Voile islamique : il ne faut pas l’interdire… Il faut autoriser son refus !

vendredi 19 septembre 2003
Dans l’affaire du voile islamique, bien des erreurs ont été commises et sont toujours commises.

1 – 1ère erreur : Lorsque la première affaire a éclaté au collège de Creil, le gouvernement aurait dû clairement soutenir le courageux directeur du collège Ernest Chenière (1) qui voulait maintenir hors les murs de l’école les jeunes filles voilées. Au lieu de quoi, Lionel Jospin, ministre de l’Education, s’en est remis à un avis mi-chèvre, mi-chou du Conseil à d’Etat qui a placé les directeurs d’école, de collège et de lycée sous la pression directe des islamistes : pression morale mais aussi judiciaire parce qu’en prenant la décision de refuser une élève voilée, ils prenaient le risque de se voir condamnés devant les Tribunaux administratifs voire judiciaire.

2 – 2ème erreur : Croire que le voile islamique relève des signes distinctifs religieux au même titre que la croix ou l’étoile de David alors qu’il s’agit de la soumission à un ordre civilisationnel où la femme est sinon recluse du moins soumise ; c’est une erreur supplémentaire que vient de faire récemment Nicolas Sarkozy en demandant au Conseil français du culte musulman de consulter des oulémas pour rendre un avis sur le port du voile ; car c’est admettre – en contravention avec toutes les règles de la laïcité – que l’avis d’autorités religieuses, en l’occurrence islamique, pourrait s’imposer à l’espace public. Français.

3 – 3ème erreur : Le débat ouvert au sein du gouvernement et de la commission Stasi sur la nécessité ou non d’une loi pour interdire le voile islamique n’est pas une bonne manière de poser la question ; en claire, à partir du moment où la France accueille sur son territoire des millions d’hommes et de femmes issus de l’aire civilisationnelle islamique, et qu’il y a partout dans le monde un réveil fondamentaliste musulman, il est sans doute illusoire de prétendre vouloir interdire le Tchador partout.

En revanche, ce qui est possible, c’est d’autoriser son refus à ceux qui n’en veulent pas sur le territoire de l’institution qu’ils dirigent.

Prenons quelques exemples :
Dans un établissement scolaire : « Mademoiselle vous voulez portez le voile islamique, c’est votre droit mais en dehors de ce collège (ou de ce lycée) ».
Dans une entreprise : « Madame, vous voulez porter le voile islamique, c’est votre choix et je le respecte mais pas à l’intérieur de ce commerce, de ce bureau ou de cet atelier ».
Dans une administration : « Chère collègue, vous voulez porter le voile islamique, je peux comprendre vos raisons, mais vous comprendrez les miennes, pas à ce guichet, pas dans ce local ».

Pour permettre cela il n’y a pas besoin d’une grande loi républicaine d’interdiction générale… qui ne serait pas respectée.

Il y a simplement besoin d’une loi de liberté modifiant les dispositions du code pénal qui rendent aujourd’hui scandaleusement possible des poursuites pour « discrimination » contre ceux qui défendent la laïcité et la conception européenne de la femme et refusant le port du voile islamique là où ils exercent une autorité.

La République a dans sa définition la liberté et l’égalité : dans ce domaine, il ne faut pas chercher une égalité impossible mais ouvrir des libertés, y compris celle de préférer employer ou scolariser des jeunes femmes sans voile plutôt que des femmes en Tchador.

Ne rêvons plus d’une égalité ou d’une uniformité utopique, mais défendons les libertés possibles !


Jean-Yves Ménébrez
19/09/2003
© POLEMIA


(1)Aujourd’hui dans un placard de l’Education nationale.
(2) Qui rassemble surtout des hommes et des femmes qui se sont beaucoup trompés au cours des 30 dernières années…
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