Pour désendetter la France : remettre l'Etat au service de la nation

jeudi 28 octobre 2010

Pour désendetter la France : remettre l'Etat au service de la nation

Voici les conclusions de Pierre Millan, secrétaire général du Club de l’Horloge, lors du colloque « La France en faillite ? Pourquoi nous croulons sous les dettes et les impôts ». Une conclusion limpide, qu'il est plus facile d'énoncer que de réaliser : il faut remettre l'Etat au service de la nation, ou, ce qui revient au même, il faut rendre la souveraineté au peuple.
Explications.

La dette publique monstrueuse qui nous écrase est le symptôme de cette aliénation de la souveraineté du peuple. Pour s'y attaquer sérieusement et durablement, si possible dès 2012, il faut de grands changements politiques et institutionnels.

1-Intégrer la droite populiste à l’arc constitutionnel Il faut, tout d'abord, intégrer la droite populiste à ce que les Italiens appellent l' « arc constitutionnel », ce qui signifie, en pratique, en France, pour tous, traiter le Front national avec les égards dus à son rang, et, pour la droite établie, envisager des alliances locales et nationales avec ce parti. Le regretté Michel Junot avait lancé : « Pas d'ennemis à droite ! » Le Club de l'Horloge, pour sa part, a depuis longtemps préconisé l'union de la droite, c'est-à-dire une coalition de gouvernement incluant le Front national. C'est une condition non suffisante, certes, mais absolument nécessaire à la solution de la crise politique et financière.

2- Doter la France de la démocratie directe

La France doit se doter, le plus tôt sera le mieux, de ce merveilleux instrument de démocratie authentique qu'est le référendum d'initiative populaire, que les Suisses pratiquent avec succès depuis plus d'un siècle.

3-Sortir de l’euro

La France doit sortir de l'euro pour recouvrer une monnaie nationale et remédier à l'asphyxie de son économie. Il est compliqué de créer une monnaie unique, comme on l'a vu en 1999, mais il est très simple d'en sortir : les Tchèques et les Slovaques ont scindé leur monnaie unique en 1993 et l'opération n'a pris que quatre jours. Bien entendu, la conversion de l'euro dans la nouvelle monnaie nationale devra se faire au taux de 1 pour 1 et ne soulèvera donc pas de difficultés pratiques. Philippe Herlin évoque cette hypothèse dans son scénario n° 7 de la crise de la dette, dans son livre France, la faillite ?, mais il n'y croit pas trop :

« Le "nouveau" franc ne sera pas destiné à être une monnaie aussi forte que l'euro. Au contraire, le gouvernement le laisserait perdre régulièrement de la valeur pour soutenir les exportations. Admettons qu'en trois ans le franc perde 50 % de sa valeur, cela signifie que la dette libellée en euros pèse deux fois plus lourd ! C'est la faillite assurée.

« Le gouvernement pourrait alors souverainement décider de convertir sa dette en francs, mais cela équivaudrait à un défaut partiel, un rééchelonnement. »

Ce pessimisme est injustifié. Notre monnaie ne devrait pas se déprécier beaucoup si la sortie de l'euro était assortie d'un vaste plan d'économies budgétaires, surtout si l'on considère que l'euro pourra être tiré vers le bas par les difficultés de plusieurs des membres de la zone, dont la Grèce, l'Espagne, le Portugal et l'Irlande. De surcroît, lorsque la Tchéquie et la Slovaquie ont séparé leurs monnaies, elles ont considéré chacune respectivement que les dettes contractées dans l'ancienne couronne tchécoslovaque étaient désormais définies en couronnes tchèque ou couronne tchécoslovaque. De la même manière, la France serait fondée à dire que les emprunts contractés en euros, qui étaient alors sa monnaie nationale, sont désormais définis dans ce qui est encore sa monnaie nationale, et non dans celle de l'Allemagne ou de l'Espagne.

4-Sortir des institutions de l’Union européenne Il ne suffit pas de sortir de l'euro, il faut aussi sortir de l'Union européenne. Le Club de l'Horloge avait lancé la formule de l'Europe des nations. Ce beau rêve est devenu un fantôme. Il faut en tirer les conséquences. Les bénéfices de l'Union européenne, s'il y en a, tiennent uniquement à la liberté des échanges intereuropéens, qu'il faut maintenir. Pour que le peuple français puisse décider souverainement de son avenir, il faut l'émanciper de toute espèce de supranationalité, donc la France doit quitter les institutions de l'Union européenne.

5-Remettre en cause le privilège des banques

Redevenue indépendante sur le plan politique et monétaire, la France pourra enfin s'attaquer à la réforme de son système monétaire et financier. Sans cesser de coopérer avec ses partenaires étrangers, elle pourra remettre en cause les privilèges des banques. Il ne suffira pas de séparer la banque de dépôts de la banque d'affaires. Pour que les banques privées cessent de créer à leur profit une monnaie publique, il n'y a que deux solutions. La première est celle de la banque libre, dont les monnaies sont en concurrence entre elles et ne bénéficient plus de la garantie de l'Etat. C'est la formule proposée autrefois par Friedrich-August von Hayek et aujourd'hui par Pascal Salin. C'est probablement la meilleure en théorie, mais elle nous paraît politiquement utopique. L'autre solution, à l'inverse, réserve la création de monnaie à la banque de France : les banques commerciales sont tenues de couvrir leurs dépôts à 100 % par de la monnaie de la banque centrale. C'est la formule de Maurice Allais. C'est à notre avis la seule qui soit envisageable aujourd'hui.

L’oligarchie sous-estime les ressources du peuple

Sauf accident, les prochaines élections présidentielle et législative auront lieu en 2012. Si la droite reste divisée, la victoire de la gauche est pratiquement certaine. On peut craindre, pourtant, que l'UMP n'ait pas encore compris dans moins de deux ans qu'elle doit tendre la main au Front national. Si c'est le cas, il faudra probablement attendre plusieurs années encore avant de pouvoir engager le redressement de notre patrie. Mais le poids écrasant de la dette aura peut-être le grand mérite de provoquer un sursaut. De ce mal peut sortir un bien. La France est une grande nation, qui vaut infiniment mieux que ses dirigeants actuels, et le peuple a des ressources que l'oligarchie sous-estime. Ne perdons pas confiance : au bord du gouffre, la France repartira. Vive la France !

Polémia
10/10/2010

Image : La France

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