« Les nouveaux chiens de garde », ou comment s'organise la caste qui nous dirige

jeudi 2 février 2012

En 1932, Paul Nizan bousculait l’ordre établi en publiant Les chiens de garde, véritable pamphlet contre la caste dominante et ses petits arrangements : collusion d’intérêts, philosophies éphémères, caste dominante, etc.

Nouvelle ère, nouveau style, l’Histoire nous a fort heureusement enseigné les erreurs à ne plus commettre… Vraiment ? Quatre-vingts ans après l’opuscule de Nizan sort Les nouveaux chiens de garde, un film/documentaire (sorti il y a quelques jours), œuvre « subversive » aux yeux du même ordre établi, tant il met en lumière des vérités dérangeantes sur les médias, ceux qui les possèdent et ceux qui les gouvernent.

Liens humains et idéologiques entre journaux, médias, politiques, experts et responsables économiques : Pasqua embrassant Chabot, Joffrin ne voulant pas embarrasser Chirac, Baroin se mariant avec Drucker, Minc faisant des louanges à Cohen… Tout ce petit monde se connaît, s’apprécie et s’acoquine. Il se retrouve chaque dernier mercredi du mois Place de la Concorde lors du fameux dîner du Siècle. Ce club, très select, n’est accessible que par parrainage, et de ses réunions rien ne sort. Tout le gratin médiatique, politique et économique s’y réunit et… on n’en saura pas plus, hélas, bien qu’on puisse deviner ce qui s’y déroule.

Nous voyons dans ce merveilleux documentaire les fameux « experts » en véritables gardiens du dogme faire des pronostics aussi ahurissants que dogmatiques, des patrons et journalistes jouant à la chaise musicale avec les médias, les véritables détenteurs du pouvoir et de l’information que sont les grands groupes industriels et financiers, au sein des conseils d’administration desquels nous retrouvons d’ailleurs nos… « experts indépendants ».

Cette caste s’auto-entretient, s’organise en réseau, fait monter les têtes qui lui plaisent et coupe les autres. Néanmoins, nous pouvons nous interroger : pourquoi agir de la sorte ?

Il y a, comme toujours, des intérêts financiers, des réseaux inimaginables mais aussi, finalement, une idéologie : celle de l’ultralibéralisme et du mondialisme ; il est d’ailleurs rare de voir des personnalités très médiatiques, « expertes », défendre des positions allant à l’encontre de cette idéologie. Celle-ci s’accorde d’ailleurs très bien avec les intérêts des uns et des autres.

Nous pouvons aussi nous demander pourquoi un tel mode de fonctionnement est dangereux : le logiciel de cette caste est celui qui est en train de nous mener à la catastrophe ; il est dépassé, inadaptable, tenu par des gens passant leur temps à se tromper sur les pronostics (Minc, etc.). Que dire, de plus, d’un système fondé sur le mensonge, la désinformation, qui empêche la vérité d’exploser, d’apparaître au grand jour ? Quelle légitimité a cette caste pour décider du sort de pans entiers de notre pays ? Que dire de la liberté quand journalistes et politiques s’acoquinent sous le regard bienveillant de la finance et de l’industrie ?

Assurément dérangeant, ce documentaire synthétise extrêmement bien les liens qui unissent les représentants français de l’hyperclasse mondiale. Tout y est décrypté, résumé, mis en relief. Ce film aurait cependant pu aller encore plus loin : il ne parle pas des journalistes dissidents qui ont dénoncé ce système, il ne va pas jusqu’au bout dans sa dénonciation de l’idéologie dominante (immigration, métissage, etc.) et n’analyse pas l’ensemble des filtres qui permettent à la tyrannie médiatique de s’exercer.

Néanmoins, saluons un documentaire courageux, une initiative originale qui, espérons-le et malgré une diffusion assurée en quasi-totalité par les petits cinémas indépendants et un faible budget communication, saura toucher un large public et éclairer nos concitoyens sur la mafia qui nous gouverne.

Louis Tode
1/02/2012

Voir bande annonce du film - Cliquer ici

Correspondance Polémia – 2/02/2012

Image : affiche du film  « Les nouveaux chiens de garde ».

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