Les 800 plus hauts dirigeants français au diner annuel du CRIF

vendredi 5 février 2010

Le Conseil représentatif des institutions juives de France s’autodéfinit comme « l’organe politique de la communauté juive ». A ce titre, il milite contre le racisme et l’antisémitisme et pour une politique ouverte vis-à-vis de l’immigration. Il défend aussi, sans nuances, la politique de tout gouvernement israélien. Y compris celui de Netanyahou et Lieberman qui serait condamné partout ailleurs comme « d’extrême droite ».

Mercredi 3 février 2010, le CRIF tenait son vingt-cinquième diner annuel : le président de la République, le premier ministre, la quasi totalité des ministres et des chefs politiques étaient présents. Tout comme les principaux dirigeants patronaux et syndicaux. Les chefs de la police ont aussi participé au banquet ainsi que les plus hauts magistrats. Quelques dignitaires religieux musulmans comme l’imam de Drancy étaient aussi présents.

FN, Verts, communistes absents

Les élus du Front National n’étaient pas invités. Le président du CRIF a d’ailleurs reproché à Jean-Marie Le Pen d’avoir critiqué le choix du prénom hébreu de Solal pour le petit fils Sarkozy. Les dirigeants des Verts et du parti communiste ont aussi été privés d’invitation ; cette fois en raison de leur attitude critique sur la politique militaire israélienne. Des juifs de gauche ont déploré cette exclusion. Tout comme ils ont regretté l’entrée à la direction du CRIF de certaines personnalités réputées à droite comme l’avocat William Goldnadel. C’est le cas de Jean Daniel qui a exprimé son désaccord, sous une forme qui ne cache pas une certaine réalité, dans un papier paru sur son blog et daté du 3 février 2010, le jour même du diner : « En France, le Crif vient de faire entrer dans sa direction les personnalités les plus engagées de l’extrême droite pro-israélienne. Ainsi, ce mercredi 3 février, à l’occasion du dîner annuel du Crif, c’est à une institution dominée par le Likoud que le chef du gouvernement français et une partie de ses ministres vont rendre des comptes. »

Un duo entre le Président du CRIF, Richard Prasquier et le premier ministre François Fillon Présentant le sens du diner du CRIF, sur le site officiel de cette organisation, l’idéologue Marc Knobel écrit : « ce qui caractérise les juifs de France -avant tout- peut se définir ainsi : les juifs portent l’étendard des valeurs républicaines, haut au cœur, d’une France dont l’identité est plurielle, d’une France qui doit être accueillante et fraternelle ».

Richard Prasquier a insisté sur son attachement aux valeurs républicaines. C’est là qu’il voit –et nulle part ailleurs- le fondement de l’identité nationale : à ses yeux la France et le peuple juif partagent en commun un universalisme. La vision du CRIF est la suivante : la France est une République, les juifs sont un peuple. (Voir : Identité française : le point de vue du CRIF ).

Le président du CRIF a aussi insisté sur la nécessité d’accroitre la « surveillance » sur Internet et la poursuite des sites réputés « racistes ». Et Richard Prasquier de préciser : « Les Juifs sont au cœur des débats où les limites à la liberté d’expression sont sollicitées. » Il s’est aussi réjoui de la prochaine modification de la loi pénale pour permettre de rendre public les débats en appel sur le procès Fofana dont la victime était un jeune juif. Richard Prasquier s’est enfin prononcé pour Jérusalem comme capitale de l’État juif. François Fillon a quant à lui vigoureusement condamné le boycott des produits casher et israéliens et tenu des propos martiaux contre l’Iran.

Les risques d’une communautarisation croissante

La présence de l’ensemble du gouvernement et de la classe politique française à cette manifestation communautaire renforce évidemment le communautarisme ! Il exacerbe les revendications musulmanes. Pour en donner une idée, Polémia livre à ses lecteurs un texte très documenté du journaliste Richard Hamza, paru sur le site islamiste oummah.com sous le titre : « La tranquille imprudence du CRIF »:

Il est regrettable que les communautarismes se nourrissent les uns les autres aux dépens de l’identité, de l’indépendance et de la souveraineté française.

Jean-Yves Ménébrez

05/02/2010

Correspondance Polémia

05/02/2010

Image : diner-annuel-du-crif.3/02/2010

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