Statistiquement correct ou statistiquement incorrect ? Comment utiliser les statistiques pour réinformer et utiliser les faits contre l'idéologie dominante ? (Troisième partie)

lundi 26 octobre 2009

Deuxième Journée d’études sur la réinformation, organisée

le 24 octobre 2009

par la Fondation Polémia.

Communication de Jean-Yves Le Gallou, dont nous présentons ici la troisième et dernière partie.

3/ Et pour finir un petit florilège de statistiques politiquement incorrectes.

Le jeu est simple : énoncer une phrase conforme à l’idéologie dominante et la confronter aux statistiques ; ou démontrer statistiquement une phrase politiquement incorrecte.

« Les Etats-Unis sont une grande nation multiraciale mais… hypercarcérale » :

Aux Etats-Unis un homme noir a une chance sur 20 millions de devenir président (Obama) mais un homme noir sur trente est en prison ; selon l’Unesco, en 2002 il y avait davantage d’Afro-Américains en prison qu’à l’université ; et un homme noir sur trois passe par la case prison au cours de sa vie ; d’autres Etats multiraciaux comme le Brésil ou l’Afrique sont aussi marqués par une forte délinquance et de forts taux d’incarcération. Les sociétés multiraciales sont aussi des sociétés hypercarcérales.

http://www.ojp.usdoj.gov/bjs/prisons.htm#findings#findings

http://www.albany.edu/sourcebook/1995/pdf/t62.pdf).

« Education nationale : ce n’est pas une question de moyens » :

En trente ans les dépenses publiques consacrées à l’éducation sont passées de 4% à 6% du PIB pendant que le budget de la défense est passé, lui, de 4% à 2%. A contrario, les statistiques sur les capacités en orthographe et en mathématiques et sur l’illettrisme montrent une dégradation des connaissances : 25 % des élèves entrant en sixième ne maîtrisent pas les savoirs élémentaires. Selon Laurent Lafforgue, mathématicien titulaire de la médaille Fields et observateur critique du système scolaire : « A la fin du CM2, le quart des élèves ne savent pas lire couramment, la majorité d’entre eux ne maîtrisent pas l’orthographe, la grammaire, les conjugaisons, la rédaction, le calcul, les règles de trois ou les rudiments de l’histoire, de la géographie ou des sciences. On entre au collège sans que ces bases soient acquises. Pour ne donner qu’un exemple, l’évaluation nationale d’entrée en sixième de 2005 a révélé que 60% des élèves échouent à diviser mentalement 60 par 4. » Il ne s’agit pas là d’un discours catastrophiste mais de la reprise d’évaluations émanant de personnalités officielles : selon Danielle Manesse, professeur en sciences du langage, proche de Philippe Meirieu, « en orthographe les collégiens de cinquième sont tombés au niveau des élèves de CM2 de 1987 ».

http://www.polemia.com/article.php?id=1429

« La répression, ça marche » :

Il y a au moins un domaine où la répression, ça marche : la sécurité routière. De 1986 à 2002, le nombre des morts sur les routes françaises ne diminuait que de 2% par an. Une série de mesures très répressives fut adopté à la demande d’associations de victimes : création du permis à points ; renforcement des sanctions pénales ; création du délit de très grande vitesse ; installation de plus de 1.000 radars automatiques sur le bord des routes. Résultat : les habitudes de conduite se sont modifiées et le nombre des tués a diminué de 8% par an de 2002 à 2008

« La peine de mort c’est dissuasif » :


L’argument abolitionniste sur le caractère non dissuasif de la peine de mort est intellectuellement indigent : il évoque des cas particuliers d’individus non dissuadés de passer à l’acte par l’existence de la peine de mort. Ces cas existent, bien sûr. Mais il existe aussi des individus qui sont dissuadés. Et cela seul suffit pour que des vies humaines soient épargnées. Ceci n’est pas une affirmation de principe mais le résultat d’études économétriques nombreuses réalisées aux Etats-Unis : la pluralité de politiques suivies sur des périodes différentes, dans les différents Etats, offre une moisson de statistiques dont l’interprétation consistant à vérifier des corrélations entre les exécutions et le nombre des meurtres va toujours dans le même sens : le caractère dissuasif de la peine de mort est statistiquement démontré.
http://www.polemia.com/article.php?id=1394
http://www.cjlf.org/deathpenalty/DPDeterrence.htm

Derrière la froideur des chiffres émerge une réalité particulièrement déplaisante pour les abolitionnistes : en protégeant la vie des criminels, ils sacrifient des vies humaines innocentes.

« Le nucléaire, c’est l’écologie »

Qu’on craigne les effets sur la santé des poussières produites par les rejets du charbon ou du pétrole, ou qu’on admette, comme les catastrophistes climatiques, que le rejet de CO2, c’est le mal absolu, alors le nucléaire, c’est la solution ! En tout cas la France, grand pays développé le plus nucléarisé du monde, est aussi celui qui rejette le moins de tonnes de CO2 par habitant : 6 tonnes, contre 11 pour la moyenne des pays de l’Union européenne et 20 tonnes pour les Etats-Unis.
« Immigration : l’intégration ça ne marche nulle part »

La France et la Grande-Bretagne ont des systèmes économiques et sociaux différents ; elles ont aussi deux modèles d’accueil des immigrés clairement opposés ; mais aucun ne fonctionne, ni sur le plan culturel, ni même sur le plan économique. En France, en 2003, cinq ans après l’entrée dans la vie active, 10% des Français natifs étaient au chômage ; 12% des jeunes nés de parents nés en Europe du Sud étaient dans cette situation ; mais 21% des jeunes nés d’un parent né au Maghreb s’y trouvaient. Outre-Manche, dans la très libérale et très ouverte Albion, en 2004 12% des jeunes Blancs étaient au chômage, entre 25% et 30% des Noirs et des Pakistanais s’y trouvaient et 40% des Bengalis.

Voir : « Immigration : l’illusion de l’intégration ».
http://www.polemia.com/article.php?id=1730

« La parité homme/femme profite aux femmes les moins fécondes »

Lors de la campagne présidentielle française de 2007 Nicolas Sarkozy, comme  François Bayrou et Ségolène Royal, avait pris l’engagement suivant : constituer un gouvernement paritaire comportant le même nombre de femmes que d’hommes.

Au final, le gouvernement de François Fillon a comporté 12 femmes (soit un tiers) et 21 hommes. Une analyse de leur situation familiale, telle qu’elle apparaît au Who’s who (ou dans les biographies de presse) révèle toutefois une importante disparité au regard du nombre d’enfants :
– chez les 21 hommes on dénombre 52 descendants, ce qui représente une moyenne de 2,48 enfants par homme ministre ; chiffre nettement supérieur à la moyenne nationale ;

– chez les 11 femmes on ne recense que 12 enfants, soit une moyenne de 1,09 enfant par femme ; chiffre correspondant à guère plus de la moitié de la moyenne nationale ;

– seulement 4 ministres hommes sur 21 (soit 19%) ne déclarent pas publiquement de paternité ; en revanche 5 femmes ministres sur 11 (soit 45%) ne font pas apparaître de maternité, ce qui est tout sauf représentatif de la situation française.

Conclusions

Inutile de poursuivre cette litanie à l’infini.

La réalité n’est pas politiquement correcte. L’idéologie dominante s’impose par le déni de réalité.

J’ai voulu ainsi montrer que les statistiques pouvaient aussi servir à réinformer et même qu’il pouvait y avoir un usage subversif des statistiques !

Voir :
Première partie : http://www.polemia.com/article.php?id=2474
Deuxième partie : http://www.polemia.com/article.php?id=2472

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de l’ensemble du texte en pdf :
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