« Sciences-Po révolutionne son concours d’entrée », titre triomphalement Le Monde : il sera désormais possible d’y entrer sans épreuve écrite et sur simple dossier (sur piston ?) ; et surtout l’épreuve de culture générale sera supprimée. Cette décision s’inscrit dans un mouvement plus vaste : depuis plusieurs années déjà, les écoles de journalisme ont supprimé de leurs examens d’entrée la culture générale ; et celle-ci est en voie de disparition dans les concours administratifs. La raison majeure de cette évolution est double : le désastre de l’éducation nationale d’une part, le caractère jugé « discriminant » de la culture générale qui éliminerait les « pépites » de nos banlieues, d’autre part.
Ce dernier point est particulièrement troublant.
Les médias de l’oligarchie et la classe politique n’ont cessé d’affirmer :
La culture et la langue française rayées de la carte
Que restait-il donc pour définir l’identité française ? La culture et la langue françaises. Voici qu’on raye méthodiquement leur maîtrise de la sélection des élites françaises.
Cela vaut de s’arrêter un instant sur la signification de ce phénomène :
Quelle que soit la raison, le constat est terrible :
Diable ! Que reste-t-il de l’identité française ?
Si l’on comprend la pensée dominante, si l’on comprend bien les dogmes sous-jacents aux bons apôtres de la « discrimination positive », la France ce n’est ni une race, ni une religion, ni une culture, ni une langue, ni une histoire. Longtemps défendue, la conception « subjective » de la nation, issue de Renan, est abandonnée : « Nous sommes ce que vous fûtes ; nous serons ce que vous êtes » est jugée aujourd’hui comme un anachronisme.
Alors, qu’est devenue l’identité française ? La réponse est claire : un espace dénué de sens. Ceux qui sont au pouvoir – dans les médias, dans les grandes entreprises, dans les universités – sont des négateurs de l’identité française, de toute identité française. Une identité française qui, il est vrai, est perçue comme un obstacle à l’empire du grand marché mondial.
Restauration républicaine et/ou communautarisation identitaire ?
Pourtant l’identité française perdure. Elle perdure dans les espoirs politiques d’une restauration nationale et républicaine. Elle perdure aussi – horresco referens – dans la communautarisation de fait d’une partie de la population française qui transmet à ses enfants la culture traditionnelle en marge de l’éducation nationale : à travers des écoles libres ou indépendantes, des manuels alternatifs, des rites anciens, des fêtes enracinées, le scoutisme traditionnel ou la fréquentation des hauts lieux. Bien sûr, ce ne sont encore que des minorités qui se retrouvent ainsi. Mais ce sont des minorités en expansion. Et les élites françaises de demain en seront issues.
Polémia
14/12/2011
Voir :
Qu'est-ce qu'être français ? (édito 11/09)
Identité française : relire Renan !
« Manuel d'Histoire de France » d'Anne de Mézeray.
Les trois écoles de Mona Ozouf
Trop, c'est trop : vers une révolte des Français de souche ?
Image : Sciences PO