalité de la maladie.
Ce qui est en cause, c’est le dogme de l’éradication totale, hérité d’une vision industrielle du vivant.

Dans cette vision : un animal infecté est un danger absolu, un troupeau est une entité homogène (une « unité bovine »), la complexité biologique est un obstacle à la gestion, le paysan est un pion.

Peu importe que la vaccination protège, que certains animaux soient indemnes, que des alternatives existent. Le protocole prévaut sur le réel.

Nous ne sommes plus dans la médecine vétérinaire, mais dans la gouvernance sanitaire.

Une agriculture déjà condamnée

Il serait naïf d’analyser la DNC hors contexte.
Depuis des décennies, les cheptels européens diminuent, les exploitations ferment, les agriculteurs se suicident, la souveraineté alimentaire recule, les accords de libre-échange ouvrent les frontières à des productions étrangères aux normes laxistes.

Dans ce paysage, chaque crise sanitaire agit comme un accélérateur. Un élevage abattu est rarement reconstruit. Un paysan brisé ne recommence pas.

La DNC devient alors un outil opportun de restructuration agricole par la destruction.

Une planification ancienne et efficace malgré les aléas politiques

Cette guerre contre l’élevage et l’agriculture en général ne date pas d’hier. Dès les années 1960, Sicco Mansholt, commissaire européen à l’Agriculture, puis président de la Commission, lançait un vaste plan de restructuration visant à faire disparaître la petite paysannerie au profit d’une agriculture concentrée et industrialisée. Il suivait les préconisations du rapport Rueff-Armand de 1959, dévoilées dans un rapport sénatorial la même année (page 45), qui disait textuellement :
« Ainsi le mécanisme des prix ne remplira son office dans le secteur agricole qu’en infligeant aux agriculteurs, presque en permanence, un niveau de vie sensiblement inférieur à celui des autres catégories de travailleurs. »

Dans les années 1970, le Club de Rome instillait l’idée que la production, l’agriculture et l’alimentation devenaient des menaces pour la planète. La décroissance entrait dans le logiciel politique.

Aujourd’hui, ce cadre idéologique se traduit par des politiques coercitives. Aux Pays-Bas, sous le gouvernement de Mark Rutte, désormais recasé à la tête de l’OTAN, un plan de réduction de près de 30 % du cheptel a déclenché en 2022 des révoltes paysannes sans précédent. En Irlande et en Belgique, des projets similaires sont à l’œuvre. Partout, la même logique : sauver le climat en supprimant les élevages.

Il ne s’agit plus de protéger la nature, mais de changer de modèle anthropologique : moins d’animaux, moins de paysans, moins de ruralité, plus de contrôle.

Le vivant sous administration

La DNC pose une question centrale, qui dépasse largement le monde agricole :
jusqu’où sommes-nous prêts à accepter que le vivant soit géré comme un stock constitué « d’unités bovines » (sic) ?

Hier, des vaches. Aujourd’hui, des élevages entiers. Demain, des populations jugées « à risque », « non conformes », « non essentielles » ?

La logique est la même : simplifier, standardiser, éliminer l’imprévu, gouverner par la peur.

Refuser l’évidence fabriquée

Il ne s’agit pas de nier la science, mais de refuser son instrumentalisation. Il ne s’agit pas de nier les maladies, mais de contester des réponses automatiques. Il ne s’agit pas de complot, mais de lucidité politique.

Une société qui abat systématiquement ce qu’elle ne maîtrise plus est une société qui a renoncé à comprendre.

La DNC n’est pas seulement une maladie bovine. C’est un symptôme de plus d’un monde qui préfère détruire le réel plutôt que de l’affronter.

Et c’est précisément pour cela qu’il est urgent de ne pas se taire.

Alain de Peretti, Dr vétérinaire
17/12/2025

Cet article vous a plu ?

Je fais un don

Je fais un donSoutenez Polémia, faites un don ! Chaque don vous ouvre le droit à une déduction fiscale de 66% du montant de votre don, profitez-en !

Voir aussi

Une jeunesse sous l’emprise des raves-parties

Une jeunesse sous l’emprise des raves-parties

À Rennes en mars dernier, l’affaire de la rave-partie à côté du Live Club 1998 avait abouti au licenciement de celui qui gérait la sécurité des lieux. Sans procédure judiciaire contre ses dispositions professionnelles, il a subi les conséquences d’un lynchage...

La défaite intellectuelle des écologistes français

La défaite intellectuelle des écologistes français

La publication simultanée de trois ouvrages, Gagnons ! de Cécile Duflot, Climat, la drôle de guerre de Yannick Jadot et Gagner le combat du Pacte vert de Pascal Canfin, offre un matériau précieux pour comprendre l’état réel de l’écologie politique française. Ces...