La mort du jeune Clément Méric, 19 ans, militant « antifasciste »* – apparemment provocateur en bande organisée –, tué malencontreusement dans une bagarre à coups de poing, n’est en soi qu’un fait divers. Son exploitation éhontée par le Système, dont les militants antifascistes sont les auxiliaires zélés, ne peut pas étonner un esprit prévenu. En revanche, les réactions à droite sont consternantes. E.D.
- En premier lieu, il ne convient pas de crier haro sur le garçon de 20 ans qui aurait donné les coups mortels et qui, semble-t-il, venait à la rescousse de ses camarades accrochés à l’initiative des gauchistes, ce qui serait plutôt à son honneur. Ceux qui le vilipendent d’emblée n’ont jamais été confrontés à la canaille antifasciste et feraient donc mieux de rester sur une prudente réserve.
- En second lieu, il convient de s’arrêter sur la volonté exprimée par le Pouvoir et les gens du Système de dissoudre par décret une certaine organisation de la droite radicale, sous le visa de la loi du 10 janvier 1936.
C’est ce seul dernier point qui sera traité ici.
Respect incongru pour une loi de gauche
Dimanche 9 juin, sur BFMTV (« BFMTV politique », 18-20 heures), Marine Le Pen a été interrogée sur la procédure de dissolution autoritaire des Jeunesses nationalistes révolutionnaires annoncée par messieurs Valls et Ayrault. La présidente du Front national a répondu, à l’instar d’un Éric Ciotti de l’UMP, qu’elle était favorable à la dissolution des groupements extrémistes violents de droite comme de gauche. Madame Le Pen n’a cependant pas cru devoir citer un seul mouvement de l’extrême gauche, ce qui est regrettable, puisque, de l’autre bord, les JNR étaient jetées « aux chiens », pour reprendre une formule de Mitterrand. Elle aurait pu nommer au moins Action antifasciste, organisation activiste à laquelle appartenait le protagoniste malchanceux de la rixe tragique. Et pourtant les attaques contre les JNR, à cet égard, sont disproportionnées : un fait divers ne fait pas une ligue armée, mais la sidération médiatique a fait, comme d’ordinaire, prospérer le mensonge partisan. La sagesse et la mesure ne sont assurément pas antifascistes…
Le propos de madame Le Pen est également incongru, car il admet implicitement le bien-fondé de la loi du 10 janvier 1936, texte effectivement « antifasciste » dans le langage de l’extrême gauche, c’est-à-dire dans le droit fil de l’entérinement du concept au VIIe congrès du Komintern en 1935.
Avant la promulgation de la loi, seule la dissolution d’une association – terme juridiquement plus précis et formellement limité – était possible, au terme d’une procédure judiciaire préalable et contradictoire. Et n’oublions pas que la loi de 1936 a trouvé sa raison d’être contre les nationaux français, après la manifestation tragique du 6 février 1934 où une vingtaine de bons Français ont été abattus, sciemment et pas, comme Méric, par un hasard malencontreux… Il ne faut pas perdre de vue que, historiquement, la République française repose sur le mythe de la guerre civile rédemptrice – voyez 14 juillet 1789, la Terreur de 1792-1794, les épurations de la magistrature en 1793, 1944 et 1883, les événements précités de 1934, la Terreur de 1944, etc.
Vers une dissolution du Front national ?
Marine Le Pen est, certes, libre de marquer ses distances avec tel ou tel mouvement de la droite radicale ; dans certains cas probablement a-t-elle politiquement raison. En revanche, elle a tort de légitimer le pouvoir ponctuellement dictatorial que confère la loi « antifasciste » de 1936 au président de la République… En effet, la présidente du Front national ne devrait pas oublier que, de façon récurrente, des voix de la gauche comme de la droite du Système réclament la dissolution autoritaire de son parti.
Fantasme dont le FN devrait se jouer ? Nullement.
Depuis le basculement du droit français dans la morale antidiscriminatoire, dite antiraciste, dû à la loi Pleven du 1er juillet 1972, tout groupement qui prône la préférence nationale ou le refus de l’islamisation peut faire l’objet d’une dissolution autoritaire. Ceci parce que la loi Pleven a ajouté un motif possible à ceux prévus en 1936, motif nouveau qui permet la dissolution – répression pénale à l’appui pour reconstitution de ligue dissoute – des « groupements », quels qu’ils soient, de la droite nationale. Et ce motif est la provocation « à la discrimination … envers un groupe de personnes à raison de… leur appartenance ou de leur non-appartenance à… une nation… ou une religion déterminée »… ou même la simple tendance « à justifier ou à encourager cette discrimination » ! Bref, le Front national est en danger de mort, à cause de cette loi scélérate, et sa présidente ne le voit pas !
Marine Le Pen, et je le dis sans acrimonie, doit faire de gros efforts pour intégrer à sa réflexion, à son discours et à son action une dimension métapolitique. Je ne suis pas partie prenante aux JNR, toutefois il n’est pas possible de fermer les yeux sur le mauvais coup qui se prépare. Toutes les droites de conviction sont face au même danger et se doivent donc d’être solidaires devant la menace.
Aujourd’hui les JNR et demain le FN ?
Éric Delcroix
10/06/2013
(*) C’est-à-dire immigrationniste.
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