Pour le camp des droites (culturelle ou idéologique), il faut choisir Sarkozy

vendredi 27 avril 2012

Polémia n’a pas pour vocation de donner des consignes de vote. Pour autant, ses membres s’intéressent naturellement à la question du second tour de l’élection présidentielle. Soulignant les contraintes de la mondialisation, des institutions internationales et du politiquement correct, Jean-Yves Le Gallou a estimé qu’il ne pouvait y avoir de vraies divergences de politique entre Hollande et Sarkozy, ce qui le conduit au choix de l’abstention. C’est un point de vue différent qu’exprime ici un autre co-fondateur de Polémia. Pour Philippe Christèle, il faut que Sarkozy gagne pour montrer que le thème de la défense de l’identité est devenu un thème porteur, respectable et source de victoire électorale. Et, sur le fond, Hollande, c’est Sarkozy en pire !

Polémia.

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Les résultats du premier tour révèlent toute la complexité de la mécanique électorale :

  • - un bloc patriotique majoritaire mais difficile à unir ;
  • - un résultat historique pour le FN, qui reste néanmoins dans l’étiage des scores Le Pen + Mégret d’il y a 10 ans (19,2% en 2002) et dont rien ne montre la pérennité ;
  • - une gauche plus à gauche que jamais, minoritaire dans le pays, et qui est en passe de l’emporter le 6 mai.

Une partie des clés du scrutin repose sur l’attitude des électeurs du premier tour qui n’ont voté ni Hollande, ni Sarkozy et qui se retrouvent, politiquement, culturellement ou idéologiquement, dans le camp des droites ; ce camp des droites que Polémia, à sa fondation, annonçait vouloir armer intellectuellement, sans exclusive, « de François Bayrou à Marine Le Pen » (sic).

En cohérence avec ce nécessaire regroupement du camp des droites, nous pensons qu’il faut voter Sarkozy le 6 mai pour trois principales raisons :

1/ La victoire serait une victoire tactique et politique d’envergure autour du thème de l’identité

Polémia capte les mouvements d’idées, cherche les ruptures et les basculements, identifie et promeut les transformations qui permettront de déséquilibrer le système politique et médiatique dans lesquels la politique française est engoncée, coincée, corsetée depuis vingt ans. Eh bien, nous y sommes !

La campagne du premier tour de Nicolas Sarkozy et surtout les discours de l’entre-deux-tours sont une rupture majeure : pour la première fois, les dirigeants de l’UMP assument un rapprochement doctrinal avec les thèmes du FN et leurs électeurs les suivent (2/3 d’entre eux favorables à un accord UMP/FN aux législatives).

Personne n’est dupe du fait que, de Juppé à Fillon, ce rapprochement est subi plus que choisi ; ni que Nicolas Sarkozy, dont la politique étrangère est par ailleurs exécrable (sauf sur la relation avec les Russes) fait davantage du « Buisson » en campagne électorale qu’au pouvoir. Mais notre devoir est de peser sur le réel ; et non de jouer les imprécateurs moralistes sur les postures.

Le système médiatique – que nous dénonçons à longueur de colonnes sur notre site – diabolise, encore et toujours, ce rapprochement. En ce sens, il nous montre le camp à soutenir !

Montrer que Sarkozy peut gagner en assumant sa nouvelle proximité avec les thèses portées par le FN est donc urgent pour démontrer que quelque chose bouge dans ce pays et surtout pour faire la démonstration que l’alliance UMP/FN, ou du moins celle de ses électeurs, à la base, est désormais synonyme de succès et non plus d’échec, avec diabolisation à la clé. Là est la seule rupture politique positive de cette élection. Nous devons la saisir.
De la même manière qu’en 2007 il fallait que Sarkozy gagne car il avait assumé le discours de rupture avec l’esprit de 68, il faut aujourd’hui qu’il gagne pour montrer que le thème de la défense de l’identité est devenu un thème porteur, respectable et source de victoire électorale.

2/ La défaite de Sarkozy serait catastrophique pour le camp des droites, FN inclus :

Au FN, on spécule sur une défaite de l’UMP pour envisager un éclatement de celle-ci et une victoire aux législatives. Malheureusement, c’est un calcul de parti politique qui ne va en rien changer quoi que ce soit à la décadence programmée du pays. Et ce pour les raisons suivantes :

  • - Rien ne dit que l’UMP éclatera avant les législatives, ni même après en cas de défaite. La bonne tenue du camp Sarkozy prouve le contraire. Les élus UMP ne sont pas si sots et chercheront à tenir le maximum de positions en juin. Les ralliements individuels souhaités par le FN continueront à se heurter à la propension trop bien connue de ce parti à liquider systématiquement ses cadres de valeur. Et l’échange d’amabilités lors du 2e tour des dernières cantonales n’est pas engageant.
  • - Le FN n’aura pas de groupe parlementaire. D’abord parce que le mode de scrutin est plus difficile. Les triangulaires rêvées par Jean-Marie Le Pen à l’époque (1997 et même 2002) ont fait perdre beaucoup de sièges à la droite ; elles n’en ont jamais donné au FN (hormis Jean-Marie Le Chevallier à Toulon, invalidé ensuite). Comment le FN fédérera-t-il un électorat patriote et conservateur qui aura constaté que l’abstention prônée par le FN lui aura fait perdre la présidentielle pour laquelle elle se sera ardemment mobilisée ?
  • - Si le FN obtient des députés, ce sera marginalement et face à une majorité absolue de gauche. Intérêt autre que financier ? Nul. Capacité d’influence politique ? Nulle.
  • - Le FN est-il prêt aujourd’hui à remplacer l’opposition UMP ? Absolument pas. Marine Le Pen le sait bien, qui ne parvient à envoyer sur les plateaux de télévision aucun cadre d’envergure, excepté le jeune technocrate Philippot, Louis Alliot et son accent chantant ou le médiato-boulimique Gilbert Collard, renommé pour la force de ses convictions successives. C’est encore un peu court…
  • - Imagine-t-on qu’une majorité Hollande, fortement décevante, déclenchera en ricochet, en 2014, des municipales gagnées par la droite ? Peut-être mais rien n’est moins sûr. Surtout si, entre temps, Hollande a installé, comme il a promis de le faire, le vote des étrangers aux élections locales.

Le rêve d’une recomposition des droites suite à une victoire du bloc des gauches est un vieux rêve. Il a existé en 1981, en 1988, après la dissolution ratée de Chirac. Il n’a jamais porté ses fruits ni produit autre chose qu’un FN certes en progrès, mais diabolisé et, malgré un 2e tour en 2002, totalement incapable d’influencer en quoi que ce soit la politique du pays.

La défaite de Sarkozy et la progression du FN entretiendront une fracture terrible au sein des droites ; les premiers reprochant leur échec aux seconds ; les seconds refusant toute main tendue aux premiers tant qu’ils n’auront pas été relégués derrière eux.

Sur le papier, cette stratégie peut se comprendre car il est toujours plus confortable de vouloir gagner seul une course. Moralement, elle peut sans doute se justifier car le FN a raison d’en avoir marre d’être diabolisé, y compris par les porteurs d’eau de l’UMP. Politiquement elle est suicidaire car notre pays n’a pas le temps d’attendre qu’un tel basculement se produise. Il est urgent que le FN, comme tous les partis identitaires d’Europe, construise une stratégie du faible au fort, sans renoncement, et en profitant justement de la fenêtre de ce second tour.

Marine Le Pen, le stade ultime de votre dédiabolisation, c’est maintenant ! Il est logique que votre discours du 1er mai ne comporte pas d’appel à voter pour Sarkozy. Mais introduisez des nuances ; montrez votre préférence et construisez ainsi une base solide pour les législatives et la suite.

3/ La défaite serait la victoire d’une gauche archaïque et revancharde

L’homme de droite ne peut se satisfaire d’une victoire de François Hollande. Les raisons sont innombrables et, quoi qu’on en dise, les candidats ne se valent pas. Chacun voit bien que, la situation économique étant ce qu’elle est et la France étant à ce point dépossédée, sur ce terrain, des leviers de sa souveraineté, Hollande comme Sarkozy conduiront globalement les mêmes politiques économiques.

Pour exister politiquement et faire supporter par le peuple de gauche cette potion ultra-libérale, Hollande devra donner des gages. Ces gages seront terribles et viendront saper en profondeur les valeurs de notre société (morale publique, famille, patrie, société de l’effort). Regardez les publics des meetings : il n’est pas difficile de voir à quel public nous ressemblons, nous et les nôtres. On pourra toujours blâmer la cécité politique du petit bourgeois de province ou de centre ville, il n’empêche que, comme nous, il cherche à préserver son identité, à éduquer correctement ses enfants et à gagner sa vie à la sueur de son front.

N’oublions pas une chose : il est possible de rompre d’un seul coup avec des politiques économiques ou des alliances stratégiques ; il est possible de prendre des mesures fortes qui transforment le cours des choses. Cela demande courage, ténacité et une capacité individuelle et collective à tenir le choc. Ce qu’on ne peut pas faire facilement et qui prend du temps, c’est reconstruire une société, une éthique publique et collective, une hiérarchie de valeurs, … Regardez la Russie qui, après des années de libération du communisme et une sortie par le haut des crises économiques, ne parvient toujours pas à reconstruire sa société civile.

Hollande et Sarkozy se valent sur beaucoup de choses ; mais la gauche de Hollande, Mélenchon, Joly et du parti communiste moribond feront plus de mal à notre pays, dans ses fondements les plus intimes.

Parce que le moment est venu d’accompagner une rupture politique majeure, Parce que la défaite de Sarkozy sinistrerait pour des années encore le camp des droites,
Parce que Hollande, c’est vraiment Sarkozy en pire,

Alors nous voterons Sarkozy le 6 mai prochain.

Philippe Christele
Polémia
26/04/2012

Post scriptum

« Ce jour 26 avril, la CGT appelle à battre Sarkozy et Tariq Ramadan appelle les citoyens français, de confession musulmane ou autre, à voter en conscience et à faire le bilan de la politique de Nicolas Sarkozy, qui est très mauvais. » Une chose est sûre : ceux qui ne nous aiment pas se mobilisent.

Image : Elections présidentielles

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