Poutine le Grand est de retour / Et il a tiré les leçons de l'hostilité occidentale

mardi 6 mars 2012

Le succès électoral de Vladimir Poutine restera comme l’événement marquant de ce début du mois de mars 2012. Il mobilise la presse internationale hautement conformiste et va jusqu’à éclipser, en France, le retour triomphal de nos deux journalistes héros du front syrien. C’est dire !
Alors que cette presse s’acharne sur le valeureux vainqueur de Moscou, lui reprochant notamment d’avoir bénéficié d’une fraude gigantesque, Polémia a déjà mis en ligne deux analyses (*) qui, en quelque sorte, se présentent comme un contre-feu face à une hostilité agressive tendant à discréditer le nouveau président. Un troisième texte, que nous prélevons chez Metamag.fr, apporte, avec beaucoup d’objectivité, une confirmation des deux précédents et présente une vue intéressante sur la personnalité de Vladimir Poutine et sur sa volonté de résister au bloc mondialiste de l’Ouest. Il est à signaler que les auteurs de ces trois articles proviennent d’horizons différents.

Polémia


Dans Lucky Luke, la condamnation du prévenu, dans l'Ouest lointain, est annoncée par la presse avant même l’ouverture du procès. Il en a été de même pour l’élection présidentielle russe. L’élection de Vladimir Poutine a été annoncée avant le vote.

Ce qui est peu surprenant car, fraude ou pas, il était assuré de la victoire. Ce qui est plus surprenant, c’est l’annonce d’une manifestation le lendemain du vote. Comme d’habitude, les observateurs indépendants – indépendants de qui ? Certainement pas des ONG et médias anti-Poutine – ont dénoncé les fraudes.

Ainsi, «on» avait décidé qu’il y aurait des fraudes et qu'«on» les dénoncerait. Nous nous trouvons bien face à une stratégie consistant, pour le «système atlantiste», à dénoncer les élections chez les dirigeants qui lui déplaisent. Or, tout cela est cousu de fil blanc car, s’il y a eu des fraudes en Russie, il y a eu, aussi, des ingérences et une campagne médiatique internationale à l’encontre d’un dirigeant à abattre. L’élection, indiscutable, est donc contestée pour délégitimer le vainqueur.

Mais cela est connu de Vladimir Poutine qui y a fait face par un discours nationaliste, par la dénonciation des ingérences étrangères et par des propos conciliants envers l'opposition. Les médias, qui appelaient presque à la contestation du vote dans la rue, ont passé sous silence les hommages des vaincus au vainqueur. Le nationaliste, Vladimir Jirinovski, et le social-démocrate, Sergueï Mironov, ont félicité le premier ministre pour sa victoire.

«Nous avons réalisé beaucoup de propositions que vous avez faites», a dit M. Poutine à M. Jirinovski, lors d'un entretien téléphonique, avant d'indiquer que beaucoup restait à faire et qu' «une consolidation du Parlement et de l'ensemble de la société était nécessaire». Lors d'un entretien téléphonique avec M. Mironov, le vainqueur de la présidentielle a notamment indiqué : «Là où nos objectifs et nos programmes coïncident, nous compterons sur votre soutien».

En fait, le fond du problème est ailleurs. La Russie est certainement le plus gros obstacle au contrôle des ressources énergétiques mondiales par une démocratie militante, au service des USA et de leurs clients ou alliés. La route du Kremlin a été encombrée par les mobilisations et les arrière-pensées de certains pays, derrière les bons sentiments et les grands principes.

Vladimir Poutine est un dirigeant autoritaire et un démocrate très tempéré. Il se pense cependant en phase avec son peuple et son objectif : rendre à la Russie sa grandeur et son rôle international, en assumant tout le passé, impérial et soviétique. Il sait que le «nationalisme» et la défense des spécificités historiques sont la bête noire du mondialisme. Il sait où et qui sont ses ennemis, qu’ils veulent sa peau, au moins politiquement, et peut-être pas seulement.

Le tsar en colère et le cauchemar de l'atlantisme

On a vu l'homme fort de Russie, devant ses partisans, les larmes aux yeux. Il avait du mal à contenir son émotion. Ce qui veut dire qu’il a été sensible aux critiques et tentatives de déstabilisation. Mais quid derrière les larmes ? Soyons sûrs que sa volonté de puissance sera encore plus assumée sur le plan diplomatique comme sur le plan du réarmement de la Russie.

En réalité, Poutine a, pendant des mois, ruminé sa rancœur. Blessé, il sera plus imprévisible que jamais. Son retour au Kremlin risque de compliquer les relations entre Moscou et l'Occident, estiment les journalistes et experts britanniques.

«Pour l'Occident, le retour de Poutine signifie que Moscou va redevenir un partenaire difficile et souvent paranoïaque (…). Avec sa réapparition sur la scène internationale, le "redémarrage" de Dimitri Medvedev et Barack Obama va se retrouver à la poubelle», écrit le journaliste du quotidien Guardian, Luke Harding.

John Lough, expert de l'institut Chatham House, se montre également pessimiste sur la perspective de développement des relations entre la Russie et le monde extérieur, évoquant le début d'une «période d'imprévisibilité». Selon lui, Vladimir Poutine pourrait profiter de cette situation, propice à la promotion de l'image d'«ennemi extérieur».

L’«ennemi extérieur» l’aura tout de même bien cherché par son hostilité viscérale, par ses ingérences indiscutables, sa stratégie de déstabilisation démocratique, bien rodée mais mise en échec. Poutine est de retour, une certaine Russie aussi. Cela ne plaît pas à tout le monde. On en fait le pari.

Jean Bonnevey
Metamag.fr 
06/03/2012

(*) Poutine, un nouveau Pierre le Grand ?
    
Russie : Bonne nouvelle pour la multipolarité

Correspondance Polémia – 6/03/2012

Image : Le chef de l'église orthodoxe de Russie, votant dimanche lors de l'élection présidentielle, a déclaré qu'il était favorable à la poursuite du développement pacifique du pays, apportant ainsi son soutien à Vladimir Poutine, rapporte le correspondant de RIA Novosti.

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