Statistiquement correct ou statistiquement incorrect ? Comment utiliser les statistiques pour réinformer et utiliser les faits contre l'idéologie dominante ? (Deuxième partie)

lundi 26 octobre 2009

Deuxième Journée d’études sur la réinformation, organisée

le 24 octobre 2009

par la Fondation Polémia.

Communication de Jean-Yves Le Gallou, dont nous présentons ici la deuxième partie.



2/ Un exemple de réinformation : les faits et les statistiques contre le mythe de la « parité »

Sale temps pour les femmes : la Cour de cassation suivant la Cour européenne des droits de l’homme cherche à remettre en cause l’un des avantages des femmes le plus justifié qui soit : la possibilité pour les femmes de bénéficier de deux annuités supplémentaires de retraite par naissance d’un enfant.

Sale temps pour les hommes
: Anne Lauvergeon, patronne du groupe électro-nucléaire Aréva, déclare le 18 octobre 2009 à Deauville : « A compétence égale, eh bien, désolée, on choisira la femme, ou l’on choisira la personne venant d’autre chose que le mâle blanc, pour être clair ».

Le propos a été tenu dans le cadre du « Women’s Forum Global Meeting », organisation qui inscrit son action, comme la Cour européenne des droits de l’homme, dans « l’idéologie du genre ».

L’idéologie du genre nie les différences biologiques entre les hommes et les femmes. L’idéologie du genre refuse toute distinction et toute complémentarité de leurs rôles et de leurs fonctions. L’idéologie du genre poursuit un objectif égalitariste et fait de la lutte des sexes un succédané de la lutte des classes. L’idéologie du genre vise partout une illusoire « parité ».

La réalité dément l’idéologie du genre.


C‘est vrai qu’il y a plus d’hommes que de femmes chez Aréva ; c’est vrai qu’il y a beaucoup plus d’ingénieurs hommes que d’ingénieurs femmes à Aréva. Pour une raison simple : les écoles d’ingénieurs attirent davantage les hommes que les femmes et les hommes sont beaucoup plus nombreux que les femmes à y entrer.

A Polytechnique, pour le concours 2007 (voie 1), 86% des admis furent des hommes. Les mêmes écarts se retrouvent à Normale Sciences et dans la quasi-totalité des écoles d’ingénieurs. Ainsi c’est une très large majorité de garçons qui fréquentent l’EPF, l’école polytechnique… féminine. Or ces concours sont des concours objectifs.

Au demeurant ces résultats ne sont pas surprenants.

En mars 2007 la « direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance » du Ministère de l’éducation nationale (MEN) a publié une étude ainsi intitulée : « Filles et garçons à l’école sur le chemin de l’égalité ». Le titre de la brochure annonce la couleur : « idéologiquement conforme » mais le contenu de la brochure est radicalement différent. Deux faits ressortent :

- les filles sont, à tout âge, globalement meilleures élèves que les garçons : passage dans les classes supérieures, taux de réussite aux examens, études plus longues, meilleure maîtrise de la lecture, etc.

- il n’y a que deux domaines où les garçons dépassent les filles : à l’entrée au CE 2 comme à l’entrée en sixième, les garçons réussissent mieux que les filles aux items de mathématiques et, du cours préparatoire à la sixième, ils progressent davantage que ces dernières (alors que c’est l’inverse pour le français). Ce phénomène, qui est observé dans tous les pays d’Europe, constitue une base objective à l’orientation ultérieure d’un plus grand nombre de garçons vers les mathématiques. De même, s’agissant de l’obtention des mentions bien et très bien au baccalauréat les garçons réussissent mieux que les filles dans les séries pro et les séries technologiques. Là aussi cela constitue une base objective à leur orientation préférentielle vers ces filières. Evidemment cela ne va pas dans le sens de la « parité » chez Aréva.

Dans d’autres domaines ce sont d’ailleurs les filles qui écrasent les garçons : au prestigieux concours lettres de l’Ecole normale supérieure (ENS), à la session 2007, 75% des admis étaient des femmes ; en 2006, pour le premier concours de la magistrature, 82% de nos futurs juges étaient des magistrates.

Pour rester dans la thématique des grands concours, les hommes se rattrapent à l’Ecole nationale de ski et d’alpinisme en monopolisant la quasi-totalité des places de guides de haute montagne : 49 sur 50 dans la promotion 2009.

Malgré tout le discours égalitaire et « paritaire » les différences de goûts, de comportements, de choix, d’attitudes persistent entre les hommes et les femmes.

Les femmes réputées opprimées par l’idéologie dominante ne sont pas toujours les plus mal loties.

Jugez-en plutôt !

En France, l’espérance de vie des femmes (84,4 ans) dépasse de 7 ans celle des hommes (77,6 ans). Et les raisons de cette situation sont multiples.

Ainsi, les morts violentes ou accidentelles sont une fois et demie plus fréquentes chez les hommes que chez les femmes.

Selon l’INSERM, en 2001 les morts par « causes externes » (accidents, suicides, homicides et événements autres) s’élevaient à 16.714 pour les femmes et 24.352 pour les hommes, soit 46% de plus. Au risque de conforter ce que les bien-pensants appellent des « préjugés », les épidémiologistes de l’Office national d’information sur la sécurité routière (ONISR) observent « d’une manière générale, la part des femmes est d’autant plus minoritaire que les causes sont indépendantes des facteurs médicaux. Trivialement dit, plus les pratiques sont à risques, moins les femmes sont représentées et dans les accidents de la route elles sont plus de deux fois moins concernées que les hommes ».

Il y a d’ailleurs trois fois moins de femmes que d’hommes parmi les tués et les victimes graves d’accidents de la route. De 1970 à 2004 le nombre de morts sur les routes de France a été divisé par trois ; mais la part des femmes dans les tués sur les routes est restée stable, 27% en 1976, 24% en 2004 ; de plus, les femmes ne représentent que 23,3% des conducteurs responsables d’accidents et le risque d’être tué en tant que passager est plus élevé pour les femmes que pour les hommes. Malgré les lois antidiscriminatoires, les compagnies d’assurance en tirent les conséquences : les surprimes exigées des jeunes conducteurs sont (à juste titre) plus élevées que celles imposées aux jeunes conductrices.

Même la maladie n’a pas un pouvoir égalisateur des risques connus par les hommes et par les femmes. Ainsi une étude des cas de cancer enregistrés en France entre 1989 et 1997 a fait apparaître de fortes disparités des taux de survie : 44% à 5 ans pour les hommes, contre 63% pour les femmes.

Epidémiologiquement, cela s’explique ainsi, selon Le Monde du 28 février 2007 : « Devant un signe d’alerte, les femmes ont plus volontiers un comportement de prévention alors que les hommes consultent plus tardivement. Il semble également que, pour un même cancer, les femmes présentent des formes moins agressives que les hommes ». Les mêmes constats sont effectués dans l’ensemble des pays européens.

Le placement en détention concerne trente fois moins de femmes que d’hommes.

En 2006, selon le Quid, la population pénale française ne comportait que 3,7% de femmes. Difficile de croire – même en formulant l’hypothèse d’une plus grande indulgence relative des juges – que les hommes et les femmes n’ont pas un comportement radicalement différent au regard de la violence et du respect de la loi. Il est d’ailleurs intéressant de constater que dans ce domaine on s’éloigne de plus en plus de la parité puisque le pourcentage des femmes détenues par rapport au total des détenus a constamment baissé, passant de 20% entre 1855 et 1860 à 12% en 1912 et 5% en 1958.
Là aussi ce phénomène de sur-masculinisation de la population pénale n’est pas propre à la France, même si dans le pays à forte population carcérale par habitant, comme les Etats-Unis, le taux de féminisation est relativement plus élevé (7%).

Bref, dans beaucoup de domaines les femmes n’auraient rien à gagner à la « parité », d’ailleurs manifestement contre nature.

Voir :
Première partie : http://www.polemia.com/article.php?id=2474
Troisième partie : http://www.polemia.com/article.php?id=2470

Téléchargement de l’ensemble du texte en pdf :
http://polemia.com/pdf/Statistiques.pdf

 

Archives Polemia