Décadence de la démocratie ?

lundi 16 mars 2009

La démocratie est aujourd’hui un idéal, voire une sorte de religion. Elle fait partie des normes intouchables, comme l’économie de marché ou les droits de l’homme. Mais que recouvre le mot aujourd’hui ?

La démocratie est d’origine grecque : elle signifie que le pouvoir est dans les mains du peuple et s’oppose en cela à la monarchie et à l’aristocratie. Elle s’oppose aussi à la démagogie, qui flatte le peuple, et à l’ochlocratie (pouvoir des foules). Pour lui donner un sens, encore faut-il qu’il y ait vraiment un peuple et qu’il y ait vraiment un pouvoir !

En fait, on constate aujourd’hui une quadruple dérive de la démocratie.

1/ La démocratie représentative ne fonctionne pas vraiment. On lui oppose la démocratie directe (Suisse, Etats-Unis, Italie, Allemagne au niveau des Länder) qui donne de meilleurs résultats.

2/ La démocratie qui se veut fondée sur la participation des citoyens, non seulement électeurs, mais aussi militants, est minée par l’emprise des mass-média qui font des citoyens des spectateurs et des hommes politiques des comédiens.

3/ La démocratie est conçue comme Etat de droit encore que les deux notions ne se recouvrent pas. Mais elle est aussi considérée comme le régime dont la valeur suprême est l’égalité. Dans cette dernière perspective, elle devient vite un régime d’arbitraire, de non droit et d’oppression, dénoncé par toute une tradition qui va de Burke à Hayek.

4/ La démocratie finit par devenir une « religion séculière » dont les hommes attendent leur salut sur terre. Or, elle n’est jamais qu’une institution, dont le principe même est sujet à caution (voir Hans Hermann Hoppe : la démocratie, le Dieu qui a échoué).
http://www.polemia.com/contenu.php?iddoc=1221&cat_id=43

Au-delà de l’analyse politique, la démocratie est aussi en Occident, du point de vue métaphysique, le voile qui masque la réalité du pouvoir du « Gestell », le dispositif utilitaire qui fait de l’homme une matière première du système techno-économique. (Voir Heidegger).
http://www.polemia.com/article.php?id=1818

Que faut-il souhaiter ? A la fois plus de démocratie dans le sens de la démocratie directe et de l’Etat de droit, et moins de démocratie au sens de l’égalitarisme et de la désacralisation de la vie humaine. Sans doute la vérité revient une fois de plus à Aristote : le bon régime politique est de nature mixte et comporte une part de démocratie, une part d’aristocratie et une part de monarchie.


Yvan Blot
Polémia
16/03/09
 

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