Pourquoi le Club de l'Horloge attribue-t-il le prix Lyssenko à deux « réchauffistes » ?

mercredi 15 décembre 2010

 Il y a deux formes d’écologie : d’un côté, l’écologie humaine et enracinée qui s’intéresse au rapport de proximité de l’homme et de la nature ; de l’autre côté, l’écologie planétaire abstraite et globalisante. Les chevaliers de l’apocalypse climatique sont au service de la seconde. Mais ont-ils raison ?

Certes la température en Europe a augmenté de près d’un degré depuis 1870. Mais cet écart de température est inférieur à celui observé lors de l’optimum médiéval (+2 degrés) et lors du petit âge glaciaire (-2 degrés). Mais les « réchauffistes » ont gommé cette réalité en présentant une courbe (fausse) des températures en « crosse de hockey » dans le but d’affoler les populations.

Certes, il y a une relation entre la température de la terre et le volume de gaz carbonique (l’un des gaz, mais non le plus important, à effet de serre) dans l’atmosphère. Mais les statistiques sur 400 000 ans semblent montrer que c’est la hausse des températures qui précède la hausse de la volumétrie du gaz carbonique et non l’inverse.

Certes les rejets du pétrole augmentent la teneur en gaz carbonique de l’atmosphère mais la moitié déjà du pétrole disponible sous terre a été consommée. Ce qui limitera forcément la poursuite du phénomène à l’avenir.

Certes les modèles numériques prévoient une hausse importante des températures pour la fin du siècle mais les modèles ne trouvent in fine que ce que leurs concepteurs y ont mis… ab initio.

Certes la température mondiale (si tant est que ce concept soit statistiquement valable) semble avoir augmenté au cours du siècle. Mais en quoi est ce catastrophique ? Personne ne se plaint que la moyenne des températures à Marseille soit supérieure de 4 degrés à celle de Paris.

Voilà quelques observations simples qui devraient conduire à la climato-prudence.
Le Club de l’Horloge a décidé d’aller plus loin .Il a choisi de dénoncer « l’Himalaya de mensonges » des réchauffistes et d’accorder le Prix Lyssenko à deux d’entre eux : le glaciologue Jean Jouzel, prix Nobel de la Paix, et l’amuseur Nicolas Hulot.

Méfiant vis-à-vis des idées dominantes et soucieux de nourrir un débat difficile, Polémia met en ligne deux textes très solidement argumentés pour justifier le choix du Club de l’Horloge. Ils sont présentés par Henry de Lesquen ( on a pu le lire plus haut) et Paul Deheuvels.

Professeur de statistique à l’Université Pierre et Marie Curie, membre de l’Académie des sciences, Paul Deheuvels explique ici pourquoi il faut attribuer le prix Lyssenko, prix de la désinformation scientifique, à Jean Jouzel et Nicolas Hulot.
Polémia.


Pourquoi le Club de l’Horloge attribue-t-il le prix Lyssenko
à deux « réchauffistes » ?

Par Paul Deheuvels de l’Académie des sciences

 

Mesdames, Messieurs,

Le Club de l’Horloge attribue aujourd’hui le Prix Lyssenko 2010 à MM. Jean Jouzel et Nicolas Hulot. Je souhaiterais commenter cette décision qui pourrait paraître, à première vue, surprenante, compte tenu de la grande notoriété des récipiendaires.

Rien ne laissait prévoir que Jean Jouzel, aujourd’hui âgé de 63 ans, diplômé de l’Ecole Supérieure de Chimie Industrielle de Lyon, deviendrait célèbre à 55 ans, recevant, avec Claude Lorius, la Médaille d’Or du CNRS, et, partageant, la même année 2002, le Prix Nobel de la Paix avec Al Gore et les membres du GIEC [Groupe d’Experts Intergouvernementaux sur le Climat]. Ses travaux de jeunesse avaient porté sur les grêlons, avant qu’il ne s’oriente vers la géochimie des glaces. Jeune ingénieur de recherche au CEA de Saclay il passa des années à mesurer la composition isotopique de l’eau sous diverses formes naturelles. Sa contribution scientifique essentielle sera plus tardive et reposera sur la construction de modèles corrélant les températures aux proportions d’hydrogène et de deutérium, d’une part, et d’oxygène 16 et oxygène 18, d’autre part, présents au sein des neiges et des glaces.

Alors que Jean Jouzel est un administrateur et un homme de laboratoire, son maître à penser, Claude Lorius, âgé à ce jour de 78 ans et membre de l’Académie des Sciences depuis 1995, est, quant à lui, un véritable aventurier scientifique. Attiré par l’inconnu, Claude Lorius explora, à partir de 1959, les étendues désertes de l’Antarctique. Il eut l’idée originale de recueillir des carottes glaciaires profondes, de 1975 à 1990, à la station climatique Vostok, l’un des lieux les plus froids et inhospitaliers de la planète (avec un minimum enregistré de -89°C).

A partir de tels échantillons, Claude Lorius en premier, et Jean Jouzel en second, ont comparé les analyses de leurs carottes de glace avec ce que l’on savait du climat passé. Ils sont ainsi arrivés à remonter dans le temps à près de 420.000 ans avant notre ère. Leurs résultats ont fait apparaître des corrélations entre les variations estimées de la teneur en CO2 de l’atmosphère, avec les températures reconstruites à partir de leurs modèles. Lorsque la température augmente, il en serait de même du CO2 et vice versa.

Jusque-là, je n’ai à leur faire que des compliments. Ces scientifiques véritables ont réalisé de remarquables et innovants travaux de recherche, introduisant des techniques nouvelles pour analyser des phénomènes encore très mal connus.

Qu’est-ce qui pourrait donc justifier un Prix Lyssenko dans un tel parcours ? En fait, le bilan des reconstructions de chroniques passées que Jean Jouzel et son équipe réalisent dès 1987, à partir de leurs modèles, font apparaître des teneurs atmosphériques de CO2 et de méthane (CH4) dans l’atmosphère qui leur paraissent anormalement élevées au cours du dernier siècle. C’est à ce moment-là que tout bascule. A partir de 1990, Jean Jouzel, Claude Lorius, et avec eux, tout un groupe de scientifiques mus par le virus de l’écologie mondialiste, se lancent à l’assaut des médias et de la politique pour attirer l’attention de tous sur ce qu’ils croient pouvoir déduire de leurs observations. Ils prédisent alors une évolution apocalyptique des températures, menant au chaos et à la destruction planétaire, le tout étant assorti d’une élévation considérable du niveau des océans.

Il n’y a, en effet, qu’un pas à faire pour imaginer que, si par le passé le CO2 a eu des variations parallèles à celles des températures, une forte augmentation du CO2 devrait, ipso facto, entraîner une forte élévation de la température du globe, cette dernière devant logiquement être suivie par une considérable élévation du niveau des mers.

Il est inutile que j’en dise davantage, car ces thèses ont fait l’objet d’un matraquage médiatique permanent, au point d’être amplement reprises par le monde politique, avec l’installation d’un marché de droits d’émission de CO2, devenu, pour certains, un élément clef du partage de richesses entre pays pauvres et pays riches.

Chacun sait que l’enfer est pavé de bonnes intentions. Je ne ferai pas procès, ni à Jean Jouzel, ni à Claude Lorius, d’être sortis de leurs laboratoires pour faire de l’activisme écolo-politique. C’est, certainement, animés par les meilleurs sentiments, que ces savants sont devenus, un peu comme l’était en 1816 l’abbé Grégoire, des militants actifs d’une sorte de « république des savants ». Je citerai quelques uns des propos de Claude Lorius, qui déclare, en 2002 : « Le savoir devra fonder une action arbitrant des approches écologiques, économiques, sociales et internationales divergentes » et « Il faut maintenir la pression pour que soient développées de nouvelles technologies et que changent les mentalités ». Nous sommes, à ce point, très éloignés des carottes glaciaires et de la composition isotopique des glaces.

La mécanique de cette gigantesque opération médiatique a consisté à faire croire que le monde courrait vers la catastrophe, à cause du prétendu « changement climatique ». Selon Jean Jouzel et Nicolas Hulot, il fallait donc agir d’urgence pour empêcher cette évolution, en adoptant, notamment, des objectifs contraignants d’émission du CO2, ceci devant, dans l’esprit de ces messieurs, contribuer à réduire drastiquement l’élévation des températures prévue au cours des prochaines décennies.

Le gros problème de ce montage est qu’il repose sur ce que les climatologues ont cru pouvoir déduire de leurs modèles, au vu de leurs connaissances acquises de 1980 à 2000. Or, de nombreuses raisons permettent d’avoir des doutes sérieux sur la véracité de leurs hypothèses, comme de leurs conclusions.

Je commencerai par le caractère causal du CO2 sur l’élévation des températures. Il est indéniable que les deux facteurs sont liés, mais quelles peuvent être leurs relations de causalité lorsque les variations marquées du CO2 suivent de 800 ans celles de la température ? Ce décalage ne pouvait être observé par les premières mesures glaciaires de Jean Jouzel et Claude Lorius, puisque leur datation était encore insuffisamment précise pour le faire apparaître. Or, ce qui paraîtrait naturel chez des scientifiques sérieux serait de revenir sur leurs déclarations initiales pour tenir compte des nouvelles informations.

Au lieu de cela, ils pratiquent une fuite en avant constante. Il est clair que s’il s’avérait, in fine, qu’une grande partie du battage médiatique sur le climat était infondée, les thuriféraires de l’Apocalypse climatique en seraient, certainement, bien embarrassés. Le rapport récent de l’Académie des sciences sur le climat est très précis à ce sujet ; il dit : « l’augmentation de la concentration atmosphérique des gaz à effet de serre, dont une large part est d’origine anthropique, joue un rôle essentiel dans … l’augmentation du réchauffement climatique de 1975 à 2003 ». Or, le CO2 n’est qu’un gaz à effet de serre parmi beaucoup d’autres. Outre le méthane (CH4), un autre composant de l’atmosphère joue un rôle majeur. Il s’agit de la vapeur d’eau, dont l’effet de serre serait de l’ordre de 500 fois plus important que celui du CO2. L’Académie des sciences ne dit aucunement que le CO2 est le facteur principal du changement climatique. Bien au contraire, elle évalue son impact éventuel à un effet relatif très faible (de l’ordre de 1,1°C pour un doublement du taux de CO2 dans l’atmosphère). Ce rapport insiste aussi sur les « incertitudes importantes » qui demeurent sur l’analyse du climat, et qui affectent notamment la crédibilité des prévisions à long terme.

En bref, la situation est beaucoup moins claire qu’on ne voudrait nous le faire croire, et les diverses prédictions catastrophiques qu’on a présentées de ci, de là, et principalement au sein du GIEC, dont Jean Jouzel est, rappelons-le, une figure majeure, sont de plus en plus mises en défaut. Le rapport récent de l’Académie des sciences, en accord avec un texte analogue de la Royal Society, évalue l’augmentation moyenne des températures à 0,8°C de 1870 à 2010, alors qu’un doublement de la teneur en CO2 de l’atmosphère ne pourrait aboutir qu’à une élévation moyenne des températures voisine de 1,1°C. Or la teneur atmosphérique du CO2 est actuellement de 0,0388%, dont 50% serait dû à des causes naturelles, alors qu’elle s’élevait à 0,0280% en 1870. Comme il semble qu’on ait déjà exploité de l’ordre de la moitié des réserves connues de pétrole, on imagine mal un bouleversement profond du climat dans le siècle à venir, puisqu’il serait quasiment impossible de brûler assez de combustibles fossiles pour élever rapidement la proportion de CO2 au double de 0,0388%.

Le plus troublant est que les reconstructions de températures telles qu’elles découlent des travaux de Jean Jouzel et de ses co-auteurs ne font pas apparaître clairement les évolutions climatiques observées au cours des derniers millénaires. L’ordre de grandeur des variations de température observés durant la période de l’« optimum médiéval » (vers 1100) et du « petit âge glaciaire » (vers 1750) seraient voisins de +2°C et -2°C, respectivement, par rapport à aujourd’hui. Comment expliquer de telles variations, alors que le CO2 d’origine industriel n’était quasiment pas présent à ces époques ? C’est une question importante qui est systématiquement éludée par les rapports récents du GIEC, comme par Jean Jouzel. Signalons que ces chiffres, donnés par le GIEC en 1997, sont cohérents avec l’histoire. Faut-il rappeler la victoire du général Pichegru sur la flotte hollandaise en 1795 par une charge de cavalerie sur la mer gelée ? Se souviendra-t-on que la vigne était cultivée au Moyen-âge jusqu’en Norvège ? Enfin, les travaux récents des glaciologues suisses montrent qu’à l’époque romaine les glaciers des Alpes étaient réduits à leur plus simple expression, avec une limite inférieure des neiges se trouvant à plus de 300 mètres plus haut que celle d’aujourd’hui. Or, les reconstructions de températures issues des travaux de M. Jouzel réduisent les variations de températures correspondantes à un ordre de grandeur de + ou – 0.2°C. Ce n’est pas crédible ! L’excellent livre de Benoît Rittaud, Le Mythe Climatique (Le Seuil, 2010), décortique les manipulations statistiques qui ont donné lieu à la fameuse courbe en « crosse de hockey » , présentée par le GIEC comme une démonstration de l’imminence de la catastrophe qui attend l’humanité. Pour mémoire, cette courbe présentait faussement une quasi-constance des grands paramètres climatiques (température, CO2,…) durant les deux derniers millénaires, suivie par une augmentation massive de ces derniers au cours du dernier siècle.

La thèse du GIEC et de Jean Jouzel affirme haut et fort que le changement climatique actuel est « sans précédent » et « irréversible ». Tout ceci ne résiste pas à l’analyse. Au lieu de l’admettre, comme devrait le faire tout scientifique digne de ce nom, Jean Jouzel persiste et signe. Il affirme, par exemple, dans une interview disponible sur le site
http://blog.lefigaro.fr/climat/2010/03/-cest-lautre-auteur-sceptique.html
que le livre de Jean Rittaud « n’apporte aucun argument scientifique nouveau et étayé ». Je trouve ces propos consternants.

Sur le fond, j’observe que si les modèles sur lesquels s’appuient M. Jouzel et ses co-auteurs pour reconstruire les températures au cours des derniers millénaires « gomment » les variations connues (très positives au Moyen Age et à la période romaine, et très négatives durant le « petit âge glaciaire »), c’est qu’ils doivent être structurellement entachés d’erreur. A l’inverse de ces derniers, les mesures par dendrochronologie (mesures de la croissance des arbres), ou par le carottage de glaces de glaciers canadiens, ont bien mis en évidence des variations de + ou – 2°C. Alors, qui a raison ? Au lieu de procéder à une révision de ses modèles par leur confrontation avec des faits avérés, Jean Jouzel s’installe dans un véritable déni de la réalité. Venons-en à l’extraordinaire prévision par le GIEC de la fonte des glaciers de l’Himalaya en 2035.

Dans une interview disponible sur le site
http://sciences.blogs.liberation.fr/home/2010/02/giec-jean-jouzel-répond-aux-critiques.html

Jean Jouzel balaie d’un tour de main toutes les critiques qui lui sont faites sur ce point précis, alors même qu’il est glaciologue, au point que le journaliste Sylvestre Huet, pourtant acquis à la plupart de ses thèses, en vient à lui dire « Vous avez toujours raison, alors ? ».

Je crois que ce cri du cœur résume l’essentiel. Il ne suffit pas d’avoir publié article sur article, d’avoir accumulé les récompenses, ni même d’avoir obtenu le Prix Nobel, pour devenir infaillible. Jean Jouzel se trompe lorsqu’il refuse de revenir sur celles de ses affirmations passées qui sont infirmées par les faits. Il nous trompe, lorsqu’il présente comme un dogme absolu l’idée que la réduction de nos émissions de CO2 fera baisser la température autrement qu’à la marge. Pis encore, il agit comme un apprenti sorcier. Nul homme sensé ne souhaiterait que les températures de la planète reviennent au niveau des terribles hivers de la fin du 18ème siècle. Or, si on adoptait complètement les thèses du GIEC, ce serait la perspective idéale vers laquelle voudraient nous orienter les tenants de la réduction de gaz à .effet de serre. On meurt beaucoup plus facilement de froid que de chaud, et la constatation que les périodes historiques où la Terre avait des températures moyennes de l’ordre de 2°C supérieures à la température actuelle ont coïncidé avec une grande prospérité devrait faire réfléchir. Au fond, le réchauffement climatique est-il bon ou mauvais ? Pour Jean Jouzel, la question ne se pose même pas.

Pour conclure, un certain nombre de scientifiques ont propagé des idées fausses sur de simples bases idéologiques. Heureusement, dans nombre de cas, leurs erreurs n’auront pas eu d’impact. Pour ce qui est de Jean Jouzel et du GIEC, force est de constater que la catastrophe n’est pas celle du climat.

Notons, au passage que la différence des températures moyennes entre Paris et Marseille est de plus de 4°C (15°9 à Marseille et 11°1 à Paris). Alors, si la température parisienne augmentait de 1,1°C à la suite du doublement de la teneur en CO2 de l’atmosphère, ce ne serait, sans doute pas, une grande catastrophe non plus.

Pour toutes ces raisons, et bien d’autres, je pense que le Prix Lyssenko 2010 est parfaitement mérité. Comme entreprise de désinformation scientifique, on ne pourrait faire mieux, en tout cas, que celle qui est récompensée aujourd’hui.

Paul Deheuvels
Professeur de statistique
Université Pierre et Marie Curie (Paris VI)
Club de l’Horloge
02/12/2010

Voir : http://www.polemia.com/article.php?id=3329 
http://www.polemia.com/pdf_v2/Lyssenkorechauffistes.pdf

Correspondance Polémia 14/12/201

 

Image : Jean Jouzel

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