Polémia poursuit la mise en ligne de l'exposé de Michel Geoffroy sur : « Les failles du système, les repérer, les analyser, les exploiter. », prononcé lors de la Troisième Journée d'étude de la réinformation, organisée par Polémia le 16 octobre 2010. Michel Geoffroy traite ici de l’ébranlement du mur médiatique et des signaux faibles qu’il convient de détecter.
3e Partie
L’ébranlement du mur médiatique :
apprendre à détecter les signaux faibles
L’histoire est comme l’herbe, on ne la voit pas …pousser
L'ébranlement du mur médiatique produit pour le moment des « signaux faibles » Il s'agit encore de « signaux faibles », parce qu'ils sont soit
– dénaturés par le système médiatique quand ils ne sont pas purement et simplement censurés
– les prodromes d'un mouvement qui va s’amplifier. Ce n'est souvent que rétroactivement que l'on peut se rendre compte de leur existence et de leur importance. Car l’histoire est comme l’herbe : on ne la voit pas pousser…
Mais néanmoins ces signaux sont visibles et audibles pour peu qu'on s'efforce de les détecter. Tenter de repérer les signaux faibles procède de la réinformation.
Apprendre à détecter les signaux faibles:
Par définition les signaux faibles ne figurent pas dans les gros titres des quotidiens et ne passent pas au « journal de 20h ». Il faut donc apprendre à les découvrir car ils sont souvent cachés sous le fatras de « l’information » sidérante.
Quelques suggestions
a) Diversifier au maximum les sources d’information :
Comme ces faits sont en général occultés ou dénaturés dans les médias nationaux (qui suivent la ligne fixée par la dépêche de l’AFP et les journaux radiophoniques du matin, qui sont chargés de donner le ton chaque jour), on ne peut les trouver qu’en multipliant les sources.
Exemples :
b) Apprendre à lire les entrefilets :
C’est généralement là que se trouvent les signaux faibles, puisque ceux ci ne figurent pas dans les gros titres.
Ils comportent souvent des informations intéressantes, en particulier quand elles sont l’écho d’informations étrangères (se reporter alors aux sources qui sont citées dans la dépêche).
On peut se hasarder d’ailleurs à une loi plus générale : la qualité de l’information écrite est inversement proportionnelle à sa longueur.
Souvent certains faits intéressants sont volontairement noyés en effet dans des commentaires longs et contradictoires (c’est d’ailleurs une technique de désinformation). Dans le domaine audio-visuel c’est plutôt la loi inverse qui s’applique : plus c’est court plus le risque de déformation est grand (images choc, interview coupées, petites phrases etc.)
c) Savoir utiliser la boussole à indiquer le sud :
Certaines informations doivent en effet être lues à l'envers pour trouver la vérité, comme en Union soviétique ! Cela implique de savoir décoder le langage médiatique ;
Exemples :
d) Savoir détecter les faits qui n’en sont pas
Dire que Nicolas Sarkozy « veut » ceci ou cela, c’est une intention qui n'est pas une action ; une action ne produit pas nécessairement le résultat escompté ou ne débouche pas nécessairement
Exemples :
e) Mettre les faits en perspective
Il suffit d’un papier et d’un crayon (ou d’un micro ordinateur !)
Le système médiatique repose sur la succession incessante des informations et l'orchestration du spectaculaire à court terme. C'est en faisant un arrêt sur image à chaque fois et des comparaisons temporelles que l'on voit apparaître des choses que le système veut cacher. Car le système use de la méthode de « la grenouille ébouillantée ». Les signes faibles ne bénéficient pas en outre de l'effet d'orchestration, à la différence des faits politiquement corrects : il faut donc une mise en perspective pour comprendre leur signification et leur dimension
Exemples :
Cette mise en perspective permet :
– de mettre en lumière des évolutions ;
– de faire apparaître des contradictions dans le discours dominant (c'est donc le signe d’un malaise au sein du Système).
(A suivre)
Michel Geoffroy
Troisième Journée d'étude de la réinformation
16/10/2010
Polémia
23/10/2010
Voir les autres parties :
Image : « De la tour, surmontée d’une flèche octogone, toute palpitante sous l’ébranlement des huit cloches de son carillon, s’échappaient les tintements de la neuvième heure.» (Jules Verne, P’TIT BONHOMME,Chapitre X)