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20 ans après l’affaire Cantat : retour sur l’angélisation de l’extrême gauche

20 ans après l’affaire Cantat : retour sur l’angélisation de l’extrême gauche

par | 27 juillet 2023 | Société

Il y a 20 ans, dans la nuit du 16 au 17 juillet 2003, Marie Trintignant tombait sous les coups de son compagnon, le chanteur Bertrand Cantat. Mais l’émoi face à ce que les médias et les militants de gauche appelleraient aujourd’hui un féminicide n’était pas total. Car Bertrand Cantat était un « artiste engagé ». C’est-à-dire qu’il militait publiquement contre le capitalisme – en apostrophant par exemple régulièrement Jean-Marie Messier – et luttait contre « l’extrême droite » – en fustigeant régulièrement le Front national. En plus de cela, c’était un artiste tout court, dont la musique était appréciée par toute la scène culturelle du moment. Autant d’éléments qui ont amené l’ensemble de ses proches à mentir lors du procès afin de cacher la violence du chanteur. Autant d’éléments qui ont amené les médias à se montrer particulièrement magnanimes. Autant d’éléments qui ont fait que le monde politique de gauche a eu beaucoup de mal à attaquer le chanteur. Quelques années plus tard, en 2010, sa compagne Kristina Rady se suicidera après avoir laissé un message glaçant à ses parents sur les violences de Bertrand Cantat. Et là encore, le monde politico-médiatique restera très discret.
Voici ce qu’écrivait Polémia le 16 septembre 2003, quelques jours après cette affaire Cantat. Le traitement médiatique affolant y est fustigé. Si ce texte a quelque peu vieilli puisque le drame est maintenant ancien, le fond du propos est toujours d’actualité.
Polémia

Affaire Cantat : l’angélisation de l’extrême gauche

Le traitement médiatique de l’affaire Cantat est proprement stupéfiant.

Voici un homme jaloux et violent qui – peut-être sous l’emprise de l’alcool – frappe une femme et fracasse sa tête si violemment qu’il la tue… avant d’expliquer élégamment son geste par l’hystérie de sa compagne.

Et pourtant ce monstre de violence bénéficie d’un soutien massif de l’extrême gauche médiatique :

  • tribune de soutien dans les journaux ;
  • réédition à grand bruit d’un ouvrage paru fin juin « L’expérience des limites » ;
  • soirée concert à Vilnius ;
  • atténuation du meurtre par l’exploitation du thème de l’amour passion (« je t’aime, je te tue ») ;
  • pressions diplomatiques sur la Lituanie pour obtenir que le meurtrier soit extradé en France où la justice pourrait être rendue sous la pression de médias favorables…

Tel est le tohu-bohu organisé par les amis de Bertrand Cantat depuis plus d’un mois. Pourquoi ? Parce que comme l’a écrit le quotidien de référence Le Monde : « Bertrand Cantat est un type bien ». En l’occurrence, le critère du bien et du mal n’est autre que l’engagement politique de Bertrand Cantat. Invitant dans ses concerts ACT UP, le Mouvement pour l’immigration dans les banlieues ou Attac, soutenant le groupe Zebda et favorable à la régularisation des immigrés clandestins, « l’anti-facho » Bertrand Cantat est dans le camp du « bien ». C.Q.F.D. : c’est donc un « type bien ».

Ainsi, le meurtre d’une femme sous l’effet de la violence masculine – meurtre qui servirait à diaboliser son camp si son auteur était une personnalité de droite ou d’extrême droite ou un dirigeant du patronat – est légitimé, atténué, ou au contraire magnifié par une présentation romantique, à partir du moment où le meurtrier est d’extrême gauche.

Cette affaire révèle la formidable puissance de ce courant politique violent capable de justifier, sans sourciller, le crime privé particulièrement odieux de l’un des siens.
Elle révèle aussi sa formidable intolérance et son goût de la violence : « Noir Désir », tout un programme que l’extrême gauche assume jusqu’au bout fût-ce au prix de la justification du meurtre d’une jeune femme féministe et socialiste !

Polémia
27/07/2023 – 1re publication : 16 septembre 2003

Crédit photo : Wikimedia Commons [CC 4.0]

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