Rentrée scolaire septembre 2010 : programmes d'Histoire

jeudi 2 septembre 2010

L'approche de la rentrée a braqué les feux de l'actualité sur l'enseignement de l'Histoire du fait de l'entrée en vigueur pour les classes de cinquième et de seconde de la réforme des programmes publiée en 2008. L'historien Dimitri Casali a soulevé une polémique à ce sujet, suivi par MM. DenisTillinac, Max Gallo et Eric Zemmour. Il s'agit de critiquer une approche essentiellement thèmatique où la chronologie et les grands hommes de notre passé sont sacrifiés à une conception trop abstraite et trop ambitieuse de l'historiographie ; ainsi Louis XIV, englobé dans l'étude de la Monarchie absolue, et Napoléon, clôturant l'ère révolutionnaire, et de plus placés l'un et l'autre en fin des manuels de cinquième et de quatrième, risquent d'être réduits à la portion congrue dans des programmes surchargés par l'ouverture aux civilisations lointaines.

On connaît, en effet, les difficultés qu'éprouvent les professeurs à traiter l'ensemble des sujets qui leur sont imposés. Les fonctionnaires du ministère de l'Education nationale se justifient en plaidant les exigences de la mondialisation : la présence dans nos étalissements d'élèves venus d'Afrique exigerait l'étude des Empires du Songhaï et du Monomatapa en cinquième, ou encore celle des mondes islamiques arabe et ottoman en cinquième, quatrième et seconde ; les lois mémorielles justifieraient l'insistance sur les traites négrières et la colonisation en cinquième et quatrième ; l'importance économique de l'Inde et de la Chine rendrait obligatoire la connaissance de l'Empire des Gupta et des Han.

Mr Casali déplore la « survalorisation des minorités » et l' « occultation mensongère des racines de la culture française » induites par ces nouveaux programmes. De même le collectif « Notre histoire forge notre avenir » fait circuler sur Internet une pétition dénonçant la « diminution de la culture commune des Français, base d'un vivre-ensemble et de l'identité française » au profit d’une « vision culpabilisatrice de l'histoire occidentale ».

Mais ces programmes, à notre avis, soulèvent d'autres sujets de préoccupation, et d'abord une déchristianisation de plus en plus accentuée, accompagnée d'une survalorisation mensongère de l'islam.

Le christianisme disparaît de l’histoire des religions

Ainsi la naissance du judaïsme et du christianisme qui figurait jusqu'à présent en bonne place dans les manuels de seconde en tant que fondements de la civilisation occidentale a disparu au profit de l'étude de la démocratie grecque sur laquelle est greffée la citoyenneté romaine, nouvellement introduite dans le programme, de sorte que les origines chrétiennes de l'Occident ne figurent plus que dans l'évocation des cultures médiévales entre le XIe et le XIIIe siècle marquées par l'Eglise catholique. Le culte laïc de la sacro-sainte démocratie a remplacé dans les manuels de seconde la religion de nos ancêtres, Moïse et Jésus sont renvoyés en classe de sixème ! En outre, alors que les directives ministérielles dénoncent « la volonté de l'Eglise de guider les consciences (dogmes et pratiques, lutte contre l'hérésie, Inquisition) » avec des sous-entendus voltairiens, on n'observe rien de tel quand il s'agit de l'islam : on se contente d'évoquer une religion éthérée caractérisée par une foi intense et les devoirs du musulman envers Allah, sans montrer que celle-ci est inséparable d'un système politique et social, l'islam ignorant la séparation du temporel et du spirituel. Comme nos médias, nos manuels s'abstiennent de montrer les conséquences de la théologie mahométane sur la vie des croyants :

  • - absence de liberté de conscience conduisant à la condamnation à mort des apostats ;
  • - police des mœurs équivalant à une inquisition de tous contre tous, les contrevenants à la charia étant exposés à des peines cruelles, comme la lapidation des femmes adultères ;
  • - ou l'amputation des membres du voleur, dans un régime où le clergé exerce le pouvoir judiciaire en l'absence de toute laïcité ;
  • - inégalité fondamentale de la femme par rapport à l'homme ;
  • - inégalité du musulman par rapport au non-musulman soumis à un régime d'infériorité désigné par le terme de dhimmitude ;
  • - inégalité de l'esclave par rapport au maître dans des sociétés qui restèrent esclavagistes quatorze siècles durant ;
  • - sacralisation de la violence, enfin, la guerre sainte ou djihad devant conduire à l'islamisation du monde entier.

L'extension de l'islam au temps des califes omeyyades et abbassides aux dépens de l'empire chrétien de Byzance et du royaume catholique des Wisigoths d'Espagne est présentée comme une particularité intéressante de l'islam par les manuels de cinquième. Un seul des quatre manuels parus mentionne à ce sujet le djihad, de même qu'un seul mentionne la polygamie préconisée par le Coran. En revanche, les Croisades sont souvent présentées comme des actes de violence illégitimes. La prise de Constantinople par Mehmet II est présentée par les nouveaux manuels de seconde comme une grande avancée de la tolérance qui allait permettre la coexistence pacifique des trois religions du Livre : islam, judaïsme et christianisme, ces derniers devant pourtant être désormais soumis au régime de dhimmitude. C'est occulter l'ampleur de la tragédie du 29 mai 1453 qui terrifia la chrétienté par l'ampleur des massacres, des incendies, des pillages qui marquèrent l'événement. Nous sommes loin de la conscience aiguë qu'en eut Stefan Zweig : « L'Europe s'aperçoit en frémissant que par sa sombre indifférence une puissance destructrice a fait irruption chez elle, puissance qui paralysera ses forces pendant des siècles ». A l'heure où la Turquie frappe aux portes de l'Europe, cette lucidité est malvenue.

Conformité de l’Histoire enseignée au Politiquement correct

En résumé, la nouvelle refonte des programmes ne fait qu'accentuer la conformité au Politiquement correct déjà présente depuis des années dans les manuels précédents.

Ainsi le cours de seconde doit désormais s'ouvrir sur une étude des migrations européennes au XIXe siècle dont le message subliminal pourrait s'énoncer ainsi : puisque nous, Européens, avons émigré aux Etats-Unis nous devons accueillir les immigrés africains et asiatiques qui nous seront aussi favorables que nous l'avons été à l'Amérique, la superpuissance d'aujourd'hui.

On ne s'étonnera pas non plus de voir le nouveau chapitre de seconde, consacré à la citoyenneté romaine, faire une place majeure aux « Tables Claudiennes », prescrivant l'octroi du statut de citoyen romain aux habitants de la Gaule, ainsi qu'à l'Edit de Caracalla conférant cette qualité à tous les hommes libres de l'Empire.

Naturalisons, naturalisons ! C'est la loi des Prophètes de notre nouvel univers orwellien.

Le « ministère de la Vérité » réécrit l'Histoire en fonction des impératifs du mondialisme, car « celui qui a le contrôle du passé a le contrôle du futur ; celui qui a le contrôle du présent a le contrôle du passé ». Comme tous les régimes totalitaires, notre gouvernement attache une grande importance à la propagande exercée sur la jeunesse.

Mais les citoyens ont aujourd'hui la possibilité de s'échapper vers un espace de liberté qui n'existe pas dans 1984 : Internet.

Claire Magnard
02/09/2010

Correspondance Polémia — 02/09/2010
Voir : Le chant du cygne en grec et en latin
Les intertitres sont de la rédaction
Image : Luc Chatel a une conception particulière du programme d'histoire en terminale S

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