Le dîner du CRIF : nuisible aux libertés, à la souveraineté et à l'identité françaises

lundi 7 février 2011

Le 9 février 2011, comme chaque année, le CRIF s’apprête à réunir pour son dîner annuel les grands dirigeants français : les plus hautes autorités de l’Etat, les principaux élus, les plus hauts grades de la magistrature, les chefs de la police, les hauts fonctionnaires les plus importants, sans oublier les grands patrons des entreprises et des médias. Un parterre plus impressionnant que celui d’un 14 juillet ! Faut-il le dire mais cet arraisonnement de la politique française par une faction communautariste n’est pas une bonne chose. Ni pour les libertés, ni pour la souveraineté, ni pour l’identité françaises. Ni même pour la justice française. Explications.

Nuisible aux libertés

Pour Richard Prasquier, président du CRIF : « La liberté d’expression doit se subordonner au respect de la vérité. » C'est-à-dire « sa » vérité. Pour ce faire, son organisation et ses satellites n’hésitent pas à multiplier les actions de censure et les interdictions de salle. Ils viennent d’obtenir qu’une réunion, jugée pro-palestinienne, soit censurée à l’Ecole normale supérieure. Le CRIF a aussi obtenu la mise au pilon des 10.000 exemplaires du livre des commémorations nationales pour 2011, un volume qui consacrait à Céline deux pages sur 300…

De manière plus inquiétante encore, le CRIF réclame une « surveillance d’Internet ». Le 16 novembre 2009, il était même allé jusqu’à préciser au ministre de la Justice les objectifs de « surveillance » de son organisation : « les forums de discussion, les chats, les emails, les sites web et les blogs ». Vous avez bien lu : « les emails », c'est-à-dire des courriers privés ; un objectif digne de la Corée du Nord…

Nuisible à la souveraineté

Défendre le droit d’Israël à l’existence est une constante de la diplomatie française. Et ce pays a souvent été considéré comme un allié de la France. Pour autant les intérêts de la France, Etat souverain, ne sauraient se confondre avec ceux d’un autre Etat, quel qu’il soit. De ce point de vue la pression du CRIF sur les autorités françaises ne va pas sans poser quelques problèmes. Le CRIF a en effet au cœur de son « pacte doctrinal » un principe fort : le soutien inconditionnel à Israël et à son gouvernement, quel qu’il soit. Dès lors, la présence aux dîners du CRIF de tous les principaux acteurs de la diplomatie française ne peut être interprétée que comme une menace aux principes d’indépendance nationale posés par le général De Gaulle, il y a près d’un demi-siècle. Nuisible à l’identité Le CRIF est intervenu lors du débat sur l’identité nationale, notamment en publiant un texte intitulé : « Identité française et Identité juive ». La position du CRIF tient en trois points : -« l’identité de la France est plurielle » ; -« les juifs, par-delà les frontières, sont un peuple » ; -la France est un universalisme et la notion de peuple français n’apparaît nulle part. Il est naturel que le CRIF ait fait entendre sa voix dans ce débat important. Mais, si « Israël est l’Etat du peuple juif », pourquoi la France ne serait-elle pas – elle – l’Etat du peuple français ?

Nuisible à l’indépendance de la justice

Le CRIF et les officines qu’il réunit multiplient – c’est leur droit – les interventions dans le domaine judiciaire. Mais l’indépendance de la justice est un principe constitutionnel. De ce point de vue, la présence au dîner du CRIF, en rangs serrés, des plus hauts magistrats de l’ordre administratif et de l’ordre judiciaire, du parquet comme du siège, ne manque pas de mettre mal à l’aise. D’autant plus que dans chaque région des dîners régionaux sont organisés et qu’on y trouve aussi les chefs de parquet et les présidents de cours. En s’affichant ainsi, ces hauts magistrats s’exposent et exposent la justice au risque de voir suspecter son indépendance.

Et si on rappelait au CRIF les principes républicains ?

La démarche communautariste du CRIF apparaît ainsi profondément contraire aux principes républicains : « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale » (article 1 de la Constitution). (…) « Son principe est : gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple » (Article 2 de la Constitution). (…) « La souveraineté nationale appartient au peuple qui l'exerce par ses représentants et par la voie du référendum. Aucune section du peuple ni aucun individu ne peut s'en attribuer l'exercice » (Article 3 de la Constitution). (…) « Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la Nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d'autorité qui n'en émane expressément » (Article 3 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789). (…) « La loi est l'expression de la volonté générale » (Article 6 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789).

Andrea Massari
Polémia
07/02/2011

Voir aussi :

  1. « Le CRIF directeur de conscience de la République »
  2. « Le CRIF, un lobby qui occupe une place à part »
  3. Et le livre d’Anne Kling : « Le CRIF, un lobby au cœur de la République »

Image : Sarkozy, Prasquier et Boubakeur au dîner du CRIF, le 2 mars 2009

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