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Une autre soumission : le globish…

Une autre soumission : le globish…

par | 8 juin 2016 | Société

Daniel Jachet, essayiste.

♦ Débarrassons la langue française des mots anglais et favorisons son rayonnement international !

Nous consoler en rappelant que des mots anglais ont une origine française ne suffit pas.


Le seizième sommet de la Francophonie va réunir une quarantaine de chefs d’Etat à Tananarive.

Il y a 274 millions de francophones dans le monde dont 212 feraient un usage quotidien de la langue française.

L’Organisation internationale de la Francophonie regroupe 80 États. Le français est la troisième langue des affaires (la seconde en Europe). C’est aussi l’une des deux langues des organisations internationales.
Et pourtant…

Remercions les Malgaches qui parlent encore notre langue car il faut pour cela une fidélité obstinée.

Pas seulement parce que les Anglophones mènent une guerre d’usure pour évacuer progressivement l’usage du français comme au Québec où la résistance est un combat quotidien. En France, les capitulations se succèdent. L’influence de la radio et de la télévision est grande avec les newsrooms, lives, les teams, shows, morning lives, ou l’horrible hashtag. Mais les grandes enseignes et organismes publics ne sont pas en reste avec leur  newsletter .

La page facebook intitulée Globish relève presque chaque jour des exemples de cette soumission consentie.

Il ne s’agit pas ici de se lamenter sur le langage courant qui a depuis longtemps intégré des mots anglais devenus inévitables comme les jeans et les tee-shirts, ou francisés par l’Académie comme le fioul. Il est ici question de l’accélération d’un processus inspiré par la fascination d’un langage mondial unique, de l’usage d’anglicismes, parfois de phrases entières (ou partiellement) en anglais.

Les écoles de management ne célèbrent plus leur anniversaire mais un happy birthday et forment des commerciaux et publicitaires qui, chez Carrefour, nous proposent des deals ou chez Habitat remplacent la literie par le Bedding. Le parfumeur Nocibé nous souhaite un joyeux birthday (en gardant un happy anniversaire pour l’an prochain ?) et Marionnaud dit aux mères qu’elles sont born to be a beautifull maman. Le commerçant doit organiser sa boutique en faisant du zoning.

Le monde du Jazz est un des plus atteints. Les artistes sont très attachés à l’exception culturelle française, surtout pour la diffusion sur les ondes et le statut d’intermittent, mais les enregistrements se font avec des friends ou des guests. On ne rend pas hommage mais tribute to.

Nous consoler en rappelant que des mots anglais ont une origine française ne suffit pas et on attend une liste significative d’exemples.

À défaut, on nous dit qu’il faut vivre avec son temps, et qu’il est ringard de tenir à sa langue maternelle alors qu’un baragouin globish est approximativement compris par tout le monde. Eviter l’overdose de burn out dans l’open space ferait trop old school.

Les défenseurs de notre identité culturelle doivent réaliser qu’il y a une autre forme de soumission à un autre genre d’invasion.

Daniel Jachet
6/06/2016

Les intertitres sont de la rédaction.

Note : Le 5 avril 2014, Daniel Jachet avait adressé à Madame Figaro la lettre de lecteur suivante, lettre qui a été refusée :

Overdose de globish.

Producteur et animateur d’émissions radiophoniques consacrées au Jazz, je ne suis pas complètement allergique aux anglicismes et je constate que l’usage a enraciné des mots anglais dans notre langue française.

Mais tout de même ! La dernière livraison de Madame Figaro m’annonce en couverture un spécial dresscode et aussi un coaching nouvelle minceur. Le sommaire indique preview p 44, Success story p 56, Fashion expert p 58, Mode News p 66, Note Book p 167. Mix Madame propose la French Touch, Cat’s eyes et Pop-up Store. On poursuit dans le Fashion groove, l’Arty Party, des allures de campus girl dans un summer camp. Les effets bénéfiques du water bike. Je vais tenter de me remettre de tout ce snobisme langagier dans un coffee shop si possible Arty. Bon week end.

Texte refusé, bien sûr.

D’autant que cette semaine on nous dit que Pharrell Williams est un happy dandy et qu’en attendant les fashion weeks vous pouvez toujours cuisiner un Truffle Macaroni & Cheese

Source : Boulevard Voltaire.fr

Correspondance Polémia – 7/06/2016

Image : La French touch ou French house est un genre musical né en France en 1990, reconnu internationalement comme la déclinaison française de la musique house. Si, au départ, elle se distinguait de la house music classique par l’utilisation de samples souvent puisés dans le funk et la disco, au fil des années, ses sources d’inspiration se sont étendues à tous les styles musicaux. (Wikipédia)

 

 

 

 

 

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