2009 : Bienvenue dans le XXIe siècle ! (édito 01/09)

samedi 10 janvier 2009

Edito

Il y a quatre-vingt-dix ans, en 1918, sur les ruines des sociétés européennes traditionnelles, quatre idéologies s’apprêtaient à se partager le monde : le communisme soviétique, le mondialisme américain, le fascisme et le national-socialisme.

Le fascisme et le national-socialisme ont disparu en 1945 et le monde a alors été structuré par l’opposition de deux blocs antagonistes : l’occidental et le soviétique. En 1989, l’effondrement du système communiste a fait croire à la fin de l’histoire (Francis Fukuyama), le mondialisme américain apparaissant alors comme l’horizon indépassable de l’avenir du monde.

Mais ce cycle historique s’est achevé – comme le XXe siècle – le 15 septembre 2008 avec la chute de Lehmann Brothers, symbole de la crise du mondialisme financier.

Après l’ordre unique, le chaos ?

La fin d’un cycle historique d’un siècle s’accompagne d’une impression de chaos.

D’abord, parce qu’il n’y a plus de forces établies qui semblent durables ; contrairement à ce qui s’était passé en 1945 et en 1989, nul ne peut dire aujourd’hui quelles sont les forces et les idées qui vont structurer l’avenir et donc le XXIe siècle.

Ensuite, parce qu’on assiste à un double affolement : de la planète financière comme de la planète psychologique.

Affolement de la planète financière, marqué non seulement par la chute des cours boursiers et de celui de certaines monnaies mais surtout par leur extrême versatilité ; l’ampleur des variations des cours journaliers, hebdomadaires ou mensuels étant sans précédent historique.

Affolement psychologique en relation avec un air du temps nouveau ; une rupture avec la pensée linéaire ; la perte de la croyance – exubérante – en un progrès indéfini ; la prise de conscience qu’une catastrophe est possible.

Vers la relocalisation des activités ?

Les élites dirigeantes (économiques, politiques, médiatiques) continuent de rester attachées au dogme mondialiste au point de tenter de diaboliser le protectionnisme économique. Et pourtant des tendances fortes poussent à la relocalisation des activités.

C’est d’abord la revalorisation des produits de proximité pour des raisons écologiques (diminuer « l’empreinte carbone ») ou éthiques (donner du travail à des proches) ou esthétique (renouer avec son environnement naturel). C’est aussi la recherche de la qualité.

C’est enfin une logique de patriotisme économique qui pousse à protéger les emplois nationaux et à assurer l’indépendance des approvisionnements énergétiques par le développement du nucléaire, des énergies renouvelables ou des économies d’énergies.

Les forces qui vont dans le sens de la relocalisation des activités économiques sont nombreuses : politiquement, les courants écologiques et identitaires peuvent converger sur ces points ; économiquement, les syndicats de travailleurs peuvent aussi se retrouver avec certains producteurs tels que les agriculteurs ou les petites et moyennes entreprises du bâtiment ; et certains autres grands secteurs économiques peuvent aussi avoir intérêt à s’inscrire au moins ponctuellement dans cette logique.

Vers une économie nationale de marché ?

Dans le prolongement de ces tendances, il y a place pour une réflexion sur l’économie nationale de marché. D’autant que de plus en plus d’entreprises découvrent les effets pervers des délocalisations en termes de coût complet, de délai de production et de qualité.
(Voir « Les stratégies possibles pour les entreprises industrielles dans la mondialisation » : http://www.polemia.com/article.php?id=1494)

Certains économistes, comme Jacques Sapir, vont même plus loin : ils estiment que la reconstruction de frontières économiques est indispensable à l’équilibre social des pays développés et au rééquilibrage des balances commerciales. Pour ce professeur à l’Ecole des hautes études en sciences sociales de Paris : « Chacun doit faire face à cette réalité qu’un retour à des droits de douane et des politiques protectionnistes est la seule façon, non seulement de faire face aux conséquences de la crise, mais aussi d’éviter l’effondrement des économies développées dans une longue période de faible croissance et de fort sous-emploi. » (Voir « From Financial Crisis to Turning Point »: http://cemi.ehess.fr/docannexe.php?id=1645)

Le réenracinement dans les lieux classiques de l’identité : famille et communautés

La période d’exubérance économique et financière, qui s’est achevée le 15 septembre 2008, avait conduit à la perte du sens commun ; elle semblait avoir rendu caduques les règles prudentielles et le sens de la famille. Dans cette perspective, l’individu seul et isolé pouvait s’engager sans craindre de dommages dans les aventures financières !

La crise a ramené au réel ; l’effondrement économique et financier a remis au premier plan les notions de risque, de sécurité, de solidarité. Cela conduit à réhabiliter les institutions traditionnellement les plus protectrices : la famille d’abord ; les communautés ensuite, qu’elles soient ethniques, culturelles ou religieuses. Il y a donc place pour un véritable réenracinement culturel et spirituel.

Le changement de paradigme est-il possible malgré la sidération médiatique et le conformisme médiatique ?

La prospective est un exercice difficile. L’avenir dépend de l’évolution des facteurs (tels que les grandes données économiques, démographiques et géopolitiques), des événements (par nature inattendus) et du jeu des acteurs.

Il est clair qu’en France et en Europe les conditions sont favorables à la relocalisation des activités économiques et au réenracinement civilisationnel. Les acteurs susceptibles d’œuvrer dans ce sens sont nombreux.

Mais l’expression de ces tendances se heurte à deux obstacles majeurs : le conformisme des élites qui restent attachées à l’idéologie unique à base de mondialisme, d’antiracisme et de rupture des traditions ; la sidération médiatique utilisée à l’encontre de toutes les idées dissidentes pour éviter qu’elles ne se répandent.

Dans ces conditions, les tendances nouvelles ne peuvent s’exprimer que de deux manières :

- par une révolte électorale populiste ;

- par une réorganisation progressive des activités sociales et économiques dans les cercles humains de proximité.

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