Observatoire des médias : soyez informé sur ceux qui vous informent

mercredi 17 octobre 2012

Polémia

Cinquième Journée d’étude de la réinformation
Face à la tyrannie médiatique : vers un grand bond offensif ?
« Nouvelles donnes, nouvelles cibles, nouveaux outils »
Samedi 13 octobre 2012
Intervention de Claude Chollet

A l’occasion de la cinquième Journée de réinformation de Polémia, Claude Chollet a présenté l’Observatoire des journalistes et de l’information médiatique : http://www.ojim.fr/ : un observatoire doublement utile par les portraits de journalistes qu’il publie mais aussi par ses « brèves » qui informent sur l’actualité des médias. Voici un résumé de l’intervention du président de l’OJIM.

Polémia

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En vous réveillant vous avez allumé la radio. Petit déjeunant, vous écoutez/regardez les informations. Vous avez poursuivi votre écoute en voiture ou dans les transports en commun grâce à votre téléphone. Vous avez parcouru un journal gratuit et acheté un quotidien. Dans la journée vous avez navigué sur plusieurs sites. Le soir, vous avez regardé le Journal télévisé. Si vous êtes addictif vous avez aussi écouté/vu les radios et les télévisions d’information en continu.

Mais, cette information, qui la crée ? la sélectionne pour vous ? Qui la transforme ? Qui décide pour vous ce qui doit être mis en exergue ou ce qui doit être tu ? L’information n’est pas un objet neutre, elle est produite, gérée, orientée. Par qui ? Par les journalistes eux-mêmes, bien sûr, et par les médias qui les emploient, les mêmes médias souvent contrôlés par des groupes industriels et financiers qui, s’ils prétendent à la neutralité, défendent leurs propres intérêts.

Edmond Burke, en 1787, a créé l’expression « Quatrième pouvoir ». Ce quatrième pouvoir est devenu le premier. Il influence les élections ; il commente et oriente les décisions du législatif comme de l’exécutif ; il juge aussi les juges ; il fait et défait les réputations, celle des groupes aussi bien que la vôtre.

Les journalistes sont-ils indépendants ? Ils dépendent de leur hiérarchie dans les médias qui les font travailler. Ils dépendent encore plus de leur éducation, des cercles qu’ils fréquentent, de l’atmosphère culturelle et politique dans laquelle ils baignent, d’un certain esprit de caste, de ce que Bourdieu appelle l’habitus.

Tous les journalistes ne sont, bien sûr, pas logés à la même enseigne. A côté de quelques dizaines de vedettes et de quelques milliers de journalistes employés sur une longue durée, la réalité est de plus en plus celle des soutiers de l’information payés à la pige, nouvelle classe intellectuelle précarisée.

Peut-on parler d’une crise du journalisme ? d’une certaine forme de fin de la liberté d’expression ? Les lois en vigueur défendent la liberté de la presse tout en l’encadrant. Serge Halimi, dans son ouvrage Les nouveaux chiens de garde (1) reprend les thèses de Guy Debord sur la société moderne : « Tout ce qui était directement vécu s’est éloigné dans la représentation » (2). Mais qui représente cette représentation ?

Si les journalistes doivent être protégés, le lecteur, l’auditeur, le spectateur ont aussi des droits : le droit de savoir qui parle, qui écrit, par quel itinéraire. Michel Field a parfaitement le droit d’avoir été un militant trotskyste dans sa jeunesse. Mais ses auditeurs ont aussi le droit de connaître ses amitiés et ses arrière-plans idéologiques. Sans oublier les commanditaires qui l’emploient.

C’est ce droit de savoir de l’auditeur, du spectateur, du lecteur que l’Observatoire des journalistes et de l’information médiatique (OJIM) veut promouvoir. Une meilleure connaissance du monde journalistique et des médias favorise une véritable démocratie et une éthique civique. L’OJIM vise à devenir une véritable ONG de salubrité déontologique.

Sur le site de l’Ojim, www.ojim.fr, vous trouverez les portraits des vedettes du journalisme comme des analyses des médias et des réseaux ; également des vidéos avec des analystes des médias, tout ceci dans un esprit citoyen et participatif. Si le site n’a pas de forum, nous encourageons nos lecteurs à compléter nos rubriques. Ces ajouts seront pris en compte et intégrés dans la mesure où ils sont sourcés et dénués d’esprit polémique. L’OJIM vise à mieux informer les citoyens sur leur environnement médiatique quotidien. Avec la participation du public que nous souhaitons représenter.

Claude Chollet
13/10/2012

Notes :

(1) Serge Halimi, Les nouveaux chiens de garde, nouvelle édition 2005, Editions Raisons d’Agir ; voir aussi le remarquable film éponyme.
(2) Guy Debord, La Société du spectacle, Folio, thèse 1.

Voir aussi :

Feu sur les médias de l'oligarchie !
Les journalistes en perte d'image (1/4) 
Les journalistes en perte d'image (2/4) 
Les journalistes en perte d'image (3/4)
Les journalistes en perte d'image (4/4)
« Les nouveaux chiens de garde », ou comment s'organise la caste qui nous dirige

Polémia
17/10/2012

Image : Ojim (Observatoire des journalistes et de l’information médiatique)

 

 

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