Pourquoi je ne voterai pas le 21 mars prochain en Ile-de-France ?

dimanche 14 mars 2010

Polémia n’a pas pour vocation à donner des consignes de vote. Il s’agit simplement pour nous d’éclairer les situations et de décrypter les faits. Aussi au moment où l’abstention atteint des records, il nous a paru intéressant de mettre en ligne cette correspondance francîlienne de Jean-Yves Le Gallou.

Polémia.

 

Pourquoi je ne voterai pas le 21 mars prochain en Ile-de-France ?

Le vote est un droit : celui de choisir ses représentants. Encore faut-il que cette liberté ait un sens.

Or je ne vois pas comment l’une quelconque des deux listes qui restent en présence en Ile-de-France – celle de M. Huchon comme celle de Mme Pécresse – pourrait valablement me représenter.

Passons sur la liste de gauche et d’extrême gauche de M. Huchon : socialiste, antiraciste, immigrationniste, fiscaliste, en rupture avec toute tradition enracinée, elle ne peut avoir mon vote ! Mais en va-t-il différemment de celle de Mme Pécresse ?

Durant la campagne électorale M. Santini, tête de liste UMP dans les Hauts-de-Seine et boute-en-train fatigué, a planté le décor : « Huchon y fait rien que piquer le programme à Valérie ». C’est dire l’ampleur de la confrontation !

L’électeur a eu droit à une campagne d’images, un « casting » électoral, ainsi défini par Mme Pécresse : « Les Francîliens veulent voir ce nouveau visage de la politique, moderne, écologiste, numérique et social. »

Joli visage, effectivement, que celui de Mme Jouanno. Tout juste désignée chef de file sur Paris, elle a pris position en faveur de l’adoption d’enfants par les couples homosexuels : une priorité cruciale à l’échelle du Conseil régional ! Sans doute a-t-elle recherché ainsi les faveurs du quartier du Marais et la bienveillance des journalistes bobos. C’est son droit. C’est aussi le mien de lui refuser mon suffrage. D’autant que son second de liste, M. Karam, se définit, lui, comme « d’extrême gauche ». C’est bien sûr la liberté de ce Guadeloupéen d’origine libanaise, chantre de la discrimination positive. C’est la mienne de lui refuser mon vote ! Comme de le refuser à Benjamin Lancar, le chef des jeunes « pop », mètre étalon du conformisme et auteur immortel d’un « clip » musical où il a poussé des ministres à se ridiculiser. Comment ces gens-là pourraient-ils me représenter ?

Dans les Hauts-de-Seine, c’est Rama Yade qui a obtenu la deuxième place : un joli mannequin pour l’UMP ! Mais pourquoi faire élire conseiller régional quelqu’un qui n’a pas su faire ses preuves à Colombes comme… simple conseiller municipal ? Il y a plus grave : comment pourrais-je voter pour celle qui a déclaré : « S’il y avait une guerre entre le Sénégal et la France, je choisirais mon pays d’origine » ?

En Seine-et-Marne, la tête de liste, c’est Yves Jégo : là encore tout un programme ! Il fut un si calamiteux ministre de l’Outre-mer que François Fillon dut s’en débarrasser pour limiter les dégâts de ses bourdes politiques et financières, lors de la crise de 2009 aux Antilles. Et comme maire de Montereau, le même Jégo se flatte d’avoir aidé à la réalisation de deux (deux !) mosquées ! Il est vrai que ce brave Jégo est bien secondé par sa deuxième de liste, son adjointe à Montereau, Hamida Rezeg.

En Seine-Saint-Denis, la tête de liste a été confiée à un syndicaliste policier, M. Beschizza. Mais sa seconde de liste est Aude Lagarde, la femme du maire Nouveau Centre de Drancy. Pourquoi pas ? La politique comme le cirque, c’est aussi une affaire de famille. Ce qui est plus gênant c’est la manière dont Jean-Christophe Lagarde, le chef du Nouveau Centre dans le 9-3, traite ses électeurs à propos de la construction d’un lieu de culte musulman : « Oui, je vous ai volontairement caché que ce serait une mosquée. Je voulais montrer la normalité d’un tel projet. Contrairement à tous ces maires qui annoncent dans les médias qu’ils veulent une mosquée, moi, je l’ai. Je n’ai pas voulu l’annoncer à la population » (Le Parisien, 6 septembre 2008). Comment envisager de se faire représenter par des gens qui professent un tel mépris de l’électeur et de la démocratie ?

Faut-il continuer cette énumération ? Il y a pourtant quelques maires et quelques élus pas mal à l’UMP. Mais ils ont quasiment tous été exclus de la liste de Mme Pécresse. Pour constituer son équipe deux critères ont guidé les choix de Mme Pécresse : l’exotisme (sous couvert de « diversité » et de « discrimination positive ») et le conformisme vis-à-vis du politiquement correct. En fait Mme Pécresse est une « médiagogue » : une femme qui calque son expression sur l’opinion dominante des médias. Le 21 mars, il sera bien de lui rappeler que pour gagner une élection, il faut aussi tenir compte du peuple ! Elections régionales : le temps des médiagogues»)

Ainsi, un électeur simplement attaché à l’identité française et aux valeurs traditionnelles n’a aucune chance d’être mieux représenté par la liste Pécresse que par la liste Huchon, il ne peut donc que s’abstenir.

L’abstention est ici une démarche civique : elle vise à rappeler que pour que la démocratie représentative fonctionne, il faut que les candidats et les élus aient la volonté de représenter leurs électeurs, non de les trahir.

Jean-Yves Le Gallou

14/03/2010

Correspondance Polémia

14/03/2010

Image : Affiche électorale André Santini et Rama Yade

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