Les journalistes en perte d'image (4/4)

lundi 15 octobre 2012

                                                       Polémia

                                       Cinquième Journée d’étude de la réinformation
                 
Face à la tyrannie médiatique : vers un grand bond offensif ?
                    
« Nouvelles donnes, nouvelles cibles, nouveaux outils »
                                                            Samedi 13 octobre 2012
                                                                              
Intervention de Michel Geoffroy
                                                                              
            (Quatrième partie)

 Polémia publie le texte intégral de l’intervention de Michel Geoffroy, à la cinquième Journée d’étude de la réinformation, organisée par la Fondation Polémia. Etant donné sa longueur, le texte est présenté en quatre parties. En voici la quatrième, les liens des trois autres sont indiqués en fin de la présente publication, comme l’est le Pdf regroupant l’ensemble.

Polémia

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Ces réponses permettent donc d’entrevoir l’existence d’une posture de distanciation croissante vis-à-vis du bombardement médiatique : les auditeurs/spectateurs se rendent quand même compte des biais du Système médiatique, même s’ils y restent soumis.

Cette situation n’est paradoxale qu’en apparence. Car ce phénomène existait déjà en URSS vis-à-vis de l’information officielle. La raison en est identique : depuis la fin des années 1990 la réalité dépasse la fiction médiatique, c'est-à-dire la fiction idéologique, pour un nombre croissant de personnes.

Le consommateur de médias se rend bien compte qu’il ne vit plus dans le même monde que celui qu’on lui présente. Il s’aperçoit aussi que les sujets dont on l’entretient correspondent de moins en moins à ses centres d’intérêt ou à ses sujets de préoccupation réels.

D’où plusieurs conclusions :

1) Les médias, principalement audiovisuels, nous montrent un monde qui s’éloigne de la réalité objective. Ce monde irréel influence notre perception du monde réel, si l’on ne dispose pas d’autres sources.

2) Cependant l’efficience des médias pour imposer l’idéologie du Système oligarchique décline manifestement : ainsi le matraquage médiatique n’a pas empêché la percée des idées populistes et identitaires dans l’opinion. Le Système médiatique est en réalité plus efficace pour formater et contrôler l’orthodoxie idéologique de l’oligarchie car celle-ci vit en endogamie dans un monde protégé, que pour convaincre durablement le reste de la population, qui vit dans le monde réel et qui, lui, se confronte aussi aux faits et non pas aux seules « informations ».

3) Le consommateur de médias n’est pas aussi passif que l’on veut bien le dire : comme le public soviétique hier, il devient capable de décrypter le discours officiel médiatique et ses ridicules ; ex. : il sait ce que l’on veut dire quand les journalistes parlent de « jeunes », de « quartiers populaires » ou d’établissements scolaires « sans histoire » !

4) Comme l’électeur, le consommateur de médias commence à voter avec ses pieds : il zappe les médias établis. Il se détourne de la presse écrite traditionnelle dont les contenus ne cessent de diminuer et les prix d’augmenter (pour le tirage par habitant la France est aujourd’hui au… 57e rang mondial) ; il se méfie des bobards télévisés et il commence à se tourner vers Internet (moins qu’aux Etats-Unis mais le mouvement est amorcé chez nous, en particulier chez les jeunes).
La télévision est ainsi de plus en plus concurrencée par Internet (les internautes représentent environ 22% de la population mondiale en 2011), les smartphones, tablettes et ordinateurs (aux Etats-Unis 64% des propriétaires de tablettes et 62% de smartphones déclarent utiliser leur appareil pour accéder aux informations, selon l’enquête Pew/The Economist de juin à août 2012 – La Correspondance de la presse du 3 octobre 2012).
Il est probable que le déclin du livre dans l’opinion relève du même phénomène : il est la conséquence de la faible qualité contemporaine de l’édition.

5) Ce phénomène est d’ailleurs mondial et pas uniquement français : ainsi aux Etats-Unis, selon un sondage Gallup réalisé début septembre 2012, 60% des personnes interrogées déclarent que les grands médias « ne rendent pas compte des informations entièrement, précisément et de manière juste » ; plus de la moitié faisaient encore confiance aux médias avant 2004 et 72% dans les années 1970 (La Correspondance de la presse du 24 septembre 2012) : la chute est donc continue.

L’enquête Pew Research Center de juin 2012 (cf. La Correspondance de la presse du 8 octobre 2012) sur les habitudes américaines de consommation de l’information de 1991 à 2002 révèle aussi que :

  • - la lecture des journaux imprimés a chuté de 18 points entre 2002 et 2012 ;
  • - l’audience de la télévision a chuté de 13 points depuis 1991 ;
  • - 60% des moins de 25 ans s’informent par le web et 33% des moins de 30 ans via les réseaux sociaux.

Le temps d’écoute de la télévision diminue aussi dans les pays les plus consommateurs, comme aux Etats-Unis, au Japon ou en Allemagne, au profit d’Internet (selon l’étude Médiamétrie Eurodata Worldwide – La Correspondance de la presse du 26 septembre 2012).

* * *

Cela veut dire que le mur médiatique se fissure, comme le mur idéologique, comme le mur politique et pour les mêmes raisons. C’est donc une bonne nouvelle !

A lire :

Les journalistes en perte d’image (1/4)
Les journalistes en perte d’image (2/4)
Les journalistes en perte d’image (3/4)

Texte intégral en Pdf : cliquer ICI

Voir aussi :

Observatoire des médias : soyez informé sur ceux qui vous informent

Polémia – 15/10/2012

Image : « Il s'agit de faire un bon article »

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