Les 3 facteurs clés de notre décadence ne sont pas clairement abordés par les candidats à la présidentielle

vendredi 6 avril 2012

La campagne pour l’élection présidentielle provoque dans la grande presse étrangère, et notamment chez nos voisins les plus proches, sarcasmes et leçons. Outre-Manche : « La France est dans le déni. », titrait The Economist daté du 31 mars 2012. « La plus frivole des élections occidentales », tançait ce journal ultra-libéral en brocardant l’aveuglement des politiques français (*). Le Financial Times, plus courtois, n’en demeure pas moins sévère (**). Outre-Rhin, les éditorialistes se montrent tout aussi acerbes. A Munich, la Süddeutsche Zeitung, journal de référence en Allemagne, de tendance libérale de gauche, s’interroge sur les véritables enjeux qui devraient être ceux de cette prochaine élection (***). Marc Rousset énonce pour Polémia les risques qui ne manqueront pas d’être engendrés quel que soit l’élu et rappelle quelques données de la situation française qui ne semblent pas être prises en compte par les candidats.

Polémia

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De même que la Vérité sort souvent de la bouche des enfants, l’hebdomadaire britannique The Economist a le mérite d’attirer notre attention sur le caractère peu sérieux en France de la campagne présidentielle en cours. Le titre de son dernier numéro s’intitule : « La France en déni. L’élection la plus frivole d’Occident » en parodiant comme illustration le tableau d’Edouard Manet « Déjeuner sur l’herbe » où l’on voit Nicolas Sarkozy et François Hollande assis à même le sol dans une clairière avec une femme totalement nue. Malheureusement le réquisitoire de l’hebdomadaire ne porte que sur le thème de notre compétitivité déficiente et l’hypertrophie paralysante de nos dépenses publiques qui sont pratiquement passés sous silence par tous les candidats ! Mais The Economist oublie les deux autres facteurs clés de la décadence morale, sociale et économique française, à savoir le libre échange mondialiste à la source de notre désindustrialisation et l’immigration avec son coût économique annuel monstrueux, soit 73 milliards d’euros, pratiquement le déficit budgétaire de la France!

Le réquisitoire juste de The Economist sur l’hypertrophie des dépenses publiques françaises

Le Président Sarkozy illusionne avec ses rodomontades et François Hollande nous prépare le sort de la Grèce tandis que Mario Monti réforme l’Italie pour de bon! L’Espagne, l’Italie adoptent des politiques et des attitudes envers les réformes et la dépense publique infiniment plus courageuses que ce qu’envisagent les candidats actuels. La France détient cependant déjà le record d’Europe pour les dépenses publiques (Etat, Collectivités locales, Sécurité Sociale) qui s’élèvent en 2011 à 55,9% du PIB ! Les mesures adoptées jusqu’à présent, même pour les retraites, relèvent beaucoup plus de la démagogie et de la poudre aux yeux que de réformes structurelles sérieuses à long terme redressant effectivement la situation. Quant à la croissance, elle doit venir de l’offre nouvelle de nouvelles entreprises compétitives avec la retraite à 65 ans, la suppression effective des scandaleux régimes spéciaux publics de retraite et non pas de l’entretien illusoire d’un trop grand nombre de fonctionnaires ainsi que d’un laxisme social ou de gestion. IL est facile pour l’oligarchie politique de se donner bonne conscience en ne faisant rien pour réduire les dépenses et en prenant pour prétexte que l’on entretient la consommation et donc la croissance ! Depuis le temps qu’elle pratique cette folie démagogique, la France devrait avoir aujourd’hui le PIB par tête le plus élevé du monde !

Nous ne répéterons jamais assez que de 1991 à 2008, le nombre de fonctionnaires en Allemagne qui faisait face au problème des fonctionnaires trop nombreux de l’ancienne DDR a baissé de 6 737 000 à 4 505 000. Dans le même temps, la France passait de 4 258 000 à 5 200 000 fonctionnaires. Avec près de 20 millions d’habitants de moins, la France a réussi la triste performance de dépasser l’Allemagne en 2002. Compte tenu de la différence des populations de l’ordre de 3 pour 4 entre la France et l’Allemagne, le nombre de fonctionnaires français, en partant du chiffre allemand de 4 505 000 devrait donc être de 3 millions ! Puisqu’il est de 5 200 000, il y a donc bien en France 2 000 000 de fonctionnaires en trop !

Le deuxième facteur clé de notre décadence économique : la France le pays le plus désindustrialisé de la zone euro en raison du libre-échange mondialiste

Nous avons déjà écrit de nombreuses chroniques sur ce thème. Cette fois -ci nous nous bornerons à citer plusieurs passages du Prix Nobel Maurice Allais qui expliquait pourquoi en suivant la politique libre-échangiste de Bruxelles, la France se suicide !

« La mondialisation de l’économie est certainement très profitable pour quelques groupes privilégiés. Mais les intérêts de ces groupes ne sauraient s’identifier avec ceux de l’humanité toute entière. Elle ne peut que se révéler finalement désavantageuse pour tous les peuples (1) »

« En fait, ce que l’on a constaté, c’est que la politique de libre échange mondialiste poursuivie par l’organisation de Bruxelles a entraîné (en France) à partir de 1974 la destruction des emplois, la destruction de l’industrie, la destruction de l’agriculture et la destruction de la croissance »(2)

« Si la politique libre-échangiste de l’organisation de Bruxelles n’avait pas été appliquée, le PIB réel par habitant en France serait aujourd’hui d’au moins 30% plus élevé qu’il ne l’est actuellement et il serait certainement au moins égal au PIB réel par habitant aux Etats-Unis (3)

IL importe en effet de réaliser que ce que la France gagne en baisse de prix, elle le perd en chômage (3 millions d’emplois industriels disparus en 30 ans) et en diminution de revenus. Le recul du pouvoir d’achat affecte les chômeurs mais aussi les non chômeurs qui subissent des prélèvements fiscaux et sociaux croissants pour aider leurs compatriotes et les immigrés sans emploi. Voici ce qu’écrivait également Maurice Allais :

« Les partisans du libre-échange mondialiste soulignent que grâce aux délocalisations et aux importations en provenance des pays à bas salaires, jamais les prix dans les hypermarchés n’ont été aussi bas »

« Mais c’est oublier que les consommateurs ne sont pas seulement des acheteurs. Ils sont également des producteurs qui gagnent leur vie et qui paient des impôts »

« En tant que consommateurs ils peuvent acheter des produits meilleur marché. Mais pour ces consommateurs la contrepartie de ces importations à bas prix est finalement la perte de leur emploi ou la baisse de leurs salaires, et des impôts accrus pour couvrir le coût social du chômage et de la politique de l’emploi. Dès lors les avantages apparents des produits bon marché sont plus que contrebalancés par leurs coûts économiques et sociaux réels de toutes sortes » (4)

Le résultat à ce jour, avant la désertification industrielle totale si rien ne change, c’est que, selon une étude de COE-Rexecode de mars 2012 (5), la France est désormais le pays de la zone euro dont la part de la valeur ajoutée de l’industrie manufacturière dans le PIB est la plus faible (9,33% en 2010). A titre de comparaison, le poids de l’industrie atteint 12,1% en Espagne et 11,8% au Portugal, 13,1% en Belgique et 11,9% aux Pays Bas. Quant à l’Allemagne, elle fait la course en tête avec une industrie qui représente 18,7% de son PIB.

Le troisième facteur clé de notre décadence économique, sociologique et morale : la folle immigration extra-européenne

Là encore nous citerons le brillant major de Polytechnique Maurice Allais, peu suspect de racisme maladif ou congénital qui, déjà en 1992, écrivait:

« L’immigration tout à fait excessive qui s’est constatée en France depuis les années soixante a constitué par ses conséquences de toutes sortes un intolérable fardeau dont le seul résultat tangible a été de déprimer profondément les salaires réels français.»(6)

Nous ne nous étendrons pas sur les thèmes de la perte de l’identité française, européenne et du risque évident de guerre civile pour nos enfants et petits-enfants. Renaud Camus souligne à juste titre « qu’aucun épisode depuis quinze siècles, ni la Guerre de Cent ans, ni l’occupation allemande n’ont constitué pour la patrie une menace aussi grave, aussi fatale, aussi virtuellement définitive en ses conséquences que le changement de peuple (7). Nous assistons en quelque sorte à un véritable génocide culturel de la France. »

Selon Yves Marie Laulan, dans son étude du 19 Février 2012 (8) les coûts nets directs ou indirects de l’immigration s’élèvent à 73,3 milliards d’euros. Ils sont donc non financés par un déficit budgétaire de 85 milliards d’euros qui alimentent l’endettement actuel de la France de 1717 milliards d’euros. L’immigration en France peut être évaluée à 250 000 (9) personnes par an dont 50 000 clandestins, soit une agglomération lilloise tous les 3 ans !

Comme nous le rappelle Marc Aurèle « l’objet de la Vie n’est pas de se trouver du côté de la majorité, mais d’éviter d’être du côté des imbéciles ». Des dix candidats qui se présentent avec leurs 500 signatures, aucun n’a la stature d’un De Gaulle ou d’un Poutine pour redresser d’une façon urgente une France qui part à vau-l’eau ! Les problèmes fondamentaux de défense ne sont même pas abordés. Il n’est donc pas étonnant que les thèmes de la campagne présidentielle ne soient pas à la hauteur de la faillite d’un Etat, d’une invasion migratoire programmée, des enjeux pour la France de sa survie économique, politique, militaire, démographique, linguistique et civilisationnelle.

Marc Rousset
1/04/2012

Notes de l’auteur :

(1) Maurice Allais, Erreurs et impasses de la construction européenne, Editions Clément Juglar,Paris,1992, p.217
(2) Maurice Allais, L’Europe en crise, que faire ? Editions Clément Juglar, Paris 2005, p.71
(3 ) Maurice Allais, op cit, p.71
(4) Maurice Allais La Mondialisation, la destruction des emplois et de la croissance, Editions Clément Juglar Paris, 1999 p.309
5) COE-Rexecode, « Faiblesses et atouts de la France dans la zone euro » mars 2012
6) Maurice Allais, L’Europe en crise, que faire ? op cit p 77
7) Renaud Camus, Le Grand Remplacement, Editions David Reinharc, novembre 2011,76p
8) Yves- Marie Laulan-
L’impact macro-économique de l’immigration
9) Yves Marie Laulan-
Tableau de bord de l’immigration-Chiffres clefs des flux migratoires

Voir aussi :

Comment The Economist raille la France et ses deux candidats, champions d’une démocratie exemplaire ! (bigbrowser.blog.lemonde.fr) 

Notes de la rédaction :

(*) « La plus frivole des élections occidentales », dit The Economist. En couverture de cette édition du 31 mars, campant deux des personnages du Déjeuner sur l'herbe d'Edouard Manet, Nicolas Sarkozy et François Hollande devisent aimablement en galante compagnie. « La France est dans le déni, tance l'hebdomadaire britannique. Ses dirigeants politiques ignorent les difficultés économiques du pays et, ce faisant, les rendent plus difficiles à résoudre. »
(**) « Ce qui frappe les observateurs extérieurs dans le déroulement de cette bataille présidentielle, dit-il, c'est qu'ils semblent présupposer ou prétendre que la France est une île. »
(***) « Le chômage qui augmente depuis des années, ce n'est pas un sujet. Le déficit abyssal du commerce extérieur ou le manque de compétitivité des entreprises ? Rien. L'immense dette publique à la charge des générations futures ? Rien. »
Source :
Le Monde, 6/04/2012

Correspondance Polémia - 6/04/2012

Image : Nicolas Sarkozy et François Hollande rejouent « Le Déjeuner sur l'herbe », d'Edouard Manet, symbole selon The Economist de l'insouciance française.

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