L’élection présidentielle chilienne du 14 décembre s’annonce décisive. José Antonio Kast, porté par une droite sécuritaire et libérale, domine le débat, ravivant malgré lui l’ombre de Pinochet. Dans cet article, Pierre Boisguilbert interroge ce possible « retour par procuration » du général et met en lumière la tension entre une droite d’ordre légitime et la tentation d’un héritage autoritaire. Une plongée dans la campagne la plus sensible du Chili depuis trente ans.
Polémia
Retour de Pinochet dans le débat politique
Si, à la mi-décembre, les urnes ne contredisent pas la logique du premier tour, l’élection de M. Kast serait plus qu’une victoire de l’extrême droite : elle constituerait en quelque sorte le retour par procuration du général Pinochet, souligne Causeur. Pinochet, c’est un peu l’éternel retour. L’un d’entre eux a offert un moment inoubliable de télévision : revenu au Chili en mars 2000 après sa libération pour raisons de santé de son assignation à résidence à Londres, il apparaissait comme mourant. Mais à la vue de ses compagnons d’armes, il se redressa soudain, quitta son fauteuil et marcha vers eux, sous le regard médusé des médias.
Kast, héritier politique implicite
José Antonio Kast, avocat de 59 ans, est en position favorable pour l’emporter au second tour du 14 décembre, où les 15 millions d’électeurs seront à nouveau appelés. Le vote est obligatoire. Sa rivale, Jeannette Jara, 51 ans, est arrivée en tête au premier tour avec 26,85 %, un résultat en réalité décevant. Pour l’emporter, il lui faudrait capter la totalité des 19,7 % du candidat populiste Franco Parisi, hypothèse jugée improbable par Public Sénat.
Kast avait obtenu 7,9 % en 2017 lors de sa première candidature. Il se réclamait alors ouvertement de Pinochet. Son profil — fils d’un ancien soldat de la Wehrmacht, membre du parti nazi exilé au Chili — alimente aujourd’hui les critiques, notamment dans Libération.
Immigration, criminalité et stratégie à la Trump
Kast a fait de l’immigration illégale son thème central : 337 000 étrangers en situation irrégulière, majoritairement vénézuéliens. Il exploite le climat d’inquiétude lié aux gangs étrangers, tel le « Tren de Aragua ». Comme une réplique de Donald Trump, il promet expulsions massives, mur frontalier, renforcement policier et déploiement de l’armée.
Ainsi, le général Pinochet bouge encore — celui que Salvador Allende considérait comme le plus républicain des militaires chiliens. Décidément, cet homme-là avait du nez.
Pierre Boisguilbert
20/11/2025
Crédit image : Biblioteca del Congreso Nacional [CC BY 3.0 CL]
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