« Ils ont acheté la presse » de Benjamin Dormann -- Presse : le grand naufrage des « autorités morales »

jeudi 19 avril 2012

 

A verser au dossier déjà copieux de la réinformation, l’essai Ils ont acheté la presse, document accablant sur la dérive financière et surtout intellectuelle de journaux dont les directeurs et éditorialistes ne manquent pourtant jamais de s’ériger en « autorités  morales ».

Polémia.

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Du « J’accuse » au « J’achète »
 
« Au final, l’essentiel de la presse d’opposition est passée au fil des ans, sans l’assumer, du rôle de porte-parole des descendants historiques du « J’accuse ! » à celui de  chambre d’écho des partisans du « J’achète ! » En deux mots, la presse de gauche s’est vendue. Au pouvoir étatique d’une part et à des financiers politisés d’autre part, c’est-à-dire finalement aux mêmes, dans la durée. Mais elle n’a pas seulement abdiqué son idéal à cette occasion. Elle a […] voulu présenter ces évolutions comme un succès de sa profession, une garantie d’indépendance, oubliant un peu vite que c’étaient justement les financiers qui venaient de mettre le monde au bord du gouffre ».
 
La fête aux « dealers d’opinion »
 
Décidément, c’est la fête aux « dealers d’opinion » ! Après La Tyrannie médiatique* en 2008, Les Editocrates** en 2009, Les Médias en servitude*** début 2012, et on en oublie sans doute, c’est Benjamin Dormann qui, dans Ils ont acheté la presse****, sonne la charge contre les journaux vendus à un grand capital dont un bon peuple les croit pourtant les plus farouches adversaires. 
 
A travers trois cas emblématiques, ceux du Monde, du Nouvel Observateur et de Libération, l’auteur étudie dans les moindres détails et, chiffres à l’appui, la déchéance de ces organes. Menacés de naufrage malgré les aides constantes - et considérables : jusqu’à 60 % du chiffre d’affaires selon le rapport Cardoso - prodiguées par les gouvernements successifs, y compris et surtout ceux auxquels ils étaient les plus hostiles selon l’adage Oignez vilain, il vous poindra, ils ont fini par confier leurs destinées aux barons de la Haute Banque et aux hérauts du super capitalisme le plus cynique.
 
Les banques Rothschild et Lazard à la tête de Libération et du  Monde
 
Relatant le 16 avril l’inhumation du grand polémiste, et ancien vice-président du Front national, François Brigneau, le Bulletin de réinformation, diffusé le 16 avril par Radio Courtoisie, pouvait ainsi ironiser : « Les journalistes d’extrême gauche Abel Mestre du Monde  et Christophe Forcari de Libération  hantaient les allées du cimetière. Il s’agissait, pour ces professionnels sycophantes de vérifier si Jean-Marie Le Pen était là. Car la présence du vieux chef aurait pu fournir l’occasion d’une petite campagne de diabolisation contre sa fille, Marine… De l’au-delà, François Brigneau a dû sourire de cette comédie humaine. Voir deux salariés de la banque Lazard, propriétaire du Monde, et de la banque Rothschild, propriétaire de Libération, obligés de suivre son cercueil, quel succès posthume ! »
 
On ne saurait mieux résumer l’ambiguïté, voire l’imposture, de ces quotidiens s’efforçant de soutenir leur réputation d’anticonformisme et de défenseurs de l’humanité souffrante alors qu’ils sont en réalités les serviteurs de la finance et des intérêts mondialistes, comme on l’a vu encore tout récemment lors de la crise libyenne.
 
Ces grands pacifistes ont en effet soutenu à grands cris, sous prétexte de défense des droits de l’homme, l’intervention de l’OTAN, bras armé du lobby pétrolier international. Une intervention qui risque de provoquer la « somalisation » de la Libye et qui  a déjà provoqué un indescriptible chaos au Mali où la communauté internationale fait face à « un péril d’une extrême gravité » comme l’a reconnu le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé.  
 
Presse de gauche et mépris du peuple
 
Mais comment en sont-ils arrivés là ? Pour Benjamin Dormann, ancien journaliste économique, si la presse de gauche a connu une telle hémorragie de lecteurs que les faillites s’y sont succédé - on rappellera celles du Populaire, du Matin de Claude Perdriel, de L’Evénement du jeudi ou du Globe de Pierre Bergé - c’est en raison de son mépris pour le peuple dont elle se prétend l’interprète mais dont elle ne relaie jamais les véritables aspirations. Le credo de Globe, exprimé dès le premier numéro par Bernard-Henri Lévy ne constituait-il pas d’ailleurs une véritable déclaration de guerre au peuple français ?  BHL écrivait sans détours : « Bien sûr, nous sommes résolument cosmopolites. Bien sûr, tout ce qui est terroir, béret, bourrées, binious, bref, franchouillard ou cocardier, nous est étranger, voire odieux. »
 
La « French Kahnnextion »…),
 
Cette presse a aussi été victime : de ses choix politiques d’abord ainsi qu’en témoigne son admiration hystérique pour le millionnaire cosmopolite Strauss-Kahn (qu’elle tenta par tous les moyens de sauver après sa mésaventure du Sofitel de New York, jusqu’à nier l’évidence avant de rejeter sans gloire le directeur du FMI après que preuve eut été apportée de ses stupres… dont toute la médiaklatura était informée depuis des années) ; mais aussi de son asservissement à la publicité qui « symbolise l’aliénation au système de consommation qu’elle [la presse de gauche] aimerait pouvoir dénoncer »… sans jamais oser le faire.
 
Emaillé de portraits féroces (ceux de Denis Olivennes, le grand homme du Nouvel Obs’, ou de Matthieu Pigasse, patron de Lazard et nouveau maître du Monde après avoir organisé le rachat de Libération par le banquier Edouard de Rothschild, citoyen israélien depuis août 2010, valent le déplacement), émaillé d’heureuses formules : « La soupe aux sous », la « French Kahnnextion »… Ils ont acheté la presse est à lire par tous ceux qu’intéresse et surtout inquiète la folle dérive médiatique. En sept chapitres et 340 pages avec index, cette étude vient heureusement compléter les publications de la Fondation Polémia.
 
Florent Dunois
17/04/2012
 
Notes :
 
* La Tyrannie médiatique, disponible en Pdf sur le site ou au prix de 10 € (15 € franco) à Polémia, 60 ter rue Jean-Jacques Rousseau, 92500 Rueil-Malmaison
** Les Editocrates, de M. Chollet, O. Cyran, S. Fontenelle et M. Reymond. Ed. La Découverte/Pocket, octobre 2009, 196 pages, 12,50€.
*** Les Médias en servitude, de Claude Lorne, disponible en Pdf sur Internet ou au prix de 10 € (15 € franco) à Polémia, adresse ci-dessus. 
**** Ils ont acheté la presse, de Benjamin Dormann, éd. Jean Picollec, 47 rue Auguste Lançon, 75013 Paris. 23 € ou 28 € franco.
 
Correspondance Polémia - 19/04/2012

Image : 1re de couverture

 

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